Fuyant la répression algérienne, ce Kabyle se fait passer pour un syrien pour atteindre l’Europe (Raconté par Thomas An, Mediapart)

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Un homme originaire du Pays kabyle, fuyant la répression exercée par l’État algérien, s’est fait passer pour un réfugié syrien afin de rejoindre l’Europe, selon un récit publié le 27 septembre 2024 par Thomas An sur Mediapart. Le périple, qui a duré 34 jours, a commencé en Turquie en 2012 et s’est terminé en France, après des étapes difficiles à travers la Grèce, la Macédoine, la Croatie, et l’Allemagne.

L’homme, âgé de 26 ans à l’époque, a quitté la Kabylie pour échapper aux représailles politiques et à l’oppression systématique. Pour augmenter ses chances d’obtenir le statut de réfugié, il a emprunté une identité syrienne, le passeport allemand falsifié en main. Confronté aux contrôles policiers et aux conditions de voyage précaires, il a réussi à traverser plusieurs frontières, notamment en se mêlant à des migrants syriens et en se faisant passer pour l’un d’entre eux.

Après avoir traversé l’Europe centrale, il atteint la France où il doit encore lutter pour survivre, dormant dans les rues de Paris et dépendant de l’aide d’autres migrants et de bienfaiteurs. Sa rencontre avec Juda, un juif marocain, fut décisive : celui-ci lui offrit un toit temporaire et une première opportunité de travail dans son magasin, lui permettant de commencer à se reconstruire. En 2015, après trois ans de résidence en France, il parvient à obtenir un permis de séjour valable dix ans, puis se marie et fonde une famille.

Ce témoignage met en lumière la détermination et le courage de cet homme face aux épreuves. Pour le rédacteur, Thomas An, cela illustre également la complexité des parcours migratoires souvent oubliés dans le débat politique en France. D’un point de vue Kabyle, cette histoire qui a eu lieu en 2012 n’est pas aussi unique que ça et des cas similaires se sont accélérés depuis 2021, notamment, avec une accentuation inédite de la répression algérienne en Kabylie. Des dizaines de milliers de Kabyles n’ont plus le droit de quitter l’Algérie et d’autres n’ont plus le droit d’y entrer. Sans parler des centaines de prisonniers d’opinion qui croupissent dans les geôles algériennes.