Dans une interview accordée 12 juin dernier à Radio France international (RFI), Ammar Belhimer, porte-parole du gouvernement algérien et ministre de la communication, a accusé le MAK, qu’il considère comme organisation terroriste, d’avoir investi le Hirak.
Selon le ministre, « le Hirak a terminé sa mission avec les élections présidentielles (de 2019) ». Il considère que toutes les manifestations qui ont suivi lesdites élections comme un « néo-Hirak ». « Une excroissance du Hirak initial qui est complétement investi par les mouvements terroristes » a-t-il confié à RFI. Et de préciser : « Soyons clairs, Rachad, d’une part, et avec l’association des mouvements séparatistes qui est le MAK [Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie, NDLR] ».
Ainsi donc c’est l’ensemble des institutions algériennes qui travaillent à relayer la propagande anti-Kabyle à l’international, faisant passer le MAK pour un mouvement terroriste. Sans parler de l’affirmation totalement délirante qui consiste à faire du MAK un mouvement ayant investi le Hirak. En effet, le leader indépendantiste Ferhat Mehenni a, à maintes reprises, déclaré que son mouvement n’a pas pris et n’allait pas prendre part au Hirak, au vu de la divergence de leurs projets et de leur vision. Si le Hirak cherche à faire chuter le système actuel afin d’instaurer un Etat de droit, les revendications du MAK, quant à lui, sont centrées sur la Kabylie, dont il réclame l’indépendance au nom des droits des peuples à l’autodétermination.
« Le Haut conseil de sécurité a classé ces deux mouvements comme étant terroristes. Ils n’ont plus le droit de manifester à quelque titre que ce soit. Depuis cette décision, il n’y a plus de manifestations et le néo-Hirak est condamné à disparaître à ce titre » a déclaré Ammar Belhimer à RFI, en essayant de camoufler le fait qu’en Kabylie, le Hirak est toujours actif et continue de drainer des milliers de personnes chaque vendredi.
Par ailleurs, la répression sous toutes ses formes, à égard des militants pacifiques du MAK s’est accentuée depuis la classification du mouvement comme « terroriste ». Certains d’entre eux ont même même à répondre au chef d’inculpation de « adhésion à un mouvement terroriste ». Une accusation que l’on voit apparaître sur les dossiers de détenus kabyles depuis l’ordonnance présidentielle de Abdelmadjid Tebboune élargissant la définition du « terrorisme » dans le code pénal algérien.