Conférence sur le développement des villages à Ait Bouada : Rachid Oulebsir insiste sur les préalables immatériels

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Une conférence-débat, sous le thème « développement dans un village kabyle », a été organisée ce vendredi 02 avril, au village Ait Bouada, relevant de la commune d’iɛeẓẓugen{Azazga}. L’orateur n’est autre que Rachid Oulebsir, diplômé de 3ème cycle en économie politique des universités paris-Nord et Paris 1 Panthéon Sorbonne (France).

Comme amorce au projet visant le développement socio-économique prôné par un ensemble d’investisseurs kabyles, selon M. Laribi Hakim, enfant du village, qui est derrière la tenue de cette rencontre, il a été convenu avec M Oulebsir, dans un premier temps, de procéder à l’exploration, la collecte et la transmission de la mémoire collective villageoise, son histoire et son patrimoine immatériel. Cela vise à faire passer ainsi Ait Bouada de l’oralité à l’écrit. Selon le conférencier, « pour espérer remettre l’économie en marche, il est primordial de retisser la trame de solidarité, ressusciter l’appartenance villageoise et cultiver de la vivacité ».

Retour aux sources…

D’après les deux intervenants, l’édition de la monographie est en phase de montage financier et d’élaboration technique. « Il est d’une importance capitale le fait de recenser tout le patrimoine immatériel dont dispose Ait Bouada, faire connaitre les lieux et les noms, l’histoire et toute la symbolique qui en découle ; les villageois doivent être au même niveau d’information sur leur propre village pour ressusciter en eux la fierté et le sentiment d’appartenance », soutient le chercheur spécialiste de mémoire villageoise en Kabylie.

Et d’enchainer : « Aujourd’hui, la terre nous appelle ! Après tant d’années d’abandon, résultats d’une politique prônée par les pouvoirs successifs ; la révolution agraire a permis aux bras cassés de s’approprier de nos terres. De plus, ils ont provoqué l’exode rural avec leur fausse industrie qui a absorbé notre main d’œuvre et anéantie nos savoir-faire traditionnels qui risquent de disparaitre ; nos terres sont délaissées et restées orphelines ».

Selon M. Oulebsir, à l’image de ses activités de fermier à l’ancienne dans sa région natale, la Haute Vallée de la Soummam, comme solution, « se remettre à travailler nos terres et se pencher sur les activités valorisantes et rentables, qui donnent de la valeur à la personne, est impératif pour s’en sortir, et cela dépend de la valorisation de nos savoir-faire et de notre économie traditionnelle que nous avons et maitrisons depuis des années ».

Pour un développement socio-économique basé sur la science et l’expertise du terrain…

Enfin, l’hôte de l’un des plus grands villages d’At Ghobri, a axé son intervention sur la nécessité de travailler, de prime abord, les cinq piliers indispensables pour espérer le développement des villages kabyles. Dans l’esprit de ses recherches sur la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel amazigh, il a insisté sur : la sauvegarde de la littérature orale, l’apport des arts de spectacle (chanson, théâtre, la danse…), l’importance de marquer les fêtes de calendrier agraire, le rattachement aux croyances anciennes, et enfin, la valorisation du savoir-faire de l’économie traditionnelle.

Quant à M. Laribi, en sa qualité d’investisseur, il estime que sa région mérite un niveau de vie meilleur. Pour cela, il a choisi Ait Bouada pour en faire un village pilote en vue d’engager une dynamique économique basée sur des activités propres à lui et qui s’adaptent au potentiel et aux ressources dont il dispose. « Nous sommes tenus d’agir, sinon on risque la dépopulation et l’exode massif. Notre conférencier, qui nous a fait l’honneur d’être là aujourd’hui, nous a expliqué le trépied sur la base duquel on peut construire notre avenir et celui de nos enfants, à savoir : l’agropastorale, l’agriculture-arboriculture ; l’artisanat et le tourisme culturel ».

Pour conclure, il rappelle que, « ce projet de développement est destiné à toute la Kabylie, il est élaboré suivant une démarche scientifique et savante, il se base sur l’expertise du terrain, qui est essentielle pour voir ce qui peut être cultivé, et par conséquent, rentable et bénéfique pour nous tous. L’implication de spécialistes, chacun dans son domaine respectif est primordiale, à l’image du Dr Oulebsir qui nous a donné les bases et les cinq piliers de notre Kabylité « Tigejda n Teqbaylit » ».