Une constante, depuis l’existence du divertissement algérien et plus précisément du cinéma, est la relégation des kabyles aux rôles secondaires et personnages plats. Presque aucun film algérien arabe n’a eu comme personnage principal un kabyle et cela depuis l’indépendance.
Les kabyles sont représentés de manière stéréotypée. Leurs personnages se résument à des fous ou des clowns au service des personnages principaux. Ces représentations (comme Dda Mezian, Dda Mokran, Lalla Hdjila …) rassemblent une grande audience d’Algériens. Celles-ci font carton sur les réseaux sociaux et les médias privés n’hésitent pas à en prendre avantage.
Un attribut de ces personnages est leur accent arabe « cassé » : le zdi moh est pour les algériens la langue par défaut des kabyles. Cet accent amuse la galerie et renvoie une image d’infériorité linguistique des kabyles. Le second point concerne le caractère agressif des Kabyles. Les Kabyles, pour les Algériens, sont un peuple belliqueux et anarchique. Cette image est entretenue par les médias d’état qui, depuis l’indépendance, ont brandi la bannière du « danger kabyle » sur l’unité nationale. Un dernier élément parmi d’autres à citer est la représentation de la dance kabyle comme une dance folklorique et barbare. Pour conclure, tout comme la communauté Afro-Américaine fut représenté uniquement par des personnages de second plan (criminels, boniches, drogués …) avant la révolution des droits civiques, le Kabyle est représenté de manière raciste dans le cinéma algérien.
L’anti-kabylisme est une partie intégrante de la culture algérienne depuis l’indépendance. Ceci dans l’indifférence totale de l’état et même avec sa bénédiction. Un Algérien apprend dès sa plus jeune enfance qu’un kabyle est un Qbayli bounou bounou. Contribuant ainsi à la hausse de la haine envers les kabyles partout en Algérie et au « Maghreb ». Plus grave encore, cela sert de catalyseur au sentiment d’infériorité des kabyles. L’une des conséquences de ce sentiment est l’immigration en masse, la haine et le désintérêt qu’on a pour notre terre.
La langue kabyle est aussi touchée par cette représentation. Les algériens qui affirment que le kabyle est un « dialecte » berbère ou qu’elle n’en vaut pas la peine d’être la langue standard d’enseignement en Kabylie, puisque elle n’est pas une langue complète, sont le pur produit de cette politique cinématographique.
Ḥakim Dif