Excommunication de Omar Ait Mokhtar : réactions partagées !

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Après l’annonce de l’excommunication de Omar Ait Mokhtar par son village Imzizou ce mardi 15 juin, plusieurs personnalités ont réagi suite à cette décision, d’aucuns plaident pour, d’autres la rejettent, alors que d’autres sont dans l’argumentaire.

Bien que sur les réseaux sociaux, la décision a été grandement saluée par la plupart des internautes, toutefois, à travers leurs réactions, certains acteurs rejettent en effet cette décision. C’est le cas notamment du journaliste Amar Inegrachene qui estime que « L’excommunication est une pratique archaïque et emblématique à la fois de la banalisation de la violence dans la société kabyle et du rejet de l’individu par cette dernière ». Le journaliste considère que « ce qui vient de se passer dans le village Imzizu à Freha à l’encontre de Omar Ait Mokhtar est un scandale qui rappelle que la Kabylie, comme beaucoup d’autres régions du pays, est prise en otage par la loi des ancêtres qui n’a rien à envier, en matière de violence, au dogme mahométan ».

« En kabylie, Thadjmaath ne rigole pas, elle détient un vrai pouvoir et en toute transparence et démocratie : toutes les grandes décisions sont soumises au vote de et doivent avoir le quorum. Cette décision a été placardée dans toute la région » a écrit le réalisateur Bachir Derais. Et d’ajouter ironiquement : « Le pauvre ne peut même pas prendre un café dans ce coin ».

« Oui, les ancêtres peuvent toujours redoubler de férocité » a assuré l’écrivain Amar Mezad. Et de poursuivre en réponse à ceux qui parlent d’archaïsme : « D’apparence archaïque, oui, mais d’apparence seulement ! Dure ? Oui ! mais il est bon de savoir que, toutes ces décennies écoulées, elle n’a fait que sommeiller et qu’elle peut être réanimée des tréfonds … exceptionnellement, la Justice ancestrale, tribale, ce n’est pas de la rigolade ».

L’écrivain a précisé que cette sanction est réversible « mais le sanctionné devra payer très cher pour la faire lever, pour se racheter. C’est cette réversibilité qui fait son humanité et sa ‘’ modernité spéciale’’. Le condamné sera gracié, aura droit au pardon, à condition qu’il le demande », conclut-il.

L’activiste Salim Chait a quant à lui répondu aux deux poids deux mesures dans les réactions du camps démocratique Kabyle : « Beaucoup de démocrates de la vingt-cinquième heure se sont offusqués de l’excommunication de Omar Ait Mokhtar par l’assemblée de son village. Ces derniers n’ont pas soufflé un traître mot sur les milliers de militants de MAK pour qui le pouvoir réserve le statut de terroristes. Des apatrides dans le pays de leurs ancêtres qui sont privés de tous les droits. Une excommunication plus grave encore que celle prononcée contre Omar Ait Mokhtar ».

Et de poursuivre : « Contrairement au régime algérien qui est illégitime, impopulaire et non souverain, l’assemblée du village, quant à elle, est souveraine dans son fonctionnement et dans ses décisions. Vouloir interférer dans les décisions prises par celle-ci, relève de la dictature. La démocratie dans l’absolu est une chimère ».

Le journaliste Arezki Ait Larbi semble partager le même avis : « Et sinon, que pensent les gardiens du temple démocratique des condamnations qui pleuvent sur les militants pacifiques du MAK ? » s’interroge-t-il.

« Certains ont exprimé leur indignation devant son bannissement par l’assemblée de son village alors que je doute que lui-même en soit affecté, vue la considération qu’il manifeste à nos valeurs anciennes » a suggéré Hend Sadi. Et d’exprimer son soutien au citoyen visé par le dépôt de plainte de Omar Ait Mokhtar  : « on semble faire peu de cas de ce que sa dénonciation du citoyen qu’il accuse d’être à l’origine de la fermeture du centre de vote risque d’envoyer ce villageois en prison pour vingt ans ».

Pour rappel, Omar Ait Mokhtar, candidat du FNA à Tizi Wezzu lors des législatives algériennes a été banni de son village après avoir déposé plainte contre un citoyen pour avoir procédé à la fermeture du centre de vote d’Imzizou.