La chaîne régionale japonaise BSN Tv a diffusé le 27 janvier dernier une émission, d’environ une heure, consacrée à Alim Azzouz. Un coup de projecteur bien mérité pour ce photographe et réalisateur parti de Tigzirt et plébiscité au Japon.
C’est dans la région de Niigata, que Alim Azzouz, accompagné de mannequins, a eu la mission de sublimer, à travers ses clichés, des endroits tout à fait ordinaires. Bien qu’on ne comprend pas grand chose aux commentaires, on devine l’exaltation des animateurs devant ces paysages transformés.
Dans ce pays réputé pour son esprit d’innovation, son art du détail et de la minutie, l’enfant de Tigzirt a su trouver sa place. Un parcours atypique que nous avons voulu partager avec nos lecteurs.
Premier appareil photo à 12 ans
Alim Azzouz est né à Tigzirt, en 1987. Il s’intéressait aux arts depuis son jeune âge, notamment la musique et la danse. C’est à l’âge de 12 ans qu’il a reçu son premier appareil à photo de marque Canon moyen format. « Une édition spéciale coupe du monde 1998« , nous a-t-il précisé.
Le tigzirtois commence alors à s’initier à la photographie de nature avec les conseils de Lmulud, son voisin photographe. C’est là qu’il s’est découvert une passion pour la photographie. Il partait alors dans les champs et les forêts de Tigzirt avec son mentor à la recherche de beaux papillons et de fleurs pour les photographier.
En 2001, alors qu’il n’avait que 14 ans, il commençait à être sollicité pour couvrir des évènements familiaux, des mariages notamment. C’était surtout pour rendre service, toutefois ça l’amusait bien. Adolescent, Alim se cherchait encore, mais il était conscient de son âme d’artiste. Il a décidé de mettre la photo de côté et d’essayer d’autres disciplines, comme la guitare, le rap, la poésie ou encore la peinture.
Voyages fréquents au Japon avant de s’y installer
A l’âge de 16 ans, le jeune garçon a décidé de prendre l’avion en destination du Japon, où étaient établis ses frères. Une fois les pieds mis au pays du soleil levant, il a vite été séduit par les paysages. Il a donc décidé de s’offrir un compact digital afin d’immortaliser ce qu’il considérait comme des « moments d’évasion ». C’est là qu’il a découvert la nouvelle ère de la photographie, celle du numérique.
A partir de 2003, Alim Azzouz faisait des allers-retours réguliers vers le pays nippon, s’attachant de plus en plus à sa culture. Et c’est en 2009 qu’il a décidé de s’y installer définitivement, à l’âge de 20 ans, et d’y poursuivre son projet d’étude dans le marketing et la communication digitale.
Passage à Paris et premiers succès
Quelques années plus tard, il est parti en France, à Paris afin de finaliser son projet d’étude à l’université Paris 8. Dans la capitale française, l’enfant de Tigzirt était régulièrement sollicité pour des photographies et des films. Il a même été sélectionné par la mairie de Paris pour des expositions. Il a également été récompensé à plusieurs reprises par « Paris jeunes talents ».
Malgré un brillant passage dans l’une des plus belles villes du monde, Alim n’a pas oublié son premier amour. En effet, le Japon l’a vite rappelé et il y est retourné. Il se spécialise alors dans les photos en extérieur, autrement dit le « On location photography », utilisant la technique du strobisme qui s’appuie sur des flashs autonomes.
La maîtrise de ces techniques le différencie des autres photographes japonais. Il est d’ailleurs l’un des rares photographes professionnels étrangers qui ont pu réussir au Japon. Il travaille actuellement non seulement avec les meilleurs modèles de la région mais aussi avec de grandes multinationales, comme Nestlé, Uber, TED, Hankyu et tant d’autres.
Depuis 2017, Alim Azzouz, donne des cours de photo et de vidéo au sein de l’Art College de Kobe dans la province de Hyogo.
Ses œuvres parlent pour lui
La sobriété du personnage contraste avec les clichés sublimes qu’il partage avec le grand public et avec ses futurs clients. A travers ses publications, l’artiste, qui communique en japonais et en anglais, met en avant ses shootings mais également ses réalisations films : des clips, des documentaires tel que celui consacré au séisme de Kobe de 195 ou encore des court-métrages, comme celui-ci.
Alim, qui est le frère du chanteur Rachid Azzouz, est également sensible à sa culture d’origine. En effet, c’est grâce à lui, par exemple, que la célèbre affiche « STAY AT HOME » de l’illustrateur Mathieu Persan a été traduite en Kabyle par ce dernier.