L’interprète et styliste kabyle Khadidja Hamsi a tiré sa révérence, ce jeudi 1er juillet, a annoncé son jeune frère, l’artiste peintre et auteur Boubker Hamsi.
Originaire du village Mezgoug de Tibane (At Waghlis), celle qui était considérée comme une diva par feu Cherif Kheddam a marqué les esprits de par sa voix envoutante mais aussi par ses talents artistiques : « Une grande artiste et créatrice qui a su, par son talent, rafraîchir la robe kabyle, pour mieux la faire connaître à l’étranger, y compris en Belgique » a notamment écrit son frère.
Une artiste aux multiples facettes dont la touche a été marquante dans le cinéma kabyle notamment. C’est elle qui avait confectionné les costumes des comédiens dans « La montagne de Baya ». Elle a également marqué le cinéma de par sa voix pure en chantant la complainte de la mère de Idir dans le film « Les rameaux de feu », une adaptation du roman « le grain dans la meule » de Malek Ouary.
La diva a également interprété des airs anciens dans le film consacré à Issiyakhem par Fawzi Sahraoui. C’est aussi elle que l’on voit apparaître dans une vidéo avec le célèbre artiste peintre et Kateb Yacine où ce dernier sanglotait lorsqu’elle chantait « A Yagu » de Ait Menguellet.
Hommages et témoignages
« Khadidja était une gardienne du temple culturel ancestral » a déclaré le journaliste Said Yahia Cherifet qui poursuit : « Ses chants venus des temps anciens nous ont fait vibrer »
Pour l’écrivaine Nadia Agsous, « elle fut la première à avoir révolutionné l’habit féminin kabyle en utilisant les symboles berbères qu’elle brodait sur du tissu. Elle créa une gamme de robes kabyles qui restera dans les annales des modes vestimentaires de la Kabylie et de l’Algérie ». L’animateur et chanteur Belaid At Mejqan a également souligné son apport à la couture kabyle : « Elle a été la première à avoir créé la robe kabyle ornée de motifs berbères » a-t-il rappelé.
« Un autre trésor de notre patrimoine vif et rayonnant disparait. Khadidja Hamsi, la styliste modéliste humble et talentueuse s’en est allée… » a réagi le cinéaste Abderrahamane Djelfaoui. « Elle chantait comme une déesse, s’accompagnant de son bendir qui ne la quittait jamais. » a quant à lui déclaré Meziane Ourad
« Là, je t’entends encore chanter ces mélopées remontées du fond des âges, ces poèmes anciens que tu avais recueillis auprès des femmes de ta tribu. Je t’entends encore me raconter ces anecdotes inhérentes à Issiakhem et à Kateb. Ton monde magique derrière lequel tu viens de fermer définitivement la porte … » s’est ému le poète et chanteur Boualem Rabia. « Tu as ouvert ta porte à ceux qui ont admiré ton savoir-faire sorti de tes doigts de fée. Certaines personnes t’ont fait pleurer…Mais…Tu es partie digne et Grande comme tu as vécu » a réagi avec beaucoup d’émotion la poétesse et actrice Hadjira Oubachir en s’adressant directement à la défunte.
« Son style à faire jaillir de l’eau, comme dirait Brel, nous renvoie aux mélopées éternelles de Taos Amrouche » lui reconnait le militant Djamel Ferdjellah. Et de poursuivre : « Originaire des Ath Waghlis dans la vallée de la Soummam, elle est issue d’une famille bougiote à la fibre artistique à fleur de peau.. Elle est la sœur de Baya et de Boubeker Hamsi, qui sont aussi musiciens et artistes peintres connus ».