Conférence du RCD interdite par les autorités algériennes sans motif : Inédit depuis l’avènement du multipartisme, en 1988

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Les autorités algériennes ont refusé, sans fournir de motif explicite, la tenue d’une rencontre-débat organisée par le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), prévue le 5 octobre à Béjaïa et animée par le président du parti, Atmane Mazouz. Ce refus a été notifié le matin du 2 octobre aux représentants du parti par les services de la wilaya de Béjaïa, a annoncé le RCD dans un communiqué le même jour. Le parti dénonce ce qu’il qualifie de « fait du prince« , rappelant qu’une telle interdiction sans justification est sans précédent depuis l’avènement du multipartisme en Algérie, y compris durant les années de crise.

Ce refus intervient dans un contexte de répression croissante, que le RCD associe à un « verrou politique et juridico-administratif« . Malgré les promesses de dialogue du chef de l’État algérien, le parti considère que les autorités continuent de museler les initiatives politiques dans ce qu’elles appellent la « Nouvelle Algérie« . Le bureau régional du RCD a tenté d’introduire un référé d’urgence contre cette interdiction, mais celui-ci a été rejeté par le tribunal administratif de Béjaïa. L’avocate, Me Nora Ouali, a dû recourir à une autre procédure judiciaire, qui est toujours en cours, selon le parti.

Le RCD affirme sa détermination à ne pas céder face à cette interdiction et prévoit de renouveler sa demande d’organisation de la conférence à Béjaïa dans les plus brefs délais. Cette date du 5 octobre n’est pas anodine : “elle rappelle les événements tragiques de 1988, où plus de 500 jeunes ont été tués par les forces de sécurité”, a déclaré Atmane Mazouz. Son parti continue de rendre hommage à ces victimes, symbole de la lutte pour la liberté et la démocratie, a-t-il affirmé.

Pour rappel, Atmane Mazouz, qui dénonce depuis 2021 l’article 87 bis du code pénal algérien et réclame la libération de tous les prisonniers politiques sans exception, a également critiqué la fraude et la mascarade électorale du 7 septembre 2024, refusant catégoriquement de la cautionner ou d’y participer. Il a été arrêté à Vgayet lors de la commémoration de l’anniversaire du Congrès de la Soummam, en compagnie d’une vingtaine de cadres de son parti à Ouzellaguen, le 20 août dernier, ce qui l’a empêché de se rendre à Ifri, lieu de la cérémonie.