Comparons la reddition de l’Emir Abdelkader avec le procès de Boumezrag frère d’El Moqrani (Par Ahmed Ait Bachir)

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Comparons la reddition de l’Emir Abdelkader avec le procès de Boumezrag frère d’El Moqrani, de Cheikh Aheddad et de ses enfants Aziz et Mhand.

Nous sommes le 10 mars 1873, la Kabylie est vaincue, les principaux responsables de l’insurrection sont arrêtés et emprisonnés à Constantine. Boumezrag comparut devant la Cour de Constantine en compagnie de Chiekh Aheddad et des ses enfants Aziz et Mhand.

Après de longs débats, et la plaidoirie magistrale d’un député, venu de France, maître Grévy, frère du futur président de la République, Boumezrag fût condamné à la peine de mort sur la place de Bordj Bou Arréridj.

Pourtant, maître Grévy avait déployé une exceptionnelle énergie à convaincre le juge. Il s’y prit avec une telle habileté qu’il fit une comparaison émouvante avec Jugurtha.

« Lorsque Jugurtha fut vaincu, ses vainqueurs le chargèrent de chaînes et le conduisirent à Rome ; là, ils le jetèrent dans la Caglianum où il mourut de faim après six jours d’horribles souffrances. Vingt siècles plus tard, les Français, eux aussi, s’emparaient du Nord de l’Afrique, Abdelkader, battu, se rendit à la France qui, loin d’imiter la barbarie de Rome, faisait à son vaincu une position digne d’elle et de lui.

Je réclame, messieurs, l’acquittement pur et simple. Je le réclame au nom des principes de liberté, de tolérance et de générosité.

Vous êtes souverains, messieurs les jurés, votre verdict sera sans appels, il doit être un acte de justice. Faites que, de retour à l’Assemblée Nationale, je puisse dire à mes collègues que j’ai trouvé sur la terre algérienne un peuple juste ; que l’Algérie apaisée ne veut de l’arbitraire sous quelque forme qu’il se présente et qu’elle se relève sous une administration nouvelle ; que je puisse leur dire, enfin, que l’Algérie est et sera toujours digne de la liberté ».

Quand on demanda à Boumezrag s’il voulait faire appel, il refusa. En descendant du box, il jeta un regard serein sur l’assistance et tandis que des femmes l’observaient avec admiration, il s’écriera : « Peu m’importe de mourir plus tôt que plus tard, puisqu’il faut mourir ». Sa peine fut commuée en déportation ; il prit le bateau vers la Nouvelle Calédonie avec Aziz,Mhand et 569 autres algériens …

Ahmed Ait Bachir

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