Le président de l’Anavad, Ferhat Mehenni, a saisi l’ONU, à travers son secrétaire général António Guterres, auquel il a adressé une lettre, rendue publique ce lundi 24 mai, afin de faire part de « la forfaiture de classer le MAK comme une organisation terroriste ».
En effet, le leader du mouvement indépendantiste estime qu’il est étrange que des organisations islamistes et terroristes tel que le GIA, le GSPC ou encore l’AQMI, qu’il considère comme « agissant pour le compte de l’Algérie », ne soient pas considérées comme « terroristes ». Contrairement au « MAK qui revendique pacifiquement un droit politique, le droit légitime du peuple kabyle à l’autodétermination ».
« Le terrorisme se caractérise par l’usage de la violence indiscriminée contre des populations pour atteindre des objectifs idéologiques ou politiques » a-t-il insisté avant de marteler : « Ce n’est nullement notre cas. »
Le président de l’Anavad met, une nouvelle fois, au défi le régime algérien d’apporter des preuves justifiant la classification du MAK. « La recette selon laquelle ‘’pour tuer son chien, il faut l’accuser de rage ‘’ ne passera pas ! » a-t-il avertit. Et d’ajouter : « Nous déclarons solennellement devant toute l’humanité n’avoir jamais projeté, à un quelconque moment de notre existence en tant que MAK, d’user de violence physique ou morale ».
Ferhat Mehenni a fait part des inquiétudes du MAK quant au fait que d’éventuels attentats terroristes ne soient commis par les autorités algériennes pour les occulter au mouvement indépendantiste afin de le diaboliser et de justifier la répression.
Par ailleurs, le président du Gouvernement provisoire Kabyle a tenté une lecture de cet acte grave de l’Algérie officielle vis à vis de ce mouvement populaire en Kabylie, en estimant que cela a deux objectifs. Celui de « terroriser la Kabylie pour la faire participer aux législatives du 12 juin qu’elle a décidé de boycotter » et de « transférer le traitement de la question kabyle aux militaires algériens ». Il assure, par ailleurs, que l’autodétermination ne relève pas du domaine militaire mais du domaine politique et qu’en aucun cas son mouvement ne passera à la clandestinité ou à la violence armée : « Pour assumer nos responsabilités, nous avons demandé à nos cadres et partisans de ne jamais verser dans la clandestinité et d’assumer en femmes et en hommes de paix nos choix politiques et pacifiques, et ce, quelle que puisse être la férocité de la répression. », a-t-il porté à la connaissance du secrétaire général de l’ONU, António Guterres
A travers sa lettre, le leader souverainiste a également rappelé les différents événements ayant marqué la Kabylie et la scène politique algérienne, notamment depuis la tenue de la rencontre actant le projet « Zéro Kabyle », en 2019 à Mostaganem. A cet effet, il demande de l’ONU, une « intervention contre un crime contre l’humanité que le pouvoir algérien semble vouloir perpétrer incessamment contre le paisible peuple kabyle ».
Pour conclure Ferhat Mehenni a demandé de « soumettre à la Commission des Droits Humains de l’ONU l’étude des faits pour déterminer qui du MAK ou du pouvoir algérien devrait être mis au ban de la communauté internationale. »
A noter que ce courrier a également été adressé à l’Union Européenne, au Congrès américain, à l’Union Africaine, à plusieurs chefs d’Etat ainsi qu’aux organisations internationales de défense des droits humains. Il a été envoyé avant les événements graves de ce lundi à Akbou où des militants du MAK ont été accusés par la justice algérienne d’attroupement armé, entre autres chefs d’inculpation. Le président de l’Anavad leur consacrera une allocution ce soir à 20H.