Le Salon du Livre Amazigh d’At Wasif a annoncé le report de sa quatrième édition, initialement prévue du 3 au 6 octobre 2024, à une date ultérieure. Dans un communiqué publié le 27 septembre, les organisateurs ont justifié cette décision par des « contraintes administratives qui nous empêchent de rester fidèles à nos valeurs tant morales qu’éthiques, lesquelles ont toujours animé l’esprit de cette manifestation ».
Le comité, sans donner plus de détails sur la nature de ces contraintes administratives, a exprimé ses regrets et ses excuses aux participants et partenaires, tout en précisant que salon se veut un espace de promotion de la littérature d’expression amazighe et d’ouverture pour « une région déshéritée », valorisant les échanges et le respect de la pluralité.
Les éclairages apportés par le Directeur des Éditions Koukou :
Deux jours après cette annonce, le 29 septembre, Arezki Aït-Larbi, directeur des Éditions Koukou, a apporté des éclairages sur les raisons qui ont conduit au report du salon. Dans son communiqué, il évoque un « chantage au ministère de la Culture », attribuant ce report à la pression exercée par Tidjani Tama, président de la Commission de censure et directeur central du Livre au ministère algérien de la Culture. Selon Aït-Larbi, ce dernier aurait exigé l’exclusion des Éditions Koukou avant d’accorder l’autorisation préalable à l’événement, et ce « sans justification ni motif légal ».
Il accuse Tidjani Tama d’avoir refusé de fournir un document écrit officialisant cette exigence, préférant rester dans « l’ombre » pour éviter toute responsabilité directe. Le communiqué détaille également les antécédents de persécution contre les Éditions Koukou, des décisions pour lesquelles « la plainte est toujours pendante devant le doyen des juges d’instruction du tribunal de Hussein Dey à Alger ».
Aït-Larbi dénonce en outre le parti pris de la Commission de censure, qui laisse libre cours à la diffusion de certains ouvrages controversés, comme « ‘Mein Kampf’ d’Adolf Hitler et les ‘Mémoires’ de Mussolini », tandis qu’elle s’acharne à empêcher la voix de « dizaines d’auteurs progressistes » de se faire entendre.
Pour éviter que le salon ne soit utilisé « comme prétexte aux manœuvres occultes des phalanges culturicides », les Éditions Koukou ont décidé de se retirer volontairement de l’événement, en appelant néanmoins les organisateurs à maintenir les dates initialement prévues. Aït-Larbi a salué la « résistance, digne et courageuse » des organisateurs, affirmant que ce combat n’est pas uniquement celui d’une maison d’édition, mais celui de la liberté culturelle et de l’éthique publique.