Dans une contribution publiée ce mercredi 08 août sur le quotidien algérien Liberté, le professeur Hend Sadi a répondu à un post de Addi Lahouari, sociologue algérien qui a glorifié l’Emir Abdelkader et Abelhamid Benbadis.
Le récit du militant de la cause identitaire et de la démocratie est riche en références historiques et surtout en détails appuyant les propos avancés par Nordine Ait Hamouda qui ont suscité une grande polémique en Algérie sur ces « héros de la nation algérienne ». En analysant le texte de Addi Lahouari, Hend Sadi a estimé que ce dernier « présente un parti pris idéologique », le considérant comme un « partisan actif » de l’arabo-islamisme imposé à l’Algérie.
Pour répondre au sociologue, l’ancien militant du RCD a relaté des faits historiques très pertinents mettant la lumière sur la vie de l’Emir Abdelkader. En effet, il explique que celui-ci était un grand ami de la France, et ce, avant même d’avoir abdiqué. Dans cette contribution, il a évoqué la stratégie du gouvernement français après sa prise d’Alger.
« Durant cette période, les généraux français ont cherché à composer – allant jusqu’à les armer – avec des chefs locaux dont ils ont voulu faire des auxiliaires pour aider ces derniers à maîtriser les tribus rivales qui échappaient à leur contrôle » a expliqué Hend Sadi. Et de poursuivre : « Pour l’ouest, c’est ce que fait le général Desmichels qui signe un traité le 26 février 1834 avec Abdelkader qu’il aide à monter une armée. Cette stratégie est reconduite par Bugeaud et le traité de la Tafna du 30 mai 1837 stipule dans son article 7 que ‘’L’Émir aura la faculté d’acheter en France, la poudre, le soufre et les armes qu’il demandera. Bugeaud va même jusqu’à fournir 3000 fusils à Abdelkader en marge du traité ».
Se considérant ainsi comme « sultan des Arabes », l’Emir Abdelkader a tenté de s’imposer chez les « tribus voisines auxquelles il livre un combat sans merci lorsque celles-ci se montrent rétives à la soumission ». Selon le professeur Sadi qui cite le livre de Charles Henry Churchill, il a même livré bataille contre des tribus du côté de Laghouat pour tenter de les soumettre et qu’il finira par vaincre grâce au soutien de la France.
Du côté de l’Est, cet héro de la nation algérienne, a également œuvré avec l’occupant français pour la chute de la résistance d’Ahmed Bey. « Après la prise de Constantine, il (Ahmed Bey) a eu à affronter le khalife dépêché par Abdelkader pour occuper Biskra encore sous contrôle du bey déchu. Ce dernier, qui le prenait de haut n’était pas impressionné » explique l’ancien militant du RCD.
« Lors de sa capitulation, Abdelkader recevra une pension substantielle qui continuera d’être versée à sa descendance sur plusieurs générations » a précisé Hend Sadi, qui a encore appuyé les propos avancés par Nordine Ait Hamouda. Il a ensuite évoqué la position de l’Emir Abdelkader par rapport à l’insurrection de 1871 menée par les Mokrani et Cheikh Aheddad.
Sur cette insurrection, l’écrivain a ouvert une parenthèse très pertinente où il a notamment écrit : « Le vieux Cheikh Aheddad qui avait apporté le soutien de la confrérie des Rahmaniya meurt en prison à Constantine dix jours après sa condamnation, son fils Aziz qui avoue en cour d’assises n’avoir recouru au djihad que comme instrument supplémentaire dans une insurrection totale, perçue aussi comme une « lutte pour l’indépendance avec le peuple kabyle », est déporté en Nouvelle Calédonie ». Les propos du fils de Cheikh Aheddad que l’on découvre ici montrent que cette insurrection avait pour but de libérer la Kabylie.
Bref, pour cette insurrection, l’Emir Abdelkader « exprimera dans une lettre terrible écrite en réponse au gouvernement français qui le pressait de se positionner » par rapport à cet événement majeur de l’histoire de la Kabylie. « […]Nous venons vous dire que ces tentatives insensées quels qu’en soient les auteurs, sont faites contre la justice, contre la volonté de Dieu et la mienne. Nous prions le Tout-Puissant de punir les traîtres et de confondre les ennemis de la France » citera Hend Sadi, ce même passage lu par Nordine Ait Hamouda lors de l’émission de El Hayat TV.