Dans un long texte publié sur sa page Facebook, hier 6 avril, le militant Abdennour Abdesselam a explicité « le concept de fédération de la Kabylie dans une Algérie fédérale ». Dans le cadre des débats sur le statut de la Kabylie, Abdennour Abdesselam se range donc du côté du fédéralisme, bien qu’il précise : « les concepts de Fédéralisme, d’Autonomie, ou de Régionalisation ne sont dans leur ensemble que des synonymes politiques« .
Dès les premières lignes de sa tribune, le fondateur du MAK, qu’il a quitté assez rapidement, a assumé son attachement à l’Algérianité, qu’il définit avec une dépendance réciproque à la Kabylité : « la Kabylie vit une algérianité spécifiquement kabyle et l’Algérie n’est kabyle qu’en Kabylie. Autrement dit ma conscience d’algérien commence à partir de la Kabylie. Je suis donc algérien parce que je suis profondément kabyle et je suis kabyle parce que je suis profondément algérien« , écrit-il.
Ainsi Abdennour Abdesselam semble loin de l’évolution qu’a connu le MAK, qui appelle, lui, à l’indépendance de la Kabylie. Dans une récente allocution filmée du Président de l’Anavad, celui-ci avait même assuré que « ceux qui prônent un autre statut à la Kabylie que celui de l’indépendance son des assimilationnistes« .
Pour Abdennour Abdesselam, la Kabylie, dans son organisation interne, doit également s’organiser en un système fédéral : « Chaque village (Taddart) remplacera l’APC et devenir une entité dotée d’un statut de commune de plein exercice. Le Arch remplacera la Daira et la confédération des Archs (c’est à dire la fédération) remplacera la Wilaya », soutient-il.
Et un pavé dans la mare : ni partis politiques, ni vote…
Le militant de la cause identitaire appelle également à la disparition des partis politiques : « la Kabylie n’est pas organisable sur la base de partis politiques […] Ce modèle est issu de la conception jacobine de l’Etat […] un des arguments majeurs qui confirme l’échec total de la démarche partisane est l’émiettement de la société kabyle par partis politiques interposés: Un gâchis inutile et déstabilisant« .
Le militant estime également que le « vote » n’est pas compatible avec la société Kabyle : « la notion de vote, model inexistant dans nos traditions, doit disparaître et laisser place au génie populaire kabyle qui a fondé le modèle de la délégation de confiance pour tout responsable« . Ces responsables étant « Ṭṭwamen : délégués des familles formant le village, l’Amin : Représentant du village et l’Amin n Lummna : Haut représentant du Arch« .
Toutefois, ce que ne dit pas Abdennour Abdesselam, c’est la démarche à suivre pour convaincre les régions algérienne et le pouvoir dictatorial de la nécessité de mettre en place ce système fédéral : « tu sais très bien qu’en dehors de la Kabylie, aucune région d’Algérie ne pense au fédéralisme ni à une autre forme de décentralisation. Et quand à la Kabylie, elle a dépassé de loin cette revendication qui date de 2000« , a d’ailleurs commenté l’écrivain Larbi Yahioun. « Pouquoi on veut toujours impliquer les autres régions dans nos revendications », se demande quant à lui Ameziane M. « Le fédéralisme nécessite au préalable l’existence des états qui veulent se fédérer« , a rappelé Kader Dahdah, cadre de l’URK.