L’homme politique algérien Noureddine Boukrouh a interpellé les algériens dans une analyse qu’il a intitulé « l’Algérie sans la Kabylie » et qu’il a publié hier 07 avril sur les réseaux sociaux. Les mots sont graves, mais courtois, et appellent clairement les algériens à se positionner face à la question Kabyle.
« La région centrale du pays, la Kabylie, qui n’a pas élu l’actuel président, qui n’a pas approuvé l’actuelle Constitution, et qui ne va pas être représentée dans les prochaines Assemblées va se retrouver en apesanteur, sans orbite, sans amarres avec l’Algérie« , écrit l’enfant de Jijel, avant de marteler : « Si le pouvoir est incapable de comprendre qu’il est en train de détacher en pointillés la Kabylie, qu’il va l’acculer à la sécession à long terme, il faut lui faire un dessin« .
Tout en assurant que « Le « Hirak » a aboli dès le premier jour les clivages ethniques et politiques entre Algériens« , Noureddine Boukrouh estime que « La Kabylie a fait ce qu’elle devait faire » et qu’il appartient aux algériens d’agir désormais : « Je repose ma question de janvier 2016 en la pointant sur la conscience algérienne : « Si toute l’Algérie avait été la Kabylie, combien resterait-il à vivre au pouvoir ? La réponse est entre vos mains, Algériens et Algériennes des autres régions et de tous bords politiques et idéologiques. »
Noureddine Boukrouh insiste : « Ce n’est pas l’attitude du pouvoir envers eux (les kabyles, ndlr) qui les touchera le plus, ils connaissent sa cruauté pour l’avoir déjà subie, et savent de quoi il est capable pour maintenir le pays à sa botte. Ce qui les décevrait, les blesserait, les désespérerait, c’est l’indifférence de leurs compatriotes des autres wilayas, leur lâchage, leur désolidarisation« .
L’auteur de plusieurs livres, sur la réformation de l’islam notamment, et de plusieurs tribunes dans la presse, a annoncé un effondrement économique, qui va davantage fragiliser l’Algérie : « Il ne faut pas regarder les choses avec les yeux de maintenant mais de demain et d’après-demain, des temps de crise socio-économique à venir car l’Algérie va trembler sur ses fondements dans les prochaines années pour cause d’effondrement économique et de cessation de paiement« , prévient-il.
Après cette interpellation, sans ambages, le septuagénaire tente une proposition d’alternative : « Ne serait-il pas plus sage, plus prudent, de reporter ces élections à l’après-dialogue avec le « Hirak » qui permettrait de trouver les voies et moyens de repartir d’un nouveau pied vers une meilleure Algérie, celle pour laquelle sont tombés les chouhadas ?« , suggère-t-il.
Il est à noter que dans toute sa tribune, celui qui était ministre de Bouteflika en plein printemps noir de Kabylie évoque « le risque » de la séparation de la Kabylie de l’Algérie uniquement comme une réaction de déception liée au « Hirak » et aux « zéros votes » enregistrés lors des dernières échéances électorales. Il réduit ainsi cette question majeure d’indépendance, qui suscite le débat en Kabylie depuis plusieurs années et qui compte des centaines de milliers d’adeptes, à un fait éminemment actuel, interne au Hirak, qui peut-être réglé par un simple report des prochains élections. Bref, « trop facile » M. Boukrouh !