En août 2019 s’est tenue du côté de Mostaganem une réunion que ses promoteurs ont baptisée : « Opération zéro Kabyle« .
Elle n’a pas eu lieu clandestinement dans un maquis mais dans un espace public. Fait étrange qui pose de nombreuses questions ; une photo de l’événement montre qu’au moins un véhicule de gendarmerie était à proximité immédiate.
Les promoteurs et les animateurs de cette cabale antikabyle sont donc identifiés. Jusqu’à preuve du contraire, aucun n’a été interpellé jusqu’ici. De par son seul intitulé qui exalte des velléités génocidaires, cet acte tombe sous le coup de la loi dans tout pays normalement constitué.
Mais en Algérie et jusqu’à plus ample informé :
- aucune autorité officielle civile ou militaire n’a réagi ;
- aucune saisine de la justice n’est actée.
Et, plus grave, face aux menaces et à l’outrage qui ciblent indifféremment des citoyens de toute une région, il était légitimement attendu un tollé de la part de l’intelligentsia algérienne : il n’en a rien été.
Cette affaire d’intention criminelle que les autorités (très pointilleuses par ailleurs sur une pseudo unité nationale qu’elles exhibent comme une ligne rouge contre l’opposition) ont complètement zappée, a encouragé le déchainement de la haine du kabyle.
En ce moment, des dizaines de militants kabyles croupissent dans les geôles du pouvoir pour leurs idées. Aucun d’entre eux n’a appelé à la violence, aucun n’a porté atteinte à l’unité nationale : ils défendent pacifiquement leurs idéaux qu’ils pensent juste. Nul crime ne peut leur être imputé.
Zéro kabyle ! La violence du terme ne laisse aucun doute sur les intentions de ses auteurs. Au fil du temps, ce qu’on pouvait prendre comme l’éruption raciste d’un groupe d’énergumènes s’est multiplié et les outrances contre tout ce qui est kabyle continue dans l’impunité.
Tous les fascismes ont commencé petits. Dès lors, on est fondé à croire que les tragédies qui ont frappé en août la Kabylie peuvent être des suites de cet appel scélérat. À vrai dire, la mise en déréliction de la région ne date pas d’hier. Tant bien que mal, elle a survécu au blocus. Mais aujourd’hui, on parle d’éradication du Kabyle et à ce jour, aucun de ces incendiaires n’est inquiété.
Fait extraordinaire et peut-être de bon augure pour un futur apaisé : lors et après l’enfer des incendies vécue par la région, on a assisté à une solidarité agissante venue de toutes les régions d’Algérie. Des cargaisons entières d’aide multiforme ont afflué vers les contrées sinistrées. Certains volontaires ont laissé leur vie, d’autres ont été gravement brûlés dans les actions d’extinction des incendies. Cette marque de fraternité et de solidarité est sans doute la plus belle consolation au deuil qui a touché des milliers de nos citoyens.
C’est aussi la preuve que l’Algérien ordinaire du profond pays reste sourd à la furieuse campagne antikabyle qui sévit.
L’histoire enregistre. La Kabylie, qui en a vu d’autres, se souviendra de l’acide des uns et du baume au cœur des autres.
Aksil Azru Loukad
02/09/2021