Disons-le tout de suite, la mélodie de la nouvelle chanson de Takfarinas, sortie hier 29 mai, est belle et entrainante. Un hymne sur un rythme militaire, une voix et des mots puissants qui vont assurément donner la chair de poule aux Kabyles algérianistes.
Mais il y a un mais : aussi bien dans les images que dans les paroles, on ne retrouve que des références globales à toute l’Afrique du Nord, Tamazgha, notamment antique mais dans le refrain c’est bien « la mère Algérie », créée il y a 182 ans par l’administration militaire française, qui a été honorée.
En effet, Takfarinas commence par faire référence à des personnages qui ont marqué l’histoire plusieurs siècles avant l’existence de l’Algérie, à savoir des rois et des chefs militaires amzighs de l’antiquité ainsi que Chachnaq et Tarik Ibn Ziad. Et ce, avant de marteler dans le dernier couplet : « C’est écrit dans l’Histoire, elle ne se partage pas, elle ne se divise pas, elle ne se vend pas, on n’en abandonnera aucun morceau de … Tamazgha » (et non pas de l’Algérie).
A se demander si le champion de la Yal musique ne confond pas Algérie et Afrique du Nord (Tamazgha). A moins s’il a estimé, que les références propres à l’Algérie n’allaient pas faire l’unanimité : Amir Abd Elkader, la guerre franco-kabyle de 1871, la naissance du mouvement national, la guerre de décolonisation de l’Algérie, la guerre algéro-kabyle de 1963, …
Ce qui est sûr c’est qu’avec ce nouveau single, Takfarinas vient laver toute ambiguïté quant à son attachement à l’Algérie. Il a même exprimé son bonheur d’avoir vu « l’Algérie retrouver ses origines (amazighes, ndlr)« . Une vue de l’esprit quand on sait l’actualité d’une Algérie officielle qui enchaine les agressions vis-à-vis de la Kabylie.
A rappeler enfin qu’après la sortie du clip au million de vues « La Kabylie », ce dernier a été interdit de passage dans les radios et médias officiels algériens, parce qu’il a mis en avant la combativité de tamurt n yeqvayliyen et de ses enfants. Beaucoup ont soupçonné alors une sensibilité aux idées indépendantistes. Avec « Yemma lzayer-iw », l’enfant terrible de la chanson kabyle vient d’apporter une réponse.