Réactions à l’emprisonnement de cadres politiques Kabyles : « l’heure est grave »

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Au moins six militants politiques kabyles ont été placés sous mandat de dépôt en la seule journée du 27 juin. Face à cette répression judiciaire, plusieurs figures politiques ont réagi en apportant leur solidarité aux désormais victimes de l’antikabylisme algérien.

Le sort de Nordine Ait Hamouda, Hamou Boumedine, Bouaziz Ait Chebib, Hocine Azem, Boussad Becha et Belaid Amar Khodja suscite de fortes inquiétudes, tout comme celui des dizaines de militants indépendantistes qui se trouvent actuellement dans les prisons algériennes.

« Les contradictions se règlent par le débat démocratique. Tout projet politique est légitime dès lors qu’il s’exprime pacifiquement » a déclaré le journaliste et militant Arezki Ait Larbi. Et de poursuivre : « Cette escalade grosse de risques appelle à une extrême vigilance, pour déjouer les provocations criminelles qui poussent au désespoir, à la haine et à l’affrontement. L’urgence est à la solidarité fraternelle avec les détenus et leurs familles ; elle doit s’exprimer avec lucidité et détermination ».

« Faut-il se résigner en attendant le prochain ? » s’interroge le militant et ancien cadre du RCD, Hend Sadi. Et de constater : « Toutes ces arrestations sont vaines.  Car aucune d’elle ne fera changer d’avis à l’incarcéré. Tout comme sont vaines nos protestations. Car elles, aussi, restent sans effet sur le pouvoir ». « Vous avez commis une faute que rien ne peut justifier. Vous avez failli » a-t-il martelé. Et de poursuivre : « Mais, est-il déraisonnable de croire que vous êtes encore capable d’un sursaut d’honneur et que vous pouvez démissionner ? ».

L’écrivain Amar Mezdad constate que « la régression enclenchée ne semble pas avoir de limites ». « En Absurdistan, tout porte à croire qu’ils sont en train de   remettre les compteurs à zéro pour un nouveau cycle de 30 ans. Nous voilà replongés dans une autre redoutable et angoissante période de chasse aux sorcières » a-t-il déclaré.

L’écrivain Farid Medghacen s’est, quant à lui, alarmé : « L’heure est grave, la pensée politique est interdite. Le pouvoir mafieux et illégitime emprisonne nos valeureux militants ! ». Et de poursuivre : « Ma totale solidarité avec nos frères militants qui se battent pacifiquement pour un projet politique pour la Kabylie ».

« Plus qu’intolérable. Il s’agit d’une provocation majeure et scandaleuse et cela renseigne sur les intentions réelles quant à sa décision d’aller vers l’asservissement de Kabylie » a alerté le journaliste et militant Kader Sadji.

« Apportons-leur notre solidarité agissante et faisons en sorte de leur communiquer par les différents canaux possibles » a réagi l’universitaire et militant Said Domane. Et d’ajouter : « Selon les dernières informations les chefs d’inculpation sur lesquels ils seraient poursuivis (actes terroristes et atteinte à l’unité nationale ?) sont d’une stupidité ahurissante.  Aucune nation prospère ne s’est construite sur l’injustice, la répression et l’inculture. Le machiavélisme n’est pas une politique. L’Etat algérien s’enfonce dans l’opprobre ».

« De bon matin mes pensées vont aux familles des détenus d’opinions, leurs femmes et enfants, leurs parents frères et sœurs » a réagi Ahmed Ait Bachir. Dans un précédent poste, il a raconté une anecdote qui prend tout son sens aujourd’hui. « Quand ils ont commencé à bombarder le village Tala, dans le film l’Opium et le bâton, Tayeb le harki s’est adressé au capitaine : -Et ma maison mon capitaine ? -Toi aussi tu es de Tala! ».

« Derrière les murs de vos prisons, la liberté que ne cesse de réclamer ces militants hantera à vie les exécutants d’une justice aux ordres. Et de l’injustice semée, le pouvoir ne moissonnera que le malheur qui finira par l’emporter » a lancé Atmane Mazouz. Et de poursuivre en évoquant le cas de Nordine Ait Hamouda : « On emprisonne pour une opinion sur la révolution de son pays, alors que les manuels d’histoire sont truffés de mensonges dont les premiers coupables sont nos gouvernants ».

« Nourdine Ait Hamouda s’ajoute à la langue liste des détenus d’opinion. Il a été placé sous mandat de dépôt pour  » incitation à la haine raciale ». Naima Salhi contre laquelle on a déposé plainte pour le même motif, n’est pas inquiétée. Une nuit sombre dans le ciel de Kabylie » a écrit l’activiste Salim Chait.

« Le chef du gouvernement espagnole Mr Pedro Sanchez libère les détenus indépendantistes catalans pendant qu’en Algérie on s’adonne à arrêter injustement tout militant dont le seul grief est d’exprimer une idée politique pour la Kabylie. Indépendantistes, autonomistes, régionalistes etc. ne font que formuler une revendication légale et s’inscrivant en droite ligne des chartes universelles : celle des droits de l’homme et celle du droit international de l’O.N.U reconnus et paraphés pourtant toutes les deux officiellement par l’Algérie » a déclaré l’écrivain et militant Abdennour Abdesselam.

Et de poursuivre : « Mais alors qu’attendez-vous pays membres signataires de la charte des Nations Unies pour apporter votre soutien à ces personnes actuellement en prison dont leur droit à l’expression est très justement brimé ? Leur expression est pourtant une réaction à une exclusion ».

Quant à la militante Wezna Moula, elle appelle à la création d’un collectif de sauvegarde des libertés à Tizi Wezzu. Zedek Mouloud, Akli.d ainsi que Nadia Matoub ont marqué leur présence lors du rassemblement de soutien organisé en faveur de Bouaziz Ait Chebib à Chatelet-les-Halles ce dimanche 27 juin. La veuve de Lounes a insisté sur la nécessité de se mobiliser en faire des détenus d’opinion kabyles.

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