Deux statues ont été érigées au centre d’At Dwala à l’effigie de Matoub Lounes et d’Amar Imache le 19 avril dernier. Deux œuvres monumentales qui ont plu au grand public et qui ont été réalisées par l’artiste Kenza Abbas épouse Beldjoudi en un temps record.
Lors de la cérémonie d’inauguration, plusieurs dizaines de milliers de personnes étaient présentes. L’assistance a découvert le travail remarquable d’une sculpteuse déterminée et talentueuse. « La plupart ont beaucoup apprécié les œuvres, surtout Malika Matoub, elle était très contente mais après tout il est possible qu’elle ne plaise pas à tout le monde, chacun juge comme il le sent », nous a-t-elle confié, humblement.
Et d’ajouter : « certains, me voyant jeune, redoutaient un peu le résultat. J’ai donc ressenti un peu de pression au début, mais une délégation composée de l’APC d’At Dwala, de la fondation Matoub et de la famille Imache me rendait visite pour voir l’avancée des travaux. Je crois qu’ils se sont vite rendus compte de la qualité des œuvres ».
C’est un véritable défi qu’a réalisé la fille de Tala Bouzrou (Makouda). En effet, l’APC lui a donné un délai de 70 jours seulement pour achever les deux statues. « Je suis assez rapide dans mon travail. Je sais bien que la plupart des artistes aiment prendre du temps afin de revoir leur œuvre à tête reposée, mais moi, lorsque j’entame quelque chose, je dois m’y consacrer pleinement pour l’achever », nous a confié l’artiste quant à sa façon de travailler.
Il s’agit, en effet, de statues de trois mètres environs. Leur hauteur n’est pas exactement la même étant donné que la sculpteuse a utilisé une échelle en fonction de la taille des deux personnages. « On m’a commandé des statues de 2 mètres 50 maximum, mais je me suis dit que des personnalités aussi importantes méritaient bien plus, j’ai donc opté pour des œuvres de 3 mètres », nous a informé l’artiste.
Pour leur réalisation, Kenza Beldjoudi a utilisé une armature en fer qui a été couverte d’argile. « Le fer c’est comme les os et l’argile comme la chaire » décrit-elle. Dès que l’argile a été modelé, la jeune femme a procédé au moulage, à l’aide de son mari, Abderahim, qui est également un artiste ébéniste originaire d’Akbou, et d’un jeune diplômé de l’école des beaux-arts d’Azazga.
Le parcours de Kenza Abbas-Beldjoudi
C’est en 2003 que l’histoire de Kenza avec la sculpture a commencé, alors qu’elle a intégré l’école des beaux-arts à Alger avant d’opter pour celle d’Azazga. « L’école des beaux-arts d’Azazga était bien mieux. Il y avait beaucoup plus de pratique, contrairement à celle d’Alger qui était beaucoup plus axée sur la théorie. Je ne dis pas que la théorie n’est pas importante, mais moi je préfère être dans la pratique », nous a-t-elle expliqué.
Une fois diplômée en 2007, l’artiste a eu une première expérience dans l’enseignement, au collège (CEM) mais elle a arrêté au bout d’une année : « Ce n’était pas fait pour moi, je préfère de loin me consacrer à mes œuvres et vivre pleinement ma passion », nous a-t-elle déclaré.
En 2011, la sculpteuse a décidé d’opter pour un cadre plus professionnel. Elle a donc contracté un crédit dans le cadre de l’ANSEJ et a créé sa petite entreprise. Elle a réalisé plusieurs œuvres, dont une statue d’Ait Ahmed à Souama qui n’a pas encore été inaugurée, une autre à l’effigie de Fernan Hanafi à Larbaâ Nath Irathen, des statues d’animaux pour des parcs, etc. C’est également elle qui a réalisé le bas-relief à l’effigie de Nna Aldjia.
L’artiste dispose d’un atelier au niveau de Boukhalfa où elle travaille avec son mari avec qui elle est mariée depuis 2012 et a eu deux enfants aux âmes d’artistes : « Mon fils de huit ans s’intéresse beaucoup à l’art. A son âge, il fait déjà des merveilles » nous dira-t-elle avec beaucoup de fierté.
En fin 2020, l’artiste pleine de ressources s’est lancée dans une nouvelle aventure. En effet, elle a ouvert son école d’arts « Belarts » qui accueille déjà une vingtaine de stagiaires âgés de 06 à 60 ans. Elle propose différentes spécialités comme la sculpture, le design aménagement et la peinture. « Tous les stagiaires ont des cours obligatoires de dessin durant une période allant de trois à six mois », nous a-t-elle expliqué. Il s’agit probablement de la première école privée qui enseigne les arts à Tizi Wezzu.