40e anniversaire des évènements du 19 mai 1981 : des évènements majeurs encore méconnus

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Cela fait 40 ans, jour pour jour, que ce qu’on pourrait qualifier de Printemps berbère bis s’est déclenché à l’Est de la Kabylie. Un événement d’une grande importance qui s’inscrit dans la continuité des événements qui ont été déclenchés une année auparavant à Tizi Wezzu {Tizi Ouzou}.

Une manifestation historique a été organisée le 19 mai 1981 par la coordination des lycéens et les représentants syndicalistes de la wilaya de Vgayet suite à la tentative de détournement du projet de l’université vers Jijel. Un événement organisé dans le plus grand secret dans une baraque à Sidi Abdelkader selon le témoignage de Zoubir Terki, l’un des détenus et acteurs du mouvement.

Selon la même source, après de longues journées de préparation et une campagne d’affiche et d’information, les lycéens ont envahi la rue à la date convenue. Ils étaient assistés par les travailleurs de l’Ecotex, JUT, Ecotrab et de Sonitex. Face à une foule immense et déterminée, les forces de l’ordre algériennes, mobilisées sur les lieux, n’ont pas eu d’autre choix que de prendre la fuite.

De Kherrata, jusqu’à Akbou et Sidi Aïch, l’ensemble des communes de l’Est de la Kabylie se sont joints à cette grandiose marche, sillonnant les rues de la ville de Vgayet. Arrivés à Lexmis, les manifestants pacifiques étaient confrontés à plusieurs dizaines de gendarmes dont les armes étaient braquées contre eux selon le témoignage de Zoubir Terki. Face au courage et à la détermination des manifestants qui, main dans la main et scandant des slogans anti-pouvoir, ont contraint la gendarmerie à regagner la caserne.

En fin d’après-midi, des renforts de la gendarmerie et de militaires ont envahi Vgayet et ont procédé à une répression violente et à l’arrestation de plusieurs militants. Au total, plus de 600 interpellations ont été enregistrées dont celle du détenu Zoubir Terki.  

Plusieurs jeunes arrêtés seront par la suite condamnés à des peines allant de 6 mois à 4 ans de prison ferme. « Le vingt-huit octobre, nous avions crié notre liberté et notre Amazighité dans les fourgons de la police, le long du trajet, de la prison au palais de la justice et nous avions chanté ‘’Vedagh di tizi n wass-a’’ en pleine cour et devant les juges. Il y avait une mobilisation inouïe qui nous portait soutien et qui clamait notre libération » a témoigne Zoubir Terki.

Les détenus ont, par la suite, subi la répression judiciaire et la terreur des centres pénitenciers algériens avant d’être libérés en juin 1982.

Liste des détenus :

30 individus ont été arrêtés lors de la marche et ont fait l’objet de lourdes condamnations allant jusqu’à quatre années de prison. Parmi eux, 17 lycéens :

  • Abdelaziz Merabet (lycéen),
  • Mouloud laichouchene (lycéen).
  • Ali Gharbi (enseignant),
  • Abdelkader Guidjou (enseignant),
  • Ali Dai (enseignant),
  • Salah Moussouni (enseignant),
  • Tayeb Chebi (enseignant),
  • Mohamed-Ourabah Nait Heddad (enseignant).
  • Kamel Merdes (fonctionnaire),
  • Khelil Aizel (fonctionnaire),
  • Moussa Talbi (ouvrier),
  • Mouloud Belal (ouvrier).
  • Hamid Lakhdari (employé).
  • Moussa Cheurfa (agent technique).
  • Mohand Cherif Bellache (lycéen),
  • Boukhalfa Bellache (lycéen),
  • Mohandd Larbi Boutrid (lycéen),
  • Salah Taybi (lycéen),
  • Azzedine Madaoui (lycéen),
  • Zaher Chibane (lycéen),
  • Djamel Menguelati (lycéen),
  • Zaher Aouchiche (lycéen),
  • Med Salah Messalti (lycéen),
  • Mokrane Agoune (lycéen),
  • Zoubir Tarki (lycéen),
  • Med Said Belalouache (lycéen),
  • Abdenacer Yanat (lycéen),
  • Ali Benamsili (lycéen),
  • Mustapha Brahiti (lycéen),
  • Farid Zadi (lycéen),
  • Med Akli Benalaoua (lycéen).

En plus des détenus cités qui ont été arrêtés le jour de la marche, plusieurs autres militants ont été interpellés à Akbou. Il s’agit de :

  • Abdennour Benyahia,
  • Abdennour Meldiloufi,
  • Abdelmalek Halfaoui,
  • Abderrahmane Nasroune,
  • Youcef Chilha,
  • Hider Chikhoune,
  • Zoubir Berkani,
  • Amar Idri.
  • Amar Boukedami,
  • Smail Ait Meddour,
  • Belkacem Souagui,
  • Zoubir Chekkar,
  • Mebrouk Hamidouche,
  • Abdesslam Tiar,
  • Smail Maamri,
  • Mokrane Baaziz,

Les détenus arrêtés à Bejaia lors du premier procès :

  • Tari Aziz (étudiant)
  • Zenati Djamel (étudiant)
  • Lamari Dris Gérard (étudiant)