L’AFP et quelques médias français ont relayé l’information (communiqué du ministère de la défense algérien) sur un supposé démantèlement d’une cellule terroriste issue du mouvement très implanté en Kabylie, le Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie. Ce mouvement qui existe depuis 2 décennies maintenant a toujours prôné le pacifisme dans ses actions. Jamais, depuis sa création, le MAK n’a mené une action autre que pacifique. Je ne suis pas adhérent au MAK, mais les graves attaques commises par ces journaux dits professionnels vont sur le chemin de l’embrasement qui, parait-il, est voulu par le régime algérien.
Et une fois de plus, c’est la Kabylie qu’on vise. Quand les droits de la personne sont bafoués en Kabylie, ces mêmes journaux n’en soufflent mot. Il est à noter que ces attaques viennent d’une manière synchronisée. Soit : un certain Bensedira, de Londres, appelle à gazer les militants kabylistes; Tabou, en bonne connivence avec les extrémistes de Rachad (réincarnation moderne du FIS) compare le GIA au MAK; et, maintenant, c’est le ministère algérien de la défense qui accuse le MAK d’être un mouvement terroriste. Disons-le ainsi ! En faisant ça, ce même régime sait qu’il aura une oreille favorable auprès des médias.
Chose qui surprend : on démantèle une « cellule terroriste » sans présenter et médiatiser les membres de cette cellule ? On sait que le régime algérien est friand d’images et là, il n’a même pas osé la manipulation à travers ses relais médiatiques immédiats nationaux. Un communiqué !
De tous ceux qui connaissent le président du MAK, Ferhat Mhenni, connaissent son crédo et ses maîtres spirituels : Gandhi et Luther King.
Nous, Kabyles, savons très bien qui terrorise la Kabylie. Nous savons que le terrorisme de l’état algérien avait été mis en action depuis belles lurettes. Et la Kabylie, dans ses aspirations démocratiques, laïques, modernistes, n’a été que freinée au prix de sang et de sueur de ses propres enfants. Ces médias qui, très souvent, versent dans l’indifférence quand des milliers de militants kabyles manifestent à Paris.
En publiant de telles manipulations, l’AFP et ces médias français ne réalisent-ils pas la gravité de leur erreur ? La limite du raisonnable et de la déontologie est franchie ! Ces médias n’ont aucune preuve ni la possibilité de vérifier la source de cette information. Comment est-ce qu’ils osent relayer une information publiée par un régime qui interdit aux médias internationaux d’être présents en Algérie ? Comment est-ce qu’ils versent si facilement dans la propagande d’un régime qui à un agenda tracé. Par ailleurs, on sait que le régime algérien ne lésine pas quand il s’agit de payer des journaux, français surtout, pour redorer son blason. Souvenons-nous de l’affaire du Monde qui, en échange d’un pactole, ses journalistes avaient taillé un portrait digne d’un prophète à Bouteflika. Ces médias connus pour leurs investigations et enquêtes très méticuleuses, n’ont pas le droit à une telle légèreté à conséquences qui pourraient être fâcheuses. Le danger de relayer cette information bidon par l’AFP, que les médias internationaux reprennent massivement, est que la Kabylie ait la fausse image d’un territoire dangereux où des terroristes pullulent. Ceci nuira beaucoup à la Kabylie et aux combats pacifiques et démocratiques.
L’heure est grave et les limites sont en train d’être franchies. Les enfants de la Kabylie n’accepteront pas d’être ici : les moutons du sacrifice, et ailleurs : les dindons de la farce !
Noufel B.
Auteur et journaliste