Kabylie : l’indispensable mise à jour de l’échelle des priorités (Par Allas Di Tlelli)

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On ne le dira jamais assez, l’État algérien et son régime jouent avec le feu ; la mainmise sur la rente et sur le pouvoir semble être à ce prix… Je l’avais dit dans une conférence en 2019 : si chute du régime en place il y aura, celui-ci entraînera avec lui tout le monde. Sans exception. C’est dans la nature même des régimes despotiques. Si cette attitude ne relevait que de l’irresponsabilité ou de l’inconscience, des circonstances atténuantes auraient été trouvées, mais là, nous sommes face à une attitude volontairement jusqu’au-boutiste dans sa logique répressive, haineuse et criminelle. La campagne de diabolisation du MAK sur fond de rafles dans ses rangs, n’est qu’une étape dans l’entreprise de l’antikabylisme inhérent à l’idéologie arabo-islamiste qui est, quoi que l’on dise, le fondement de l’État algérien et le ciment de sa société. Le pouvoir va jouer cette carte jusqu’au bout. Il faut donc s’attendre à une escalade dans cette persécution raciste dont l’évolution reste totalement imprévisible.

De ce fait, il est grand temps de mettre en sourdine les polémiques infécondes que provoquent régulièrement les aigris de tout bord qui, pour entretenir l’illusion d’exister encore, font feu de tout bois, contribuant ainsi à polluer le débat pour détourner l’opinion des questions cruciales qui interpellent la Kabylie, notamment depuis avril dernier. Pourtant, si on se mettait à dérouler la litanie des « échecs recommencés » et des viols commis sur l’éthique, la mémoire et l’honnêteté par ces incorrigibles égocentriques et ces vieux carriéristes erratiques, on n’en finira jamais.

La Kabylie doit impérativement prendre conscience du caractère inédit et périlleux de la conjoncture actuelle pour cesser d’investir les combats d’arrière-garde et de prendre part aux chamailleries de bas étage que peuvent susciter des recueils d’anecdotes et autres colporteurs de mauvais aloi et de mauvais augure. Ce n’est qu’en se hissant à ce niveau de conscience que la Kabylie sera à même de redéfinir ses priorités et se mobiliser solidairement, pacifiquement et d’une manière pérenne afin de se doter légitimement de sa propre immunité. Présentement, l’urgence c’est la libération de ses prisonniers politiques et la protection de ses innombrables militants qui subissent l’harcèlement policier et judiciaire, c’est enfin, la nécessité de décréter le plus haut niveau de vigilance pour éviter l’erreur escomptée par Alger. Tout cela passera nécessairement par le nouveau « zéro vote kabyle » qui s’annonce, troisième du genre depuis décembre 2019.

Allas Di Tlelli, Écrivain

10/06/2021