C’est un Larbi Yahioun aimable et serein que nous avons abordé pour tenter de comprendre son univers et son œuvre, certes, peu prolifique, mais très éclectique et assez ambitieuse, il faut le dire. Malgré des questions qui, parfois, peuvent paraître agressives, ce qui n’est que l’apparence rustique d’une volonté saine d’explorer les profondeurs de sa pensée, le fils de Tifrit est resté cordial et a su montrer un calme exemplaire. Avec allant et spontanéité, il s’est prêté volontiers au jeu de l’entretien.
𝗧𝗮𝗦ɣ𝘂𝗻𝘁 𝘁𝗮𝗾𝗩𝗮𝘆𝗹𝗶𝘁 – 𝗥𝗲𝘃𝘂𝗲 𝗞𝗮𝗯𝘆𝗹𝗲 : 𝐕𝐨𝐮𝐥𝐞𝐳-𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐩𝐫é𝐬𝐞𝐧𝐭𝐞𝐫 à 𝐧𝐨𝐬 𝐥𝐞𝐜𝐭𝐞𝐮𝐫𝐬 ?
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Parler de soi, même s’il s’agit juste de se présenter, est une lourde tâche. Je me suis toujours présenté comme enseignant et auteur.
𝐏𝐨𝐮𝐯𝐞𝐳–𝐯𝐨𝐮𝐬 é𝐧𝐮𝐦é𝐫𝐞𝐫 𝐭𝐨𝐮𝐬 𝐯𝐨𝐬 𝐨𝐮𝐯𝐫𝐚𝐠𝐞𝐬 𝐞𝐧 𝐜𝐢𝐭𝐚𝐧𝐭 𝐥𝐞𝐬 é𝐝𝐢𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐚𝐢𝐧𝐬𝐢 𝐪𝐮𝐞 𝐥‘𝐚𝐧𝐧é𝐞 𝐝𝐞 𝐩𝐮𝐛𝐥𝐢𝐜𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 ?
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Ma première publication remonte à 2014, un recueil de poésie édité par le HCA sous titre « Tayri n umedyaz » (l’amour d’un poète). Puis, j’ai confectionné un guide scolaire que j’ai intitulé « Avrid ɣer ukayad n Tmaziɣt », édité d’abord à compte d’auteur en 2015, réédité par les éditions Tira en 2016. En 2017, j’ai publié, toujours à compte d’auteur, « Taqvaylit, iles d yidles », un essai sur la survie et le développement de notre langue et littérature, et leur passage de l’oralité à l’écrit. Édition écoulée, j’ai dû le rééditer en version augmentée en 2021. Quant à ma dernière publication, il s’agit d’une traduction en kabyle de « Les nuits blanches » de l’écrivain russe Fiodor Dostoïevski, sous le titre « Uḍan n tziri », paru aux éditions Talsa.
𝐂𝐨𝐧𝐜𝐞𝐫𝐧𝐚𝐧𝐭 𝐯𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐫𝐞𝐜𝐮𝐞𝐢𝐥 𝐝𝐞 𝐩𝐨é𝐬𝐢𝐞, 𝐞𝐧 𝐩𝐚𝐫𝐭𝐚𝐧𝐭 𝐝𝐞 𝐬𝐨𝐧 𝐭𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐛𝐢𝐥𝐢𝐧𝐠𝐮𝐞, 𝐩𝐞𝐮𝐭–𝐨𝐧 𝐝é𝐝𝐮𝐢𝐫𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐥𝐞 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐞𝐧𝐮 𝐥’𝐞𝐬𝐭 𝐚𝐮𝐬𝐬𝐢 ?
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Non. « Tayri n umedyaz », mon recueil de poésie, est écrit entièrement en kabyle. Ce qui fait sa particularité, c’est qu’il y’a une partie écrite en prose. Je crois que c’est le premier du genre dans la poésie kabyle.
𝐕𝐨𝐮𝐬 𝐬𝐞𝐦𝐛𝐥𝐞𝐳 ê𝐭𝐫𝐞 𝐭𝐫é𝐬 𝐢𝐧𝐭é𝐫𝐞𝐬𝐬é 𝐩𝐚𝐫 𝐥𝐞 𝐟𝐚𝐢𝐭 𝐝’ê𝐭𝐫𝐞 𝐥𝐞 𝐩𝐫𝐞𝐦𝐢𝐞𝐫 à 𝐟𝐚𝐢𝐫𝐞 𝐜𝐞𝐜𝐢 𝐨𝐮 𝐜𝐞𝐥𝐚. 𝐄𝐬𝐭–𝐜𝐞 𝐮𝐧𝐞 𝐬𝐨𝐮𝐫𝐜𝐞 𝐝𝐞 𝐦𝐨𝐭𝐢𝐯𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐨𝐮 𝐮𝐧𝐞 𝐬𝐢𝐦𝐩𝐥𝐞 𝐬𝐚𝐭𝐢𝐬𝐟𝐚𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐩𝐞𝐫𝐬𝐨𝐧𝐧𝐞𝐥𝐥𝐞 ?
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : On peut dire ça. Quoique pour la poésie, cela est venue juste comme ça… Mon inspiration a fait que je compose de la poésie sous forme de prose. Mais pour d’autres livres, oui. Souvent, je suis motivé à donner quelque chose de nouveau. Je pense surtout à combler ce qui manque et apporter ma pierre à l’édifice de notre langue et littérature.
𝐕𝐨𝐮𝐬 𝐜𝐨𝐧𝐬𝐢𝐝é𝐫𝐞𝐳–𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞 𝐩𝐨è𝐭𝐞 ?
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Pas du tout et ce, même si j’ai écrit mes premiers poèmes quand j’étais au collège et j’ai continué à le faire quand j’étais étudiant à l’université. Depuis, je me suis penché sur un autre genre qui est la nouvelle, donc j’ai cessé de composer des poèmes. C’est là que j’ai su que je suis loin d’être un poète, car un vrai poète ne peut pas vivre sans poésie. Heureusement, la Kabylie regorge de talentueux poètes à l’exemple de mes amis Ageswaḥ et Akli Ait Boussaad.
𝐂𝐨𝐦𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐝é𝐟𝐢𝐧𝐢𝐬𝐬𝐞𝐳–𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐥𝐚 𝐩𝐨é𝐬𝐢𝐞 𝐞𝐭 𝐜’𝐞𝐬𝐭 𝐪𝐮𝐨𝐢 𝐬𝐚 𝐩𝐥𝐚𝐜𝐞 𝐞𝐭 𝐬𝐨𝐧 𝐮𝐭𝐢𝐥𝐢𝐭é, 𝐬𝐢, 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐯𝐨𝐮𝐬, 𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐞𝐧 𝐩𝐨𝐬𝐬é𝐝𝐞, 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐞 𝐦𝐨𝐧𝐝𝐞 𝐝’𝐚𝐮𝐣𝐨𝐮𝐫𝐝’𝐡𝐮𝐢 ?
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : La société kabyle, une société à tradition orale, s’est toujours exprimée dans la poésie. D’où l’intérêt magistral qu’on lui accorde. Au-delà du moyen d’expression, elle devient un outil pour sonder le vide de l’existence et une arme de combat pour dénoncer le mépris et l’injustice de tout genre. Certes, aujourd’hui la poésie n’a pas ce mérite dans la société, mais elle reste le genre littéraire le plus dominant dans la littérature kabyle et elle continue de nous émerveiller avec ses plus belles rimes et métaphores, notamment à travers les différents festivals qui lui sont consacrés.
𝐉𝐮𝐬𝐭𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭, 𝐩𝐞𝐧𝐬𝐞𝐳–𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐪𝐮𝐞 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐮𝐧 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐞𝐱𝐭𝐞 𝐝𝐞 𝐫é𝐩𝐫𝐞𝐬𝐬𝐢𝐨𝐧, 𝐥𝐚 𝐩𝐨é𝐬𝐢𝐞 𝐤𝐚𝐛𝐲𝐥𝐞 𝐝𝐞𝐬 𝐟𝐞𝐬𝐭𝐢𝐯𝐚𝐥𝐬 𝐞𝐭 𝐝𝐞𝐬 𝐬𝐜é𝐧𝐞𝐬 « 𝐚𝐮𝐭𝐨𝐫𝐢𝐬é𝐬 », 𝐬𝐨𝐢𝐭 𝐦𝐢𝐬𝐞 𝐚𝐮 𝐬𝐞𝐫𝐯𝐢𝐜𝐞, 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐩𝐚𝐫𝐚𝐩𝐡𝐫𝐚𝐬𝐞𝐫, 𝐝’𝐮𝐧 𝐜𝐨𝐦𝐛𝐚𝐭 𝐞𝐭 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐝é𝐧𝐨𝐧𝐜𝐢𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐮 𝐦é𝐩𝐫𝐢𝐬 𝐞𝐭 𝐝𝐞𝐬 𝐢𝐧𝐣𝐮𝐬𝐭𝐢𝐜𝐞𝐬 𝐝𝐮 𝐦𝐨𝐦𝐞𝐧𝐭 ?
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Pas forcément. Les festivals sont d’abord une opportunité pour les poètes pour se rencontrer, échanger et partager leurs œuvres poétiques avec le public. La priorité est donnée beaucoup plus à la création et la nouveauté créative en rupture avec la poésie traditionnelle. C’est aussi l’occasion de découvrir et faire connaître de nouveaux talents. Quand à la dénonciation des injustices, hélas, la peur a gagné les camps.
𝐀𝐮𝐭𝐫𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐢𝐭, 𝐜𝐞 𝐬𝐞𝐦𝐛𝐥𝐚𝐧𝐭 𝐝𝐞 𝐫𝐮𝐩𝐭𝐮𝐫𝐞 𝐚𝐯𝐞𝐜 𝐥𝐚 𝐩𝐨é𝐬𝐢𝐞 𝐭𝐫𝐚𝐝𝐢𝐭𝐢𝐨𝐧𝐧𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐬𝐞 𝐬𝐢𝐭𝐮𝐞 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐚𝐮 𝐧𝐢𝐯𝐞𝐚𝐮 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐟𝐨𝐫𝐦𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐝𝐮 𝐟𝐨𝐧𝐝 𝐩𝐮𝐢𝐬𝐪𝐮𝐞, à 𝐜𝐚𝐮𝐬𝐞 𝐝𝐞 𝐜𝐞𝐭𝐭𝐞 𝐩𝐞𝐮𝐫 𝐪𝐮𝐞 𝐯𝐨𝐮𝐬 é𝐯𝐨𝐪𝐮𝐞𝐳, « 𝐥𝐞𝐬 𝐩𝐨é𝐭𝐞𝐬 𝐝𝐞𝐬 𝐟𝐞𝐬𝐭𝐢𝐯𝐚𝐥𝐬 » 𝐬𝐞𝐦𝐛𝐥𝐞𝐧𝐭 𝐢𝐧𝐧𝐨𝐯𝐞𝐫, 𝐦𝐚𝐢𝐬 𝐥𝐨𝐢𝐧 𝐝𝐞𝐬 𝐝𝐫𝐚𝐦𝐞𝐬 𝐝𝐮 𝐩𝐞𝐮𝐩𝐥𝐞, 𝐝’𝐨ù 𝐧𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐩𝐫é𝐜é𝐝𝐞𝐧𝐭𝐞 𝐪𝐮𝐞𝐬𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐬𝐮𝐫 𝐥’𝐮𝐭𝐢𝐥𝐢𝐭é 𝐨𝐮 𝐥’𝐢𝐧𝐮𝐭𝐢𝐥𝐢𝐭é 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐩𝐨é𝐬𝐢𝐞 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐧𝐨𝐭𝐫𝐞 é𝐩𝐨𝐪𝐮𝐞 𝐭𝐨𝐮𝐫𝐦𝐞𝐧𝐭é𝐞.
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Personnellement, je vois les choses autrement. Pourquoi ? Parce que la poésie n’est pas faite spécialement pour dénoncer les injustices. On peut parler de poésie engagée dans ce cas. Sinon, la poésie est là aussi pour exprimer le bonheur et les joies ainsi que toutes les thématiques qu’on trouve dans les autres poésies du monde, c’est ça qui peut hisser notre poésie au rang de littérature universelle.
𝐏𝐨𝐮𝐫𝐭𝐚𝐧𝐭, 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐚𝐯𝐞𝐳 𝐝𝐢𝐭 𝐪𝐮𝐞 𝐜’𝐞𝐬𝐭 𝐥𝐚 𝐩𝐞𝐮𝐫 𝐪𝐮𝐢 𝐞𝐦𝐩ê𝐜𝐡𝐚𝐢𝐭 𝐜𝐞𝐭 𝐞𝐧𝐠𝐚𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐞𝐬 𝐩𝐨é𝐭𝐞𝐬 𝐟𝐞𝐬𝐭𝐢𝐯𝐚𝐥𝐢𝐞𝐫𝐬 𝐞𝐭 𝐚𝐮𝐭𝐨𝐫𝐢𝐬é𝐬…
𝐒𝐢𝐧𝐨𝐧, 𝐜𝐞𝐭𝐭𝐞 𝐪𝐮ê𝐭𝐞 𝐝𝐞 𝐥’𝐮𝐧𝐢𝐯𝐞𝐫𝐬𝐚𝐥𝐢𝐭é, 𝐧’𝐞𝐬𝐭–𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐩𝐚𝐬 𝐞𝐥𝐥𝐞–𝐦ê𝐦𝐞 𝐝é𝐭𝐞𝐫𝐦𝐢𝐧é𝐞 𝐩𝐚𝐫 𝐥’𝐞𝐱𝐢𝐠𝐞𝐧𝐜𝐞 𝐝’𝐮𝐧𝐞 𝐩𝐨é𝐬𝐢𝐞 𝐞𝐧𝐠𝐚𝐠é𝐞 𝐪𝐮𝐢, 𝐞𝐧 𝐬𝐮𝐬 𝐞𝐭 à 𝐧𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐚𝐯𝐢𝐬, 𝐧’𝐞𝐱𝐜𝐥𝐮𝐞 𝐞𝐧 𝐚𝐮𝐜𝐮𝐧 𝐜𝐚𝐬 𝐥𝐞 𝐛𝐨𝐧𝐡𝐞𝐮𝐫, 𝐥’𝐚𝐦𝐨𝐮𝐫 𝐞𝐭 𝐭𝐨𝐮𝐭 𝐚𝐮𝐭𝐫𝐞 𝐭𝐡é𝐦𝐞 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐯𝐢𝐞 𝐡𝐮𝐦𝐚𝐢𝐧𝐞 ?
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Pas forcément. La poésie est avant tout un art et l’art donne libre cours à la pensée d’exprimer des idées et divers sujets qu’elle peut manier avec le verbe. La poésie peut être engagée, sentimentale, philosophique ou autre, en fonction des circonstances et de l’inspiration des poètes. À force de tourner sur ce sujet je ne peux développer plus que ça.
𝐄𝐧 𝐩𝐚𝐫𝐥𝐚𝐧𝐭 𝐝𝐞 𝐥’𝐞𝐧𝐠𝐚𝐠𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐝’𝐮𝐧𝐞 𝐩𝐨é𝐬𝐢𝐞 𝐝𝐨𝐧𝐧é𝐞, 𝐜’𝐞𝐬𝐭 𝐝𝐞 𝐥’𝐞𝐧𝐠𝐚𝐠𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐮 𝐩𝐨é𝐭𝐞 𝐥𝐮𝐢–𝐦ê𝐦𝐞, 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐝𝐞𝐬 𝐦𝐨𝐦𝐞𝐧𝐭𝐬 𝐝’𝐞𝐱𝐭𝐫ê𝐦𝐞 𝐝𝐢𝐟𝐟𝐢𝐜𝐮𝐥𝐭é 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐬𝐚 𝐬𝐨𝐜𝐢é𝐭é, 𝐝𝐨𝐧𝐭 𝐢𝐥 𝐞𝐬𝐭 𝐪𝐮𝐞𝐬𝐭𝐢𝐨𝐧… 𝐜𝐞𝐩𝐞𝐧𝐝𝐚𝐧𝐭 𝐞𝐭 𝐩𝐮𝐢𝐬𝐪𝐮𝐞 𝐜𝐞 𝐬𝐮𝐣𝐞𝐭 𝐬𝐞𝐦𝐛𝐥𝐞 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐢𝐧𝐝𝐢𝐬𝐩𝐨𝐬𝐞𝐫, 𝐧𝐨𝐮𝐬 𝐢𝐫𝐨𝐧𝐬 𝐝𝐢𝐫𝐞𝐜𝐭𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐬𝐮𝐫 𝐮𝐧 𝐚𝐮𝐭𝐫𝐞 𝐭𝐞𝐫𝐫𝐚𝐢𝐧.
A 𝐩𝐫𝐨𝐩𝐨𝐬 𝐝𝐞 𝐯𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐞𝐬𝐬𝐚𝐢 « 𝑻𝒂𝒒𝒗𝒂𝒚𝒍𝒊𝒕, 𝒊𝒍𝒆𝒔 𝒅 𝒚𝒊𝒅𝒍𝒆𝒔 », 𝐩𝐨𝐮𝐯𝐞𝐳–𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐧𝐨𝐮𝐬 𝐞𝐧 𝐝𝐢𝐫𝐞 𝐮𝐧 𝐩𝐞𝐮 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐬𝐮𝐫 𝐥𝐞 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐞𝐧𝐮 𝐞𝐭 𝐬𝐮𝐫 𝐥’𝐚𝐦𝐛𝐢𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐪𝐮𝐞 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐥𝐮𝐢 𝐚𝐯𝐢𝐞𝐳 𝐚𝐬𝐬𝐢𝐠𝐧é𝐞 ?
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : « Taqvaylit, iles d yidles » est un essai, voir une étude synthétique sur l’évolution de la langue kabyle et son passage de l’oralité à l’écrit, à travers sa littérature (poésie, chant, théâtre, roman et nouvelle). Mon ambition qui a été d’ailleurs à l’origine de ce travail, c’est de montrer au Kabyle d’aujourd’hui que taqvaylit est bel est bien une langue à part entière, apte à véhiculer le savoir et la science tout comme les grandes langues européennes. Et oui, cette langue que ses détracteurs ont voulu marginaliser et enfermer à la maison, a pu sortir par la fenêtre pour atteindre le statut qu’elle mérite sur le podium des langues de ce monde.
𝐏𝐚𝐫 𝐥𝐚𝐧𝐠𝐮𝐞 « 𝐭𝐚𝐪𝐯𝐚𝐲𝐥𝐢𝐭 » 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐯𝐨𝐮𝐥𝐞𝐳 𝐝𝐢𝐫𝐞 « 𝐭𝐚𝐦𝐚𝐳𝐢𝐠𝐡𝐭 » ?
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Pas du tout ! Quoique Taqvaylit fait partie de la grande famille amazighe, on peut aujourd’hui, parler d’elle en tant que langue à part entière. Elle a sa grammaire, ses dictionnaires, sa littérature et elle est enseignée depuis des années. Ce sont ces conditions réunies qui lui confèrent le statut de langue et non d’un dialecte comme on le croit. Donc, nous devons dépasser cette conception (unie) de langue amazighe et parler plutôt de langues amazighes au pluriel.
𝐂𝐞𝐜𝐢 𝐧’𝐞𝐬𝐭 𝐩𝐚𝐬 𝐥’𝐚𝐯𝐢𝐬 𝐝𝐞𝐬 𝐛𝐞𝐫𝐛é𝐫𝐢𝐬𝐚𝐧𝐭𝐬 𝐛𝐞𝐫𝐛é𝐫𝐢𝐬𝐭𝐞𝐬 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞 𝐌𝐨𝐡𝐚𝐧𝐝 𝐒𝐚𝐢𝐝 𝐇𝐚𝐧𝐨𝐮𝐳, 𝐊𝐚𝐦𝐚𝐥 𝐍aï𝐭 𝐙𝐞𝐫𝐚𝐝 𝐞𝐭 𝐚𝐮𝐭𝐫𝐞 𝐌𝐨𝐡𝐚𝐧𝐝 𝐀𝐤𝐥𝐢 𝐇𝐚𝐝𝐝𝐚𝐝𝐨𝐮, 𝐜’𝐞𝐬𝐭 𝐦ê𝐦𝐞 𝐥𝐞 𝐜𝐚𝐬 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐬𝐨𝐦𝐦𝐢𝐭é 𝐞𝐧 𝐥𝐚 𝐦𝐚𝐭𝐢é𝐫𝐞, 𝐒𝐚𝐥𝐞𝐦 𝐂𝐡𝐚𝐤𝐞𝐫 𝐞𝐧 𝐥’𝐨𝐜𝐜𝐮𝐫𝐫𝐞𝐧𝐜𝐞, 𝐨𝐮 𝐞𝐧𝐜𝐨𝐫𝐞 𝐀𝐛𝐝𝐞𝐫𝐫𝐞𝐳𝐚𝐤 𝐃𝐨𝐮𝐫𝐚𝐫𝐢 𝐪𝐮𝐢, 𝐥𝐮𝐢, 𝐚 𝐮𝐧𝐞 𝐭𝐨𝐮𝐭𝐞 𝐚𝐮𝐭𝐫𝐞 𝐨𝐩𝐢𝐧𝐢𝐨𝐧 𝐬𝐮𝐫 𝐥𝐚 𝐪𝐮𝐞𝐬𝐭𝐢𝐨𝐧.
𝐐𝐮’𝐞𝐧 𝐩𝐞𝐧𝐬𝐞𝐳–𝐯𝐨𝐮𝐬 ?
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Oui. C’est vrai que l’appellation « Tamazight » est la plus répandue dans le discours de ces berbèrisants que vous venez de citer et ce, depuis toujours. Mais, depuis, les données ont changé et la sociolinguistique est venue pour remettre en cause cette conception d’unicité de la langue amazighe. Désormais, chaque région enseigne sa propre langue, le kabyle en Kabylie, le chaoui chez les Chaouias, le touareg au Sud, etc. Donc, tamazight est beaucoup plus un référent ethnique et historique, pas une réalité linguistique homogène. Nous constatons bien l’avancée merveilleuse de la langue kabyle qui n’est plus au même stade des années 1970/1980. Aujourd’hui, nous assistons aux avancées qu’elle réalise, notamment dans le monde numérique et les nouvelles technologies. Plusieurs systèmes et applications sont déclinés en langue kabyle. Alors, cessons de réduire notre langue kabyle au rang de « dialecte » et assumons-la en tant que langue. Ce n’est ni de la politique, ni de la division, mais une réalité attestée par la sociolinguistique.
𝐂𝐞𝐭𝐭𝐞 𝐫é𝐚𝐥𝐢𝐭é 𝐬𝐨𝐜𝐢𝐨𝐥𝐢𝐧𝐠𝐮𝐢𝐬𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐢𝐧𝐝𝐮𝐢𝐭–𝐞𝐥𝐥𝐞, 𝐝𝐞 𝐟𝐚𝐢𝐭, 𝐮𝐧 𝐫é𝐚𝐣𝐮𝐬𝐭𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐬𝐩é𝐜𝐢𝐟𝐢𝐪𝐮𝐞 à 𝐥𝐚 𝐥𝐚𝐧𝐠𝐮𝐞 𝐤𝐚𝐛𝐲𝐥𝐞 𝐚𝐮 𝐧𝐢𝐯𝐞𝐚𝐮 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐠𝐫𝐚𝐩𝐡𝐢𝐞 𝐞𝐭 𝐝𝐞 𝐬𝐨𝐧 𝐚𝐥𝐩𝐡𝐚𝐛𝐞𝐭, 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞 𝐩𝐚𝐫 𝐞𝐱𝐞𝐦𝐩𝐥𝐞 𝐥𝐚 𝐪𝐮𝐞𝐬𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞 𝐥’𝐢𝐧𝐭𝐫𝐨𝐝𝐮𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞 𝐜𝐞𝐫𝐭𝐚𝐢𝐧𝐞𝐬 𝐥𝐞𝐭𝐭𝐫𝐞𝐬 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞 𝐥𝐞 « 𝐯 » 𝐪𝐮𝐞 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐚𝐯𝐞𝐳 𝐝é𝐟𝐞𝐧𝐝𝐮 𝐞𝐭 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐥𝐞𝐪𝐮𝐞𝐥 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐚𝐯𝐞𝐳–𝐯𝐨𝐮𝐬–𝐦ê𝐦𝐞𝐬 𝐨𝐩𝐭é 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐯𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐥𝐢𝐯𝐫𝐞 «𝑻𝒂𝒒𝒗𝒂𝒚𝒍𝒊𝒕, 𝒊𝒍𝒆𝒔 𝒅 𝒚𝒊𝒅𝒍𝒆𝒔 » ?
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Le débat sur cette question risque de prendre beaucoup de temps, pourtant elle est simple. Du moment que le caractère adopté pour transcrire Taqvaylit est l’alphabet latin, la lettre « v » en fait partie, je ne vois pas de raison pour l’exclure. Quant aux adeptes de Tamɛemrit qui écrivent le « b » au lieu du « v », ils le font par respect à feu Mouloud Mammeri qui a fait ce choix dans le seul objectif d’unifier l’orthographe, vu que les Chaouis et les Mozabites ne prononcent pas le son « v ». Donc, ça ne relève en aucun cas d’un choix scientifique. Personnellement, j’ai opté pour le « v » car je sais bien distinguer entre « Vava » et « baba », « taqvaylit » et « taqbaylit »…
𝐏𝐨𝐮𝐫𝐭𝐚𝐧𝐭, 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐚 𝐭𝐫𝐚𝐝𝐮𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞 « 𝑳𝒆𝒔 𝒏𝒖𝒊𝒕𝒔 𝒃𝒍𝒂𝒏𝒄𝒉𝒆𝒔 » 𝐝𝐞 𝐅. 𝐃𝐨𝐬𝐭𝐨ï𝐞𝐯𝐬𝐤𝐢 𝐪𝐮𝐞 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐯𝐞𝐧𝐞𝐳 𝐝𝐞 𝐩𝐮𝐛𝐥𝐢𝐞𝐫, 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐚𝐯𝐞𝐳 𝐭𝐨𝐭𝐚𝐥𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 é𝐜𝐚𝐫𝐭é 𝐥𝐞 « 𝐯 » 𝐚𝐮 𝐩𝐫𝐨𝐟𝐢𝐭 𝐝𝐮 « 𝐛 ».
𝐍’𝐞𝐬𝐭–𝐜𝐞 𝐩𝐚𝐬 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐚𝐝𝐢𝐜𝐭𝐨𝐢𝐫𝐞 𝐚𝐯𝐞𝐜 𝐜𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐯𝐞𝐧𝐞𝐳 𝐝’𝐚𝐟𝐟𝐢𝐫𝐦𝐞𝐫 ?
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Comme vous dites, ça peut paraître contradictoire lorsqu’on ignore la réalité des faits. La raison est que « Taqvaylit, iles d yidles » a été édité à compte d’auteur. Donc, j’étais libre et responsable à la fois du choix du « v ». Mais, ce n’est pas le cas de mon dernier livre « Uḍan n tziri » qui est édité par une maison d’édition qui a exigé le respect de l’orthographe adopté par Mammeri. Toute la contrainte réside là. Dans le cas contraire, le livre serait rejeté par la commission, donc il ne serait pas édité. J’ai laissé faire, pourvu que le livre soit publié. Quant à cette histoire de caractère, je sais que ça va durer encore pour pouvoir l’imposer au large public.
𝐄𝐧 𝐞𝐟𝐟𝐞𝐭, 𝐛𝐞𝐚𝐮𝐜𝐨𝐮𝐩 𝐝’𝐚𝐮𝐭𝐞𝐮𝐫𝐬 𝐤𝐚𝐛𝐲𝐥𝐞𝐬 𝐨𝐧𝐭 𝐞𝐮 à 𝐟𝐚𝐢𝐫𝐞 à 𝐜𝐞 𝐩𝐡é𝐧𝐨𝐦é𝐧𝐞 : 𝐏𝐨𝐮𝐫 ê𝐭𝐫𝐞 é𝐝𝐢𝐭é, 𝐥’𝐚𝐮𝐭𝐞𝐮𝐫 𝐝𝐨𝐢𝐭 𝐝𝐨𝐧𝐜 𝐫𝐞𝐧𝐨𝐧𝐜𝐞𝐫 𝐚 𝐬𝐞𝐬 𝐜𝐡𝐨𝐢𝐱 𝐞𝐭 𝐬𝐞 𝐩𝐥𝐢𝐞𝐫 à 𝐭𝐨𝐮𝐭 𝐜𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐥’é𝐝𝐢𝐭𝐞𝐮𝐫 𝐢𝐦𝐩𝐨𝐬𝐞, 𝐲 𝐜𝐨𝐦𝐩𝐫𝐢𝐬 𝐞𝐧 𝐜𝐞 𝐪𝐮𝐢 𝐜𝐨𝐧𝐜𝐞𝐫𝐧𝐞 𝐥𝐞𝐬 𝐚𝐬𝐩𝐞𝐜𝐭𝐬 𝐪𝐮𝐢 𝐧𝐞 𝐥𝐞 𝐜𝐨𝐧𝐜𝐞𝐫𝐧𝐞𝐧𝐭 𝐩𝐚𝐬.
𝐍’𝐞𝐬𝐭–𝐜𝐞 𝐩𝐚𝐬 𝐥à, 𝐮𝐧 𝐝𝐢𝐤𝐭𝐚𝐭 𝐩𝐮𝐫𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐢𝐝é𝐨𝐥𝐨𝐠𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐪𝐮’𝐞𝐱𝐞𝐫𝐜𝐞𝐧𝐭 𝐜𝐞𝐫𝐭𝐚𝐢𝐧𝐬 é𝐝𝐢𝐭𝐞𝐮𝐫𝐬 𝐤𝐚𝐛𝐲𝐥𝐞𝐬 𝐬𝐮𝐫 𝐮𝐧𝐞 𝐩𝐚𝐫𝐭𝐢𝐞 𝐝𝐞𝐬 𝐚𝐮𝐭𝐞𝐮𝐫𝐬 𝐤𝐚𝐛𝐲𝐥𝐞𝐬 ?
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Un diktat ! Je ne pense pas. C’est la norme qui a été choisie et ce, depuis l’apparition de la grammaire de feu Mouloud Mammeri. Ce n’est pas facile de rompre avec la tradition et ce, dans tous les domaines. Hélas, l’auteur kabyle est soumis aussi à ces lois. C’est pour ça que je dis que le chemin est encore long, mais le « v » finira par reprendre sa place. Je vois déjà beaucoup d’amis qui ont adopté le « v », notamment sur les réseaux sociaux. Donc, ce n’est qu’une question de temps.
𝐓𝐨𝐮𝐭𝐞 𝐞𝐱𝐢𝐠𝐞𝐧𝐜𝐞 𝐚𝐛𝐬𝐨𝐥𝐮𝐞 𝐢𝐦𝐩𝐨𝐬é𝐞 𝐩𝐚𝐫 𝐥𝐞 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐟𝐨𝐫𝐭, 𝐢𝐜𝐢 𝐥’é𝐝𝐢𝐭𝐞𝐮𝐫, 𝐚𝐮 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐟𝐚𝐢𝐛𝐥𝐞, 𝐥’𝐚𝐮𝐭𝐞𝐮𝐫, 𝐞𝐭 𝐧’𝐚𝐲𝐚𝐧𝐭 𝐚𝐮𝐜𝐮𝐧𝐞 𝐣𝐮𝐬𝐭𝐢𝐟𝐢𝐜𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐚𝐮𝐭𝐫𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐜𝐞𝐭 𝐢𝐧𝐜𝐫𝐨𝐲𝐚𝐛𝐥𝐞 𝐫𝐚𝐩𝐩𝐨𝐫𝐭 𝐝𝐞 𝐬𝐮𝐛𝐨𝐫𝐝𝐢𝐧𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐪𝐮𝐢 𝐧’𝐞𝐱𝐢𝐬𝐭𝐞 𝐧𝐮𝐥𝐥𝐞 𝐩𝐚𝐫𝐭 𝐚𝐢𝐥𝐥𝐞𝐮𝐫𝐬 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐜𝐞 𝐝𝐨𝐦𝐚𝐢𝐧𝐞, 𝐧𝐞 𝐩𝐞𝐮𝐭 𝐬’𝐚𝐩𝐩𝐞𝐥𝐞𝐫 𝐪𝐮𝐞 𝐝𝐢𝐤𝐭𝐚𝐭, 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐧𝐞 𝐩𝐞𝐧𝐬𝐞𝐳 𝐩𝐚𝐬 ?
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Pas à ce point. Je ne peux qualifier ça de dictat. Le dictat c’est lorsqu’on impose quelque chose qui sort de la norme. Ici, les éditeurs se réfèrent à ce qui est enseigné et écrit jusqu’à présent. Donc, il faut voir les choses de cet angle-là. Le temps nous dira plus sur cette question d’orthographe.
𝐔𝐧𝐞 𝐚𝐮𝐭𝐫𝐞 𝐪𝐮𝐞𝐬𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝é𝐜𝐨𝐮𝐥𝐞 𝐝𝐢𝐫𝐞𝐜𝐭𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐩𝐫é𝐜é𝐝𝐞𝐧𝐭𝐞 : 𝐣𝐮𝐬𝐪𝐮’𝐨ù 𝐥’é𝐜𝐫𝐢𝐯𝐚𝐢𝐧 𝐩𝐞𝐮𝐭–𝐢𝐥 𝐚𝐥𝐥𝐞𝐫 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐜𝐞𝐭𝐭𝐞 𝐚𝐭𝐭𝐢𝐭𝐮𝐝𝐞 𝐪𝐮𝐢 𝐫𝐞𝐬𝐬𝐞𝐦𝐛𝐥𝐞 à 𝐮𝐧𝐞 𝐬𝐨𝐮𝐦𝐢𝐬𝐬𝐢𝐨𝐧 𝐚𝐮𝐱 𝐞𝐱𝐢𝐠𝐞𝐧𝐜𝐞𝐬 𝐞𝐱𝐭𝐫𝐚 𝐩𝐫é𝐫𝐨𝐠𝐚𝐭𝐢𝐯𝐞𝐬 𝐝𝐞𝐬 é𝐝𝐢𝐭𝐞𝐮𝐫𝐬 ? 𝐀𝐮𝐭𝐫𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐢𝐭, 𝐭𝐨𝐮𝐭 𝐚𝐜𝐜𝐞𝐩𝐭𝐞𝐫 𝐩𝐨𝐮𝐫 ê𝐭𝐫𝐞 é𝐝𝐢𝐭é, 𝐞𝐬𝐭–𝐜𝐞 𝐝𝐮 𝐩𝐫𝐚𝐠𝐦𝐚𝐭𝐢𝐬𝐦𝐞 𝐨𝐮 𝐝𝐞 𝐥’𝐢𝐧𝐝𝐢𝐯𝐢𝐝𝐮𝐚𝐥𝐢𝐬𝐦𝐞 𝐟𝐨𝐫𝐜𝐞𝐧é ?
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Comme je viens de dire, le problème ne réside pas au niveau de l’éditeur. Ce dernier ne fait que suivre les normes proposées et adoptées par les « académiciens ». Certes, c’est un inconvénient pour l’auteur quant aux choix de son écriture, mais ça ne peut pas freiner sa motivation à écrire et produire davantage. Au pire, il peut éditer à son compte d’auteur sans passer par une maison d’éditions.
𝐕𝐨𝐮𝐬 𝐧’𝐚𝐯𝐞𝐳 𝐩𝐚𝐬 𝐫é𝐩𝐨𝐧𝐝𝐮 à 𝐥𝐚 𝐪𝐮𝐞𝐬𝐭𝐢𝐨𝐧…
𝐑𝐞𝐯𝐞𝐧𝐨𝐧𝐬, 𝐬𝐢 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐥𝐞 𝐯𝐨𝐮𝐥𝐞𝐳 𝐛𝐢𝐞𝐧, à 𝐯𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐭𝐫𝐚𝐝𝐮𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞 « 𝑳𝒆𝒔 𝒏𝒖𝒊𝒕𝒔 𝒃𝒍𝒂𝒏𝒄𝒉𝒆𝒔 » 𝐝𝐞 𝐅𝐢𝐨𝐝𝐨𝐫 𝐃𝐨𝐬𝐭𝐨ï𝐞𝐯𝐬𝐤𝐢, 𝐩𝐚𝐫𝐮𝐞 𝐫é𝐜𝐞𝐦𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐚𝐮𝐱 é𝐝𝐢𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐓𝐚𝐥𝐬𝐚. 𝐃é𝐣à, 𝐥𝐞 𝐟𝐚𝐢𝐭 𝐪𝐮𝐞 𝐜𝐞 𝐥𝐢𝐯𝐫𝐞 𝐬𝐨𝐢𝐭 𝐩𝐞𝐭𝐢𝐭, 𝐦𝐨𝐢𝐧𝐬 𝐝’𝐮𝐧𝐞 𝐜𝐞𝐧𝐭𝐚𝐢𝐧𝐞 𝐝𝐞 𝐩𝐚𝐠𝐞𝐬 𝐬𝐞𝐮𝐥𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭, 𝐚𝐮𝐫𝐚𝐢𝐭–𝐢𝐥 é𝐭é 𝐝é𝐭𝐞𝐫𝐦𝐢𝐧𝐚𝐧𝐭 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐯𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐜𝐡𝐨𝐢𝐱 𝐝𝐞 𝐭𝐫𝐚𝐝𝐮𝐢𝐫𝐞 𝐜𝐞𝐭𝐭𝐞 œ𝐮𝐯𝐫𝐞 𝐞𝐭 𝐧𝐨𝐧 𝐮𝐧𝐞 𝐚𝐮𝐭𝐫𝐞 ?
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Certes, le petit format est déterminant dans le choix de le traduire, car ça ne nécessite pas beaucoup de temps comme ça aurait été le cas si c’était « L’idiot » ou « Les frères Karamazov », mais, il n’y a pas que cela. La première motivation, c’était surtout l’histoire. Une belle romance avec des dialogues très poétiques et philosophiques à la fois. Au début, je ne savais pas ce que ça va donner. C’est une fois édité, que j’ai su à quel point c’est intéressant. Disons que j’ai réussi un pari face à moi-même.
𝐂𝐞𝐭𝐭𝐞 𝐭𝐫𝐚𝐝𝐮𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧, 𝐥’𝐚𝐯𝐞𝐳–𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐟𝐚𝐢𝐭𝐞 à 𝐩𝐚𝐫𝐭𝐢𝐫 𝐝𝐞 𝐥’œ𝐮𝐯𝐫𝐞 𝐨𝐫𝐢𝐠𝐢𝐧𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐝𝐞 𝐅𝐢𝐨𝐝𝐨𝐫 𝐃𝐨𝐬𝐭𝐨ï𝐞𝐯𝐬𝐤𝐢, 𝐝𝐨𝐧𝐜 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐥𝐚𝐧𝐠𝐮𝐞 𝐫𝐮𝐬𝐬𝐞 ?
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Pas du tout. C’était à partir d’une traduction française.
𝐕𝐨𝐮𝐬 𝐜𝐨𝐧𝐧𝐚𝐢𝐬𝐬𝐞𝐳 𝐩𝐞𝐮𝐭–ê𝐭𝐫𝐞 𝐥’𝐚𝐝𝐚𝐠𝐞 𝐢𝐭𝐚𝐥𝐢𝐞𝐧 𝐪𝐮𝐢 𝐝𝐢𝐭 « 𝑻𝒓𝒂𝒅𝒖𝒕𝒕𝒐𝒓𝒆, 𝒕𝒓𝒂𝒅𝒊𝒕𝒐𝒓𝒆 » 𝐡𝐚𝐛𝐢𝐭𝐮𝐞𝐥𝐥𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐫𝐞𝐩𝐫𝐢𝐬 𝐬𝐨𝐮𝐬 𝐥‘𝐞𝐱𝐩𝐫𝐞𝐬𝐬𝐢𝐨𝐧 : « 𝒕𝒓𝒂𝒅𝒖𝒊𝒓𝒆, 𝒄’𝒆𝒔𝒕 𝒕𝒓𝒂𝒉𝒊𝒓 ». 𝐄𝐧 𝐞𝐟𝐟𝐞𝐭, 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐞𝐬 𝐦𝐢𝐥𝐢𝐞𝐮𝐱 𝐥𝐢𝐭𝐭é𝐫𝐚𝐢𝐫𝐞𝐬, 𝐭𝐨𝐮𝐭 𝐥𝐞 𝐦𝐨𝐧𝐝𝐞 𝐬𝐚𝐢𝐭 𝐪𝐮𝐞 𝐥𝐚 𝐝𝐢𝐟𝐟é𝐫𝐞𝐧𝐜𝐞 𝐞𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐮𝐧 𝐭𝐞𝐱𝐭𝐞 𝐞𝐭 𝐬𝐞𝐬 𝐭𝐫𝐚𝐝𝐮𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐩𝐨𝐬𝐬𝐢𝐛𝐥𝐞𝐬, 𝐞𝐬𝐭 𝐚𝐮𝐬𝐬𝐢 𝐢𝐫𝐫é𝐝𝐮𝐜𝐭𝐢𝐛𝐥𝐞 𝐪𝐮’𝐢𝐧é𝐥𝐮𝐜𝐭𝐚𝐛𝐥𝐞, 𝐜𝐞𝐜𝐢 𝐪𝐮𝐚𝐧𝐝 𝐨𝐧 𝐭𝐫𝐚𝐝𝐮𝐢𝐭 𝐝𝐢𝐫𝐞𝐜𝐭𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐞 𝐥’œ𝐮𝐯𝐫𝐞 𝐝’𝐨𝐫𝐢𝐠𝐢𝐧𝐞, 𝐨𝐫 𝐯𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐭𝐫𝐚𝐝𝐮𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐞𝐬𝐭 𝐮𝐧𝐞 𝐭𝐫𝐚𝐝𝐮𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 à 𝐩𝐚𝐫𝐭𝐢𝐫 𝐝’𝐮𝐧𝐞 𝐚𝐮𝐭𝐫𝐞 𝐭𝐫𝐚𝐝𝐮𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 ! 𝐃𝐚𝐧𝐬 𝐜𝐞 𝐜𝐚𝐬, 𝐪𝐮𝐞 𝐫𝐞𝐬𝐭𝐞–𝐭–𝐢𝐥 𝐝𝐞 « 𝑩𝒆𝒍𝒚𝒆 𝒏𝒐𝒄𝒉𝒊 » 𝐝𝐞 𝟏𝟖𝟒𝟖 ?
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Oui, beaucoup le disent. Personnellement je ne suis pas de cet avis. Pourquoi. Certes, la traduction n’est jamais fidèle au texte initial, mais elle assure parfaitement la transposition de l’histoire, notamment dans la littérature. Un roman ou une nouvelle, c’est d’abord une histoire. Il reste le côté style et poétique du récit, là, ça relève de la compétence du traducteur. Prenons l’exemple de « Les nuits blanches » que j’ai traduit, non seulement j’ai reproduit la même histoire, mais j’ai veillé aussi à garder la même poétique. Les premiers lecteurs qui l’ont lu, m’ont fait déjà savoir à quel point ils sont émerveillés par cette traduction.
𝐄𝐧𝐜𝐨𝐫𝐞 𝐮𝐧𝐞 𝐟𝐨𝐢𝐬, 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐧’𝐚𝐯𝐞𝐳 𝐩𝐚𝐬 𝐭𝐫𝐚𝐝𝐮𝐢𝐭 𝐥𝐞 𝐥𝐢𝐯𝐫𝐞 𝐝𝐞 𝐃𝐨𝐬𝐭𝐨ï𝐞𝐯𝐬𝐤𝐢, 𝐦𝐚𝐢𝐬 𝐬𝐚 𝐭𝐫𝐚𝐝𝐮𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐞𝐧 𝐟𝐫𝐚𝐧ç𝐚𝐢𝐬, 𝐜𝐞 𝐪𝐮𝐢 𝐚𝐜𝐜𝐞𝐧𝐭𝐮𝐞 𝐝𝐚𝐯𝐚𝐧𝐭𝐚𝐠𝐞 𝐥𝐞𝐬 𝐫𝐢𝐬𝐪𝐮𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐬’é𝐥𝐨𝐢𝐠𝐧𝐞𝐫 𝐝𝐞 𝐥’é𝐜𝐫𝐢𝐭 𝐩𝐚𝐫𝐮 𝐞𝐧 𝟏𝟖𝟒𝟖, 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐧𝐞 𝐭𝐫𝐨𝐮𝐯𝐞𝐳 𝐩𝐚𝐬 ?
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Au fait, ça se passe comme ça un peu partout dans le monde. Ce sont souvent des traductions dans des langues accessibles et maîtrisées à la fois qui ont fait l’objet d’une traduction dans des langues locales. Autrement, ce n’est pas possible. Comment traduire Garcia Marquez ou Han Kang si on ne maîtrise pas la langue espagnole ou coréenne ? Donc, il faut passer impérativement par la version française qui nous est aussi familière et assez poétique comme notre langue Taqvaylit.
𝐀𝐢𝐥𝐥𝐞𝐮𝐫𝐬, 𝐥𝐚 𝐭𝐫𝐚𝐝𝐮𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐞𝐬𝐭 𝐭𝐨𝐮𝐣𝐨𝐮𝐫𝐬 𝐟𝐚𝐢𝐭𝐞 à 𝐩𝐚𝐫𝐭𝐢𝐫 𝐝𝐞 𝐥’œ𝐮𝐯𝐫𝐞 𝐢𝐧𝐢𝐭𝐢𝐚𝐥𝐞 : 𝐬𝐨𝐢𝐭 𝐥𝐞 𝐭𝐫𝐚𝐝𝐮𝐜𝐭𝐞𝐮𝐫 𝐩𝐨𝐬𝐬é𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐦𝐚𝐢̂𝐭𝐫𝐢𝐬𝐞 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐥𝐚𝐧𝐠𝐮𝐞 𝐝𝐞 𝐥’𝐚𝐮𝐭𝐞𝐮𝐫, 𝐬𝐨𝐢𝐭 𝐢𝐥 𝐬𝐞 𝐟𝐚𝐢𝐭 𝐬𝐞𝐜𝐨𝐧𝐝𝐞𝐫 𝐩𝐚𝐫 𝐪𝐮𝐞𝐥𝐪𝐮’𝐮𝐧 𝐝’𝐚𝐮𝐭𝐫𝐞 𝐪𝐮𝐢 𝐚 𝐚𝐜𝐜é𝐬 à 𝐜𝐞𝐭𝐭𝐞 𝐥𝐚𝐧𝐠𝐮𝐞, 𝐮𝐧 𝐢𝐧𝐭𝐞𝐫𝐩𝐫é𝐭𝐞 𝐞𝐧 𝐪𝐮𝐞𝐥𝐪𝐮𝐞 𝐬𝐨𝐫𝐭𝐞. 𝐋’𝐢𝐧𝐭𝐞𝐧𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞 𝐜𝐞𝐮𝐱 𝐪𝐮𝐢 𝐭𝐫𝐚𝐝𝐮𝐢𝐬𝐞𝐧𝐭 𝐞𝐧 𝐤𝐚𝐛𝐲𝐥𝐞 𝐞𝐬𝐭 𝐛𝐨𝐧𝐧𝐞, 𝐦𝐚𝐢𝐬 𝐥𝐞𝐬 𝐦é𝐭𝐡𝐨𝐝𝐞𝐬 𝐬𝐨𝐧𝐭 𝐪𝐮𝐞𝐥𝐪𝐮𝐞 𝐩𝐞𝐮 𝐩𝐫𝐨𝐛𝐥é𝐦𝐚𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞𝐬… N𝐞 𝐩𝐞𝐧𝐬𝐞𝐳–𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐩𝐚𝐬 𝐪𝐮𝐞 𝐜’𝐞𝐬𝐭 𝐥𝐞𝐮𝐫 𝐦é𝐜𝐨𝐧𝐧𝐚𝐢𝐬𝐬𝐚𝐧𝐜𝐞 𝐝𝐞 𝐜𝐞 𝐝𝐨𝐦𝐚𝐢𝐧𝐞 𝐪𝐮𝐢 𝐞𝐬𝐭 à 𝐥’𝐨𝐫𝐢𝐠𝐢𝐧𝐞 𝐝𝐞 𝐥𝐞𝐮𝐫𝐬 𝐦𝐚𝐧𝐪𝐮𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭𝐬 𝐚𝐮𝐱 𝐮𝐬𝐚𝐠𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐭𝐫𝐚𝐝𝐮𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 ?
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Pas du tout. D’ailleurs ce ne sont pas toutes les œuvres étrangères qui sont traduites à partir de la langue d’origine. Et puis, il suffit de lire « Averrani » d’Albert Camus, « Amɣar d yilel » d’Hernest Hemingway ou « Aranku » de Paolo Coelho qui sont pourtant traduits à partir de la langue française, pour s’étonner de la beauté de ces grandes œuvres universelles qui sont rendues magistralement accessibles dans notre langue Taqvaylit. Comme je viens de dire plus haut, l’histoire et les idées restent les mêmes. Le travail du traducteur se focalise beaucoup plus sur le côté esthétique de l’œuvre.
𝐃𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐚 𝐥𝐢𝐭𝐭é𝐫𝐚𝐭𝐮𝐫𝐞, 𝐥𝐞 𝐬𝐨𝐮𝐜𝐢 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐭𝐫𝐚𝐝𝐮𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝é𝐩𝐚𝐬𝐬𝐞 𝐛𝐞𝐚𝐮𝐜𝐨𝐮𝐩 𝐥𝐞 𝐣𝐮𝐠𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐞𝐬𝐭𝐡é𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐞 𝐬𝐞𝐧𝐬 𝐤𝐚𝐧𝐭𝐢𝐞𝐧 𝐝𝐮 𝐭𝐞𝐫𝐦𝐞… 𝐦𝐚𝐢𝐬, 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐫𝐞𝐯𝐞𝐧𝐢𝐫 𝐮𝐧 𝐩𝐞𝐮 à 𝐜𝐞 𝐥𝐨𝐧𝐠 𝐭𝐞𝐱𝐭𝐞 𝐝𝐞 𝐅𝐢𝐨𝐝𝐨𝐫 𝐃𝐨𝐬𝐭𝐨ï𝐞𝐯𝐬𝐤𝐢, 𝐪𝐮𝐞𝐥 𝐫𝐞𝐠𝐚𝐫𝐝 𝐜𝐫𝐢𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞, 𝐝𝐮 𝐩𝐨𝐢𝐧𝐭 𝐝𝐞 𝐯𝐮𝐞 𝐥𝐢𝐭𝐭é𝐫𝐚𝐢𝐫𝐞 𝐞𝐭 𝐩𝐡𝐢𝐥𝐨𝐬𝐨𝐩𝐡𝐢𝐪𝐮𝐞, 𝐩𝐨𝐫𝐭𝐞𝐳–𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐬𝐮𝐫 𝐥𝐞 𝐟𝐨𝐧𝐝 𝐞𝐭 𝐜𝐞, 𝐚𝐮–𝐝𝐞𝐥à 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐫𝐨𝐦𝐚𝐧𝐜𝐞 ?
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Évidemment ça dépasse le stade d’une romance, d’où mon choix. Au-delà de l’histoire d’un amour déçu, vécu par le narrateur, le roman porte un regard philosophique existentialiste sur la solitude. Le mal de se sentir seul même si nous sommes entourés d’autres personnes. Le mal de négliger les petites belles choses de la vie jusqu’au jour où on se rend compte que nous avons perdu notre temps et qu’on est passé à côté de la vie. Tout ça est mijoté à petit feu avec des dialogues très poétiques. Franchement, c’est un chef-d’œuvre qui mérite d’être traduit et mis en valeur dans notre chère langue.
𝐄𝐧 𝐦ê𝐦𝐞 𝐭𝐞𝐦𝐩𝐬, « 𝑳𝒆𝒔 𝒏𝒖𝒊𝒕𝒔 𝒃𝒍𝒂𝒏𝒄𝒉𝒆𝒔 » 𝐧𝐞 𝐟𝐚𝐢𝐭 𝐩𝐚𝐬 𝐯𝐫𝐚𝐢𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐩𝐚𝐫𝐭𝐢𝐞 𝐝𝐞𝐬 œ𝐮𝐯𝐫𝐞𝐬 𝐦𝐚𝐣𝐞𝐮𝐫𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐃𝐨𝐬𝐭𝐨ï𝐞𝐯𝐬𝐤𝐢, 𝐜𝐞 𝐧’𝐞𝐬𝐭 𝐦ê𝐦𝐞 𝐩𝐚𝐬 𝐮𝐧 𝐫𝐨𝐦𝐚𝐧, 𝐜’𝐞𝐬𝐭 𝐣𝐮𝐬𝐭𝐞 𝐮𝐧𝐞 𝐬𝐞𝐮𝐥𝐞 𝐧𝐨𝐮𝐯𝐞𝐥𝐥𝐞, 𝐜𝐞𝐫𝐭𝐞𝐬 𝐥𝐨𝐧𝐠𝐮𝐞 𝐞𝐭 𝐭𝐨𝐮𝐜𝐡𝐚𝐧𝐭𝐞, 𝐦𝐚𝐢𝐬 𝐜’𝐞𝐬𝐭 𝐮𝐧𝐞 𝐧𝐨𝐮𝐯𝐞𝐥𝐥𝐞.
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : La question du genre diffère d’une culture à une autre. Dire que c’est une nouvelle pour un récit de 100 pages, en plus il y’a plusieurs intrigues et des dialogues aussi longs… Ça correspond beaucoup plus à un roman.
𝐏𝐨𝐮𝐫 ê𝐭𝐫𝐞 𝐩𝐫é𝐜𝐢𝐬, 𝐜𝐞𝐭𝐭𝐞 𝐧𝐨𝐮𝐯𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐝𝐞 𝐃𝐨𝐬𝐭𝐨ï𝐞𝐯𝐬𝐤𝐢 𝐚 𝐞𝐧𝐭𝐫𝐞 𝟖𝟎 𝐞𝐭 𝟗𝟎 𝐩𝐚𝐠𝐞𝐬… 𝐦𝐚𝐢𝐬, 𝐜𝐞 𝐧’𝐞𝐬𝐭 𝐩𝐚𝐬 𝐭𝐚𝐧𝐭 – 𝐨𝐮 𝐪𝐮𝐞 – 𝐥𝐞 𝐧𝐨𝐦𝐛𝐫𝐞 𝐝𝐞 𝐩𝐚𝐠𝐞𝐬 𝐪𝐮𝐢 𝐝é𝐭𝐞𝐫𝐦𝐢𝐧𝐞 𝐥𝐚 𝐧𝐚𝐭𝐮𝐫𝐞 𝐞𝐭 𝐥𝐞 𝐠𝐞𝐧𝐫𝐞 𝐝’𝐮𝐧𝐞 œ𝐮𝐯𝐫𝐞, 𝐞𝐧 𝐭𝐨𝐮𝐭 𝐜𝐚𝐬 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐭𝐨𝐮𝐭𝐞𝐬 𝐥𝐞𝐬 𝐛𝐢𝐛𝐥𝐢𝐨𝐠𝐫𝐚𝐩𝐡𝐢𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐃𝐨𝐬𝐭𝐨ï𝐞𝐯𝐬𝐤𝐢, « 𝑳𝒆𝒔 𝒏𝒖𝒊𝒕𝒔 𝒃𝒍𝒂𝒏𝒄𝒉𝒆𝒔 » 𝐞𝐬𝐭 𝐜𝐥𝐚𝐬𝐬é𝐞 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞 𝐮𝐧𝐞 𝐧𝐨𝐮𝐯𝐞𝐥𝐥𝐞.
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Ok.
𝐕𝐨𝐮𝐬 𝐧’𝐞𝐧 𝐬𝐞𝐦𝐛𝐥𝐞𝐳 𝐩𝐚𝐬 𝐭𝐫é𝐬 𝐜𝐨𝐧𝐯𝐚𝐢𝐧𝐜𝐮…
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Ce n’est pas ça. Je maîtrise parfaitement cette question de genre. Je te rappelle que j’enseigne la littérature. Je sais que beaucoup qualifient ce livre de nouvelle, mais moi je le considère comme un roman et beaucoup d’autres pensent de même. Peu importe, c’est l’histoire et le style qui comptent le plus.
𝐂𝐨𝐧𝐬𝐢𝐝é𝐫𝐞𝐫 𝐜𝐞 𝐭𝐞𝐱𝐭𝐞 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞 𝐜𝐞 𝐪𝐮‘𝐢𝐥 𝐞𝐬𝐭, à 𝐬𝐚𝐯𝐨𝐢𝐫 𝐮𝐧𝐞 𝐧𝐨𝐮𝐯𝐞𝐥𝐥𝐞, 𝐧𝐞 𝐝𝐢𝐦𝐢𝐧𝐮𝐞 𝐞𝐧 𝐫𝐢𝐞𝐧 𝐬𝐚 𝐛𝐞𝐚𝐮𝐭é, 𝐞𝐧𝐜𝐨𝐫𝐞 𝐦𝐨𝐢𝐧𝐬 𝐥‘𝐞𝐟𝐟𝐨𝐫𝐭 𝐪𝐮𝐞 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐚𝐯𝐞𝐳 𝐟𝐨𝐮𝐫𝐧𝐢 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐥𝐞 𝐭𝐫𝐚𝐝𝐮𝐢𝐫𝐞 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐧𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐥𝐚𝐧𝐠𝐮𝐞, 𝐥𝐞 𝐤𝐚𝐛𝐲𝐥𝐞.
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Il était grand temps de le préciser ! À part ça, je ne renonce jamais à ce que je crois.
𝐋’é𝐜𝐫𝐢𝐯𝐚𝐢𝐧 𝐌𝐢𝐜𝐡𝐞𝐥 𝐃𝐞𝐥 𝐂𝐚𝐬𝐭𝐢𝐥𝐥𝐨 𝐬𝐨𝐮𝐥𝐢𝐠𝐧𝐞 𝐥𝐞 𝐟𝐚𝐢𝐭 𝐪𝐮𝐞 « 𝑳𝒆𝒔 𝒏𝒖𝒊𝒕𝒔 𝒃𝒍𝒂𝒏𝒄𝒉𝒆𝒔 𝒆𝒔𝒕 𝒖𝒏 𝒇𝒂𝒖𝒙 𝒓𝒐𝒎𝒂𝒏 𝒅’𝒂𝒎𝒐𝒖𝒓 », 𝐩𝐞𝐧𝐝𝐚𝐧𝐭 𝐪𝐮𝐞 𝐯𝐨𝐮𝐬, 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐚𝐯𝐞𝐳 𝐝é𝐜𝐥𝐚𝐫é (dans l’entretien au magazine en ligne Tangalt) : « 𝒊𝒍 𝒔’𝒂𝒈𝒊𝒕 𝒅’𝒖𝒏𝒆 𝒕𝒓è𝒔 𝒃𝒆𝒍𝒍𝒆 𝒉𝒊𝒔𝒕𝒐𝒊𝒓𝒆 𝒅’𝒂𝒎𝒐𝒖𝒓 ».
𝐐𝐮𝐢 𝐝’𝐞𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐚 𝐦𝐚𝐥 𝐜𝐨𝐦𝐩𝐫𝐢𝐬 𝐜𝐞 𝐥𝐢𝐯𝐫𝐞 ?
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : C’est certainement lui, car beaucoup de ceux qui ont lu cette œuvre ont apprécié l’histoire. Sauf que chacun a son propre jugement de l’amour. Effectivement, il s’agit d’un amour déçu. Toutes ces belles nuits blanches passées ensemble, à la fin, le narrateur protagoniste se voit quitter par sa bien-aimée, Nastenka, pour rejoindre son petit ami qu’elle a tant attendu. Il y a même un ami lecteur qui, après avoir lu ma traduction, m’a écrit ceci : « une belle histoire, mais Nastenka est une lâche ! ». Rien qu’un simple lecteur est touché par la fin triste de cette histoire. Vous comprenez maintenant pourquoi Michel Del Castillo l’a qualifiée de faux roman d’amour.
𝐋𝐞 𝐣𝐮𝐠𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐞 𝐌𝐢𝐜𝐡𝐞𝐥 𝐃𝐞𝐥 𝐂𝐚𝐬𝐭𝐢𝐥𝐥𝐨 𝐧’𝐞𝐬𝐭 𝐩𝐚𝐬 𝐜𝐞𝐥𝐮𝐢 𝐝’𝐮𝐧 𝐬𝐢𝐦𝐩𝐥𝐞 𝐥𝐞𝐜𝐭𝐞𝐮𝐫 𝐝𝐨𝐧𝐭 𝐥𝐞 𝐫𝐞𝐠𝐚𝐫𝐝 𝐬’𝐚𝐫𝐫ê𝐭𝐞 𝐭𝐨𝐮𝐣𝐨𝐮𝐫𝐬 à 𝐥’𝐚𝐬𝐩𝐞𝐜𝐭 𝐚𝐩𝐩𝐚𝐫𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐞 𝐥’𝐡𝐢𝐬𝐭𝐨𝐢𝐫𝐞, 𝐜𝐞 𝐪𝐮𝐢 𝐞𝐬𝐭 𝐩𝐫𝐨𝐩𝐫𝐞 à 𝐮𝐧𝐞 𝐥𝐞𝐜𝐭𝐮𝐫𝐞 𝐬𝐨𝐦𝐦𝐚𝐢𝐫𝐞 𝐝’𝐮𝐧𝐞 œ𝐮𝐯𝐫𝐞 𝐪𝐮𝐢 𝐞𝐬𝐭 𝐜𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐝’𝐮𝐧 𝐩𝐮𝐛𝐥𝐢𝐜 𝐩𝐞𝐮 𝐚𝐮 𝐟𝐚𝐢𝐭 𝐝𝐞𝐬 𝐬𝐮𝐛𝐭𝐢𝐥𝐢𝐭é𝐬 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐜𝐫𝐢𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐞𝐭 𝐝𝐞 𝐥’𝐚𝐧𝐚𝐥𝐲𝐬𝐞 𝐥𝐢𝐭𝐭é𝐫𝐚𝐢𝐫𝐞𝐬 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐞𝐬𝐪𝐮𝐞𝐥𝐥𝐞𝐬 𝐬’𝐞𝐬𝐭 𝐢𝐧𝐬𝐜𝐫𝐢𝐭 𝐥𝐞 𝐩𝐨𝐢𝐧𝐭 𝐝𝐞 𝐯𝐮𝐞 𝐝𝐞 𝐃𝐞𝐥 𝐂𝐚𝐬𝐭𝐢𝐥𝐥𝐨…
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Je sais. C’est un analyste, mais de là à dire que c’est un faux roman, je pense qu’il a tort. Un roman, c’est destiné pour un large lectorat avant d’être soumis à la critique littéraire. Sinon, ça reste son avis et j’ignore les raisons qui ont fait un tel jugement. Je ne peux pas dire plus que ça.
𝐃𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐞 𝐦ê𝐦𝐞 𝐞𝐧𝐭𝐫𝐞𝐭𝐢𝐞𝐧 𝐝𝐮 𝟎𝟗 𝐬𝐞𝐩𝐭𝐞𝐦𝐛𝐫𝐞 𝐝𝐞𝐫𝐧𝐢𝐞𝐫 (magazine en ligne Tangalt), 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐚𝐯𝐢𝐞𝐳 𝐝𝐢𝐭 : « 𝒅𝒂𝒏𝒔 𝒍’𝒉𝒊𝒔𝒕[…], 𝒊𝒍 𝒏𝒆 𝒔’𝒂𝒈𝒊𝒕 𝒑𝒂𝒔 𝒅𝒆 𝒏𝒖𝒊𝒕𝒔 𝒃𝒍𝒂𝒏𝒄𝒉𝒆𝒔. 𝑨𝒖 𝒄𝒐𝒏𝒕𝒓𝒂𝒊𝒓𝒆, 𝒍𝒆𝒔 𝒅𝒆𝒖𝒙 𝒑𝒆𝒓𝒔𝒐𝒏𝒏𝒂𝒈𝒆𝒔 𝒑𝒓𝒊𝒏𝒄𝒊𝒑𝒂𝒖𝒙 𝒅𝒖 𝒓𝒐𝒎𝒂𝒏 𝒔𝒆 𝒓𝒆𝒏𝒄𝒐𝒏𝒕𝒓𝒆𝒏𝒕 𝒍𝒂 𝒏𝒖𝒊𝒕 à 𝒍𝒂 𝒍𝒖𝒎𝒊è𝒓𝒆 𝒅𝒆 𝒍𝒂 𝒍𝒖𝒏𝒆 𝒑𝒖𝒊𝒔 𝒔𝒆 𝒔é𝒑𝒂𝒓𝒆𝒏𝒕 𝒑𝒐𝒖𝒓 𝒒𝒖𝒆 𝒄𝒉𝒂𝒄𝒖𝒏 𝒓𝒆𝒏𝒕𝒓𝒆 𝒄𝒉𝒆𝒛 𝒍𝒖𝒊. », 𝐝’𝐨ù 𝐥𝐞 𝐜𝐡𝐨𝐢𝐱 𝐝𝐮 𝐭𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐞𝐧 𝐤𝐚𝐛𝐲𝐥𝐞 « 𝑼𝒅̣𝒂𝒏 𝒏 𝒕𝒛𝒊𝒓𝒊 ». 𝐎𝐫, 𝐥𝐞 𝐭𝐢𝐭𝐫𝐞 « 𝑳𝒆𝒔 𝒏𝒖𝒊𝒕𝒔 𝒃𝒍𝒂𝒏𝒄𝒉𝒆𝒔 » 𝐝𝐨𝐧𝐧é 𝐩𝐚𝐫 𝐅𝐢𝐨𝐝𝐨𝐫 𝐃𝐨𝐬𝐭𝐨ï𝐞𝐯𝐬𝐤𝐢 à 𝐬𝐚 𝐧𝐨𝐮𝐯𝐞𝐥𝐥𝐞, 𝐫𝐞𝐧𝐯𝐨𝐢𝐞 à 𝐭𝐨𝐮𝐭 𝐚𝐮𝐭𝐫𝐞 𝐜𝐡𝐨𝐬𝐞…
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Je ne pense pas que Dostoïevski, à travers son titre, renvoyait à autre chose. Et puis, il faut savoir une chose, lorsqu’on traduit une œuvre, on n’est pas censé comprendre les intentions et les motivations de son auteur sur le choix de son titre, ni même sur le fond de son histoire. Ce sont des détails que seul l’auteur connait. Donc, dans mes propos, j’avais expliqué mon choix du titre que j’ai traduit par « Uḍan n tziri » et non « Uḍan imellalen » qui n’est qu’un calque de « nuits blanches » et ce, en réponse à quelques personnes qui se sont précipitées à critiquer le titre avant même de lire l’œuvre entière, pire encore, ils n’ont même pas lu la version française. Dans le langage courant, c’est très connu que lorsque quelqu’un déclare qu’il a passé « une nuit blanche », on comprend directement qu’il n’a pas dormi la nuit. Or, ce n’est pas le cas dans « Les nuits blanches » de Dostoïevski. C’est ça que j’ai voulu expliquer, tout simplement.
𝐏𝐨𝐮𝐫 𝐃𝐨𝐬𝐭𝐨ï𝐞𝐯𝐬𝐤𝐢, 𝐢𝐥 𝐧’𝐲 𝐞𝐬𝐭 𝐪𝐮𝐞𝐬𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐧𝐢 𝐝𝐞 𝐯𝐞𝐢𝐥𝐥𝐞, 𝐧𝐢 𝐝𝐞 𝐥𝐮𝐧𝐞, « les nuits blanches de Petersbourg » é𝐭𝐚𝐧𝐭 𝐭𝐨𝐮𝐭 𝐬𝐢𝐦𝐩𝐥𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐮𝐧 𝐩𝐡é𝐧𝐨𝐦é𝐧𝐞 𝐧𝐚𝐭𝐮𝐫𝐞𝐥 𝐚𝐧𝐧𝐮𝐞𝐥 𝐪𝐮𝐢 𝐚 𝐥𝐢𝐞𝐮 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐜𝐞𝐭𝐭𝐞 𝐯𝐢𝐥𝐥𝐞 𝐞𝐭 𝐬𝐞𝐬 𝐞𝐧𝐯𝐢𝐫𝐨𝐧𝐬, 𝐞𝐭 𝐜‘𝐞𝐬𝐭 𝐩𝐞𝐧𝐝𝐚𝐧𝐭 𝐥𝐚 𝐩é𝐫𝐢𝐨𝐝𝐞 𝐨ù 𝐜𝐞 𝐩𝐡é𝐧𝐨𝐦é𝐧𝐞 𝐚 𝐥𝐢𝐞𝐮 𝐪𝐮𝐞 𝐥‘𝐡𝐢𝐬𝐭𝐨𝐢𝐫𝐞 𝐬𝐞 𝐝é𝐫𝐨𝐮𝐥𝐞. 𝐏𝐚𝐫 𝐜𝐨𝐧𝐬é𝐪𝐮𝐞𝐧𝐭, 𝐜𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐝𝐢𝐭𝐞𝐬 𝐞𝐬𝐭 𝐪𝐮𝐞𝐥𝐪𝐮𝐞 𝐩𝐞𝐮 é𝐥𝐨𝐢𝐠𝐧é 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐧𝐨𝐮𝐯𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐝𝐞 𝐃𝐨𝐬𝐭𝐨ï𝐞𝐯𝐬𝐤𝐢 𝐞𝐭 𝐬𝐮𝐫𝐭𝐨𝐮𝐭 𝐝𝐞 𝐬𝐨𝐧 𝐭𝐢𝐭𝐫𝐞.
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Ça je le sais. J’ai bien cherché quand j’ai entamé la traduction, mais quand on fait une traduction, on traduit des mots, pas un phénomène. « Nuits blanches » ça a un sens dans la langue russe, un autre sens dans la langue française, pire encore, un sens dans la langue kabyle.
Dostoïevski, à travers son titre, renvoie à une période durant l’été où les nuits sont si courtes que le soleil se lève très tôt. Aux environs de 3h du matin. Donc, il n’est pas question de perte de sommeil.
𝐎𝐮𝐢, 𝐦𝐚𝐢𝐬 𝐥𝐚 𝐛𝐥𝐚𝐧𝐜𝐡𝐞𝐮𝐫 𝐝𝐞𝐬 𝐧𝐮𝐢𝐭𝐬 𝐝𝐞 𝐏𝐞𝐭𝐞𝐫𝐬𝐛𝐨𝐮𝐫𝐠, 𝐧’𝐚 𝐫𝐢𝐞𝐧 à 𝐯𝐨𝐢𝐫 𝐧𝐢 𝐚𝐯𝐞𝐜 𝐥𝐚 𝐥𝐮𝐧𝐞 (tiziri), 𝐧𝐢 𝐚𝐯𝐞𝐜 𝐥𝐚 𝐧𝐨𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞 « nuit blanche » 𝐞𝐧 𝐥𝐚𝐧𝐠𝐮𝐞 𝐟𝐫𝐚𝐧ç𝐚𝐢𝐬𝐞, 𝐞𝐭 𝐩𝐮𝐢𝐬, 𝐥𝐚 𝐭𝐫𝐚𝐝𝐮𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐞𝐬𝐭 𝐜𝐞𝐧𝐬é𝐞 𝐫𝐚𝐩𝐩𝐨𝐫𝐭𝐞𝐫 𝐥𝐞 𝐟𝐨𝐧𝐝 𝐞𝐭 𝐥𝐞𝐬 𝐫𝐞𝐥𝐢𝐞𝐟𝐬 𝐝𝐞 𝐥’œ𝐮𝐯𝐫𝐞 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐬𝐨𝐧 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐞𝐱𝐭𝐞 𝐞𝐭 𝐭𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐜𝐨𝐧ç𝐮𝐞 𝐩𝐚𝐫 𝐬𝐨𝐧 𝐚𝐮𝐭𝐞𝐮𝐫, 𝐨𝐫 𝐮𝐧 𝐩𝐡é𝐧𝐨𝐦é𝐧𝐞 𝐧𝐚𝐭𝐮𝐫𝐞𝐥, 𝐜’𝐞𝐬𝐭 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞 𝐮𝐧 𝐧𝐨𝐦 𝐩𝐫𝐨𝐩𝐫𝐞, 𝐢𝐥 𝐧𝐞 𝐜𝐡𝐚𝐧𝐠𝐞 𝐩𝐚𝐬 𝐞𝐧 𝐟𝐨𝐧𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐥𝐚𝐧𝐠𝐮𝐞 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐚𝐪𝐮𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐨𝐧 𝐥𝐞 𝐝é𝐜𝐥𝐢𝐧𝐞. 𝐏𝐚𝐫𝐭𝐚𝐧𝐭 𝐝𝐞 𝐜𝐞 𝐩𝐫𝐢𝐧𝐜𝐢𝐩𝐞, 𝐨𝐧 𝐩𝐞𝐮𝐭 𝐜𝐨𝐧𝐬𝐢𝐝é𝐫𝐞𝐫 𝐪𝐮𝐞 𝐯𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐭𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐞𝐬𝐭 𝐝é𝐜𝐨𝐧𝐧𝐞𝐜𝐭é 𝐝𝐞 𝐥’œ𝐮𝐯𝐫𝐞 𝐝𝐞 𝐃𝐨𝐬𝐭𝐨ï𝐞𝐯𝐬𝐤𝐢. A 𝐧𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐚𝐯𝐢𝐬, « 𝑼ḍ𝒂𝒏 𝒊𝒎𝒆𝒍𝒍𝒂𝒍𝒆𝒏 𝒏 𝑷𝒆𝒕𝒆𝒓𝒔𝒃𝒐𝒖𝒓𝒈 » 𝐚𝐮𝐫𝐚𝐢𝐭 é𝐭é 𝐮𝐧 𝐦𝐞𝐢𝐥𝐥𝐞𝐮𝐫 𝐜𝐡𝐨𝐢𝐱.
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Il faut savoir que dans la traduction, on a à faire, d’abord, à un texte, c’est-à-dire à des mots et des idées en dehors du contexte. Et puis, lorsqu’on traduit, on a recours à plusieurs procédés de traduction tels qu’ils sont cités par Jean-René Ladmiral, comme le calque, la modulation, la transposition… C’est-à-dire que je peux transposer le titre en fonction de ce qu’il peut refléter dans notre langue et c’est ce que j’ai fait. Sincèrement, j’ai rejeté cette appellation « Uḍan imellalen », parce qu’il est insensé dans notre langue. Et, par rapport au contexte russe, en Kabylie, on n’a pas ce phénomène pour le désigner du nom qui lui convient exactement. Donc, j’ai opté pour « Uḍan n tziri ». Je le trouve très proche par rapport au contexte kabyle et par rapport à l’histoire qui est vécue la nuit, à la lumière (blanche) de la lune. Et puis, c’est très poétique. Beaucoup de mes lecteurs ont apprécié ce choix que je ne regrette pas d’ailleurs.
𝐋𝐚 𝐥𝐮𝐦𝐢é𝐫𝐞 𝐝𝐨𝐧𝐭 𝐢𝐥 𝐞𝐬𝐭 𝐪𝐮𝐞𝐬𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐚 𝐧𝐨𝐮𝐯𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐝𝐞 𝐃𝐨𝐬𝐭𝐨ï𝐞𝐯𝐬𝐤𝐢 𝐧’𝐞𝐬𝐭 𝐩𝐚𝐬 𝐜𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐥𝐮𝐧𝐞, 𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐩𝐫𝐨𝐯𝐢𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐮 𝐬𝐨𝐥𝐞𝐢𝐥 𝐪𝐮𝐢 𝐧𝐞 𝐭𝐨𝐦𝐛𝐞 𝐩𝐚𝐬 𝐭𝐨𝐭𝐚𝐥𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐮𝐫𝐚𝐧𝐭 𝐜𝐞𝐭𝐭𝐞 𝐩é𝐫𝐢𝐨𝐝𝐞 𝐝𝐞 𝐥’é𝐭é 𝐩𝐞𝐭𝐞𝐫𝐬𝐛𝐨𝐮𝐫𝐠𝐞𝐨𝐢𝐬. 𝐂𝐞𝐥𝐚 𝐝𝐢𝐭, 𝐢𝐥 𝐞𝐬𝐭 𝐪𝐮𝐚𝐧𝐝 𝐦ê𝐦𝐞 𝐬𝐢𝐠𝐧𝐢𝐟𝐢𝐜𝐚𝐭𝐢𝐟 𝐪𝐮𝐞 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐭𝐨𝐮𝐭𝐞𝐬 𝐥𝐞𝐬 𝐚𝐮𝐭𝐫𝐞𝐬 𝐥𝐚𝐧𝐠𝐮𝐞𝐬 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐞𝐬𝐪𝐮𝐞𝐥𝐥𝐞𝐬 𝐥𝐚 𝐧𝐨𝐮𝐯𝐞𝐥𝐥𝐞 « 𝑳𝒆𝒔 𝒏𝒖𝒊𝒕𝒔 𝒃𝒍𝒂𝒏𝒄𝒉𝒆𝒔 » 𝐝𝐞 𝐃𝐨𝐬𝐭𝐨ï𝐞𝐯𝐬𝐤𝐢 𝐞𝐬𝐭 𝐭𝐫𝐚𝐝𝐮𝐢𝐭𝐞, 𝐥𝐞 𝐦ê𝐦𝐞 𝐭𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐚 é𝐭é 𝐭𝐫𝐚𝐝𝐮𝐢𝐭 𝐭𝐞𝐥 𝐪𝐮𝐞𝐥 𝐬𝐚𝐮𝐟 𝐞𝐧 𝐤𝐚𝐛𝐲𝐥𝐞 !
𝐀𝐢𝐧𝐬𝐢 𝐞𝐭 𝐩𝐚𝐫𝐝𝐨𝐧 𝐝’𝐢𝐧𝐬𝐢𝐬𝐭𝐞𝐫, 𝐬𝐢 « 𝑼ḍ𝒂𝒏 𝒊𝒎𝒆𝒍𝒍𝒂𝒍𝒆𝒏 » 𝐩𝐞𝐮𝐭, 𝐞𝐧 𝐞𝐟𝐟𝐞𝐭, 𝐩𝐫ê𝐭𝐞𝐫 à 𝐜𝐨𝐧𝐟𝐮𝐬𝐢𝐨𝐧, 𝐧𝐞 𝐩𝐞𝐧𝐬𝐞𝐳–𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐩𝐚𝐬 𝐪𝐮𝐞 « 𝑼ḍ𝒂𝒏 𝒊𝒎𝒆𝒍𝒍𝒂𝒍𝒆𝒏 𝒏 𝑷𝒆𝒕𝒆𝒓𝒔𝒃𝒐𝒖𝒓𝒈 » 𝐚𝐮𝐫𝐚𝐢𝐭 é𝐭é 𝐦𝐨𝐢𝐧𝐬 𝐩𝐫𝐨𝐛𝐥é𝐦𝐚𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐞𝐭 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐜𝐨𝐧𝐟𝐨𝐫𝐦𝐞 à 𝐥𝐚 𝐧𝐨𝐮𝐯𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐝𝐞 𝐥’𝐚𝐮𝐭𝐞𝐮𝐫 𝐫𝐮𝐬𝐬𝐞 ?
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Je crois avoir expliqué cette question. Mais, comme vous insistez là-dessus, je m’explique davantage : la traduction ne consiste pas seulement à traduire mot à mot ou phrase par phrase. Il y’a aussi une forme de création. C’est-à-dire une transposition dans une autre langue. De ce côté-là et d’après l’écho qui me parvient des premiers lecteurs de ma traduction, je suis satisfait d’avoir réussi ce travail. Quant au titre, sincèrement, je ne suis pas convaincu de garder le même c’est à dire « Uḍan imellalen ». Il faut savoir que j’ai entamé la traduction avant même de trouver un équivalent au titre. C’est une fois plongé dans la traduction que le titre « Uḍan n tziri » m’est venu en tête et j’ai trouvé que c’est le titre qui convient et surtout, il est très poétique. J’ai aimé ce titre et je l’ai maintenu. À part ça, c’est l’œuvre entière qui compte.
𝐋’𝐚𝐩𝐩𝐫é𝐜𝐢𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞𝐬 « 𝒑𝒓𝒆𝒎𝒊𝒆𝒓𝒔 𝒍𝒆𝒄𝒕𝒆𝒖𝒓𝒔 » 𝐧𝐞 𝐩𝐞𝐮𝐭 𝐩𝐚𝐬 𝐟𝐨𝐫𝐜é𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐜𝐨𝐧𝐬𝐭𝐢𝐭𝐮𝐞𝐫 𝐮𝐧 𝐩𝐚𝐫𝐚𝐦é𝐭𝐫𝐞 𝐟𝐢𝐚𝐛𝐥𝐞 𝐪𝐮𝐚𝐧𝐭 à 𝐥𝐚 𝐪𝐮𝐚𝐥𝐢𝐭é 𝐝’𝐮𝐧 𝐭𝐞𝐱𝐭𝐞 ; 𝐭𝐨𝐮𝐭 𝐝é𝐩𝐞𝐧𝐝 𝐝𝐞 𝐪𝐮𝐢 𝐬𝐨𝐧𝐭–𝐢𝐥𝐬, 𝐝𝐞 𝐥𝐞𝐮𝐫 𝐬𝐢𝐧𝐜é𝐫𝐢𝐭é 𝐞𝐭 𝐬𝐮𝐫𝐭𝐨𝐮𝐭 𝐝𝐞 𝐥𝐞𝐮𝐫 𝐜𝐚𝐩𝐚𝐜𝐢𝐭é à 𝐩𝐨𝐫𝐭𝐞𝐫 𝐮𝐧 𝐣𝐮𝐠𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐜𝐞 𝐝𝐨𝐦𝐚𝐢𝐧𝐞, 𝐬𝐢𝐧𝐨𝐧, 𝐜𝐞 𝐪𝐮𝐢 𝐝é𝐭𝐞𝐫𝐦𝐢𝐧𝐞 𝐥𝐚 𝐫é𝐮𝐬𝐬𝐢𝐭𝐞 𝐨𝐮 𝐥’é𝐜𝐡𝐞𝐜 𝐝’𝐮𝐧 𝐭𝐫𝐚𝐯𝐚𝐢𝐥, 𝐪𝐮𝐞𝐥 𝐪𝐮’𝐢𝐥 𝐬𝐨𝐢𝐭 𝐝’𝐚𝐢𝐥𝐥𝐞𝐮𝐫𝐬, 𝐬𝐞 𝐭𝐫𝐨𝐮𝐯𝐞 𝐛𝐢𝐞𝐧 𝐥𝐨𝐢𝐧 𝐝𝐞 𝐭𝐨𝐮𝐭 ç𝐚… 𝐂𝐞𝐜𝐢 𝐝𝐢𝐭, 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐬𝐞𝐦𝐛𝐥𝐞𝐳 ê𝐭𝐫𝐞 𝐪𝐮𝐞𝐥𝐪𝐮’𝐮𝐧 𝐪𝐮𝐢 𝐞𝐬𝐭 𝐭𝐨𝐮𝐣𝐨𝐮𝐫𝐬 𝐬𝐚𝐭𝐢𝐬𝐟𝐚𝐢𝐭 𝐝𝐞 𝐜𝐞 𝐪𝐮’𝐢𝐥 𝐟𝐚𝐢𝐭, 𝐞𝐭 𝐜’𝐞𝐬𝐭 𝐯𝐫𝐚𝐢 𝐪𝐮𝐞 𝐥𝐞 𝐝𝐨𝐮𝐭𝐞 𝐞𝐦𝐩ê𝐜𝐡𝐞 𝐩𝐚𝐫𝐟𝐨𝐢𝐬 𝐝’𝐚𝐯𝐚𝐧𝐜𝐞𝐫 𝐞𝐭 𝐝’𝐚𝐠𝐢𝐫, 𝐦𝐚𝐢𝐬 𝐞𝐬𝐭-𝐜𝐞 𝐧é𝐜𝐞𝐬𝐬𝐚𝐢𝐫𝐞 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐝’𝐚𝐯𝐨𝐢𝐫 𝐮𝐧 𝐭𝐞𝐥 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐞𝐧𝐭𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐞 𝐯𝐨𝐮𝐬-𝐦ê𝐦𝐞𝐬 ?
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Pas du tout. Je ne suis pas toujours satisfait. D’ailleurs, j’ai déjà traduit des contes dont je ne suis pas satisfait, je ne les ai pas édités. Quant à cette traduction, je sais que j’ai bien réussi la tâche. Si je tente une seconde traduction, je ne pourrais jamais la réussir autant que la première, car, comme je vous ai dit, il y a aussi l’inspiration et la création qui se voient dans le style, le choix des expressions, des images poétiques… Donc, mon jugement n’a rien de personnel. Au contraire, c’est un jugement extérieur par rapport à l’œuvre. Un jugement du lecteur avant d’être auteur. Au-delà, il y’a aussi cet avis d’un analyste littéraire qui a lu tous les romans et traductions qui ont été faites jusque-là en kabyle. Parmi toutes ces traductions, j’ai beaucoup apprécié « Averrani », la traduction de « L’étranger » d’Albert Camus, comme j’apprécie aujourd’hui ma traduction de « Les nuits blanches » comme si elle n’était pas mienne. Et pour en finir avec cette question, car vous semblez toujours pas satisfait de mon choix du titre, je répète encore qu’il s’agit du fruit de mon inspiration tout comme c’est le cas pour le choix des autres mots et expressions du livre. C’est mon avis et le lecteur est libre d’avoir son propre jugement.
𝐀𝐮 𝐝é𝐛𝐮𝐭 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐝𝐞𝐮𝐱𝐢é𝐦𝐞 𝐧𝐮𝐢𝐭 𝐪𝐮𝐢 𝐚 𝐩𝐞𝐫𝐦𝐢𝐬 𝐚𝐮𝐱 𝐝𝐞𝐮𝐱 𝐩𝐞𝐫𝐬𝐨𝐧𝐧𝐚𝐠𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐜𝐞𝐭𝐭𝐞 𝐧𝐨𝐮𝐯𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐝𝐞 𝐃𝐨𝐬𝐭𝐨ï𝐞𝐯𝐬𝐤𝐢 𝐝𝐞 𝐬𝐞 𝐫𝐞𝐭𝐫𝐨𝐮𝐯𝐞𝐫, 𝐍𝐚𝐬𝐭𝐞𝐧𝐤𝐚 𝐝𝐞𝐦𝐚𝐧𝐝𝐞 𝐚𝐮 𝐧𝐚𝐫𝐫𝐚𝐭𝐞𝐮𝐫 : « 𝑸𝒖𝒆𝒍 𝒉𝒐𝒎𝒎𝒆 ê𝒕𝒆𝒔-𝒗𝒐𝒖𝒔 ? ».
𝐀̀ 𝐧𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐭𝐨𝐮𝐫 𝐝𝐞 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐝𝐞𝐦𝐚𝐧𝐝𝐞𝐫 𝐝𝐞 𝐧𝐨𝐮𝐬 𝐝𝐢𝐫𝐞, 𝐬𝐚𝐧𝐬 𝐝é𝐦𝐚𝐠𝐨𝐠𝐢𝐞 𝐬𝐢 𝐩𝐨𝐬𝐬𝐢𝐛𝐥𝐞, 𝐪𝐮𝐞𝐥 𝐡𝐨𝐦𝐦𝐞 𝐞𝐬𝐭 𝐋𝐚𝐫𝐛𝐢 𝐘𝐚𝐡𝐢𝐨𝐮𝐧 ?
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : C’est, à la fois, une question simple et complexe à laquelle il n’est pas évident de répondre. Pas facile de parler de soi-même, j’y tenterai quand-même. Donc, Mr. Yahioun est une personne modeste et très sociable. Souvent de bonne humeur, notamment avec ses élèves et ses amis. Il aime son travail d’enseignant, il reste surtout fidèle aux livres qu’il adore dévorer d’une traite. Il est aussi connu pour son engagement en faveur de notre langue afin de lui redonner la place qu’elle mérite. Voilà donc l’homme que je suis.
𝐋𝐚 𝐊𝐚𝐛𝐲𝐥𝐢𝐞 𝐜𝐨𝐦𝐩𝐭𝐞 𝐚𝐜𝐭𝐮𝐞𝐥𝐥𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐞𝐬 𝐜𝐞𝐧𝐭𝐚𝐢𝐧𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐩𝐫𝐢𝐬𝐨𝐧𝐧𝐢𝐞𝐫𝐬 𝐩𝐨𝐥𝐢𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞𝐬 𝐞𝐭 𝐚𝐮𝐭𝐚𝐧𝐭, 𝐯𝐨𝐢𝐫𝐞 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐝’𝐞𝐱𝐢𝐥é𝐬 𝐩𝐨𝐥𝐢𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞𝐬. 𝐂’𝐞𝐬𝐭 𝐥𝐚 𝐩𝐫𝐞𝐦𝐢é𝐫𝐞 𝐟𝐨𝐢𝐬 𝐝𝐞 𝐬𝐨𝐧 𝐡𝐢𝐬𝐭𝐨𝐢𝐫𝐞 𝐪𝐮’𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐟𝐚𝐢𝐭 𝐟𝐚𝐜𝐞 à 𝐮𝐧𝐞 𝐬𝐢𝐭𝐮𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝’𝐮𝐧𝐞 𝐭𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐚𝐦𝐩𝐥𝐞𝐮𝐫. 𝐍𝐨𝐮𝐬 𝐧𝐞 𝐩𝐨𝐮𝐯𝐨𝐧𝐬 𝐩𝐚𝐬 𝐧𝐞 𝐩𝐚𝐬 𝐞𝐧 𝐩𝐚𝐫𝐥𝐞𝐫… 𝐀𝐮𝐬𝐬𝐢, 𝐧𝐨𝐮𝐬 𝐚𝐢𝐦𝐞𝐫𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐬𝐚𝐯𝐨𝐢𝐫 𝐪𝐮𝐞𝐥 𝐞𝐧 𝐞𝐬𝐭 𝐯𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐬𝐞𝐧𝐭𝐢𝐦𝐞𝐧𝐭 ?
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Effectivement. C’est la première fois que la Kabylie et ses enfants font face à autant d’injustice et de mépris. C’est une situation triste et décevante. Sincèrement, je ne trouve pas les mots pour exprimer ma douleur et mon chagrin. Je souhaite que ce calvaire finisse très vite et que la liberté d’expression reprenne son droit. Tôt ou tard, la liberté finira par triompher sur l’injustice.
𝐐𝐮’𝐞𝐬𝐭–𝐜𝐞 𝐪𝐮𝐢 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐫é𝐯𝐨𝐥𝐭𝐞 𝐥𝐞 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐚 𝐯𝐢𝐞 ?
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : La lâcheté et l’injustice
𝐐𝐮𝐞𝐥 𝐞𝐬𝐭 𝐯𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐚𝐮𝐭𝐞𝐮𝐫 𝐤𝐚𝐛𝐲𝐥𝐞 𝐩𝐫é𝐟é𝐫é ?
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Tahar Ould Amar
𝐕𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐚𝐮𝐭𝐞𝐮𝐫 𝐧𝐨𝐧 𝐤𝐚𝐛𝐲𝐥𝐞 ?
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Guillaume Musso
𝐐𝐮𝐞𝐥 𝐞𝐬𝐭 𝐥’𝐚𝐫𝐭𝐢𝐬𝐭𝐞 𝐤𝐚𝐛𝐲𝐥𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐯𝐨𝐮𝐬 é𝐜𝐨𝐮𝐭𝐞𝐳 𝐥𝐞 𝐩𝐥𝐮𝐬 ?
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Matoub Lounes
𝐕𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐚𝐫𝐭𝐢𝐬𝐭𝐞 𝐧𝐨𝐧 𝐤𝐚𝐛𝐲𝐥𝐞 ?
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Enrico Macias
𝐐𝐮𝐞𝐥 𝐞𝐬𝐭 𝐯𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐥𝐢𝐯𝐫𝐞 𝐝𝐞 𝐜𝐡𝐞𝐯𝐞𝐭 ?
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : « Saɛuc Uzellemcir » d’Amar Mezdad.
𝐐𝐮𝐞𝐥 𝐥𝐢𝐯𝐫𝐞 𝐥𝐢𝐬𝐞𝐳-𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐞𝐧 𝐜𝐞 𝐦𝐨𝐦𝐞𝐧𝐭 ?
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : « Nous nous verrons en août » de Garcia Marquez.
𝐐𝐮𝐞𝐥le 𝐞𝐬𝐭 𝐥’œ𝐮𝐯𝐫𝐞 𝐜𝐢𝐧é𝐦𝐚𝐭𝐨𝐠𝐫𝐚𝐩𝐡𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐪𝐮𝐢 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐚 𝐥𝐞 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐛𝐨𝐮𝐥𝐞𝐯𝐞𝐫𝐬é ?
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : « La colline oubliée » d’Abderrahmane Bouguermouh.
𝐏𝐨𝐮𝐯𝐞𝐳–𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐟𝐨𝐫𝐦𝐮𝐥𝐞𝐫 𝐛𝐫𝐢é𝐯𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭, 𝐦𝐚𝐢𝐬 𝐜𝐥𝐚𝐢𝐫𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭, 𝐮𝐧 𝐫𝐞𝐩𝐫𝐨𝐜𝐡𝐞 𝐞𝐭 𝐮𝐧 𝐜𝐨𝐦𝐩𝐥𝐢𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐜𝐡𝐚𝐜𝐮𝐧 𝐝𝐞𝐬 𝐩𝐞𝐫𝐬𝐨𝐧𝐧𝐚𝐠𝐞𝐬 𝐬𝐮𝐢𝐯𝐚𝐧𝐭𝐬 :
𝐅𝐚𝐝̣𝐦𝐚 𝐧 𝐒𝐮𝐦𝐦𝐞𝐫 :
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Je n’ai ni compliment ni reproche à émettre.
𝐁𝐞𝐧𝐧𝐚ï 𝐎𝐮𝐚𝐥𝐢 :
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Un grand homme, hélas trahi par les siens.
Je n’ai rien à lui reprocher.
𝐀𝐛𝐚𝐧𝐞 𝐑𝐚𝐦𝐝𝐚𝐧𝐞 :
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Lorsqu’on creuse un trou pour ses frères, on finit par tomber dedans. Yefka axessaṛ i watmaten-is, ixelles-itt s yidammen-is.
Aucun compliment à formuler.
𝐊𝐫𝐢𝐦 𝐁𝐞𝐥𝐤𝐚𝐜𝐞𝐦 :
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Un grand homme de la révolution.
Il n’avait pas, à son époque, compris les enjeux identitaires.
𝐁𝐞𝐬𝐬𝐚𝐨𝐮𝐝 𝐌𝐝 𝐀𝐫𝐚𝐯 :
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Pionnier de l’Académie berbère. Sa contribution pour la conscience identitaire amazighe est considérable.
Je n’ai aucun reproche à formuler.
𝐌𝐚𝐫𝐢𝐞-𝐋𝐨𝐮𝐢𝐬𝐞 𝐓𝐚𝐨𝐬 𝐀𝐦𝐫𝐨𝐮𝐜𝐡𝐞 :
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Une grande dame et la seule voix kabyle à chanter l’opéra, ce qui lui a valu le grand prix du disc.
Je n’ai aucun reproche à formuler.
𝐌𝐨𝐮𝐥𝐨𝐮𝐝 𝐌𝐚𝐦𝐦𝐞𝐫𝐢 :
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Mammeri est le défricheur du chemin vers la renaissance de notre culture. Son seul tort est d’avoir noyé la langue kabyle dans le grand bain amazigh.
𝐌𝐚𝐬𝐢𝐧 𝐮 𝐇𝐚𝐫𝐨𝐮𝐧 :
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Masin est un grand militant de la cause amazighe. Le premier homme qui a voulu donner un aspect scientifique à notre langue.
Hélas, il a usé de la violence et ça lui a coûté 11 ans de prison.
𝐌𝐚𝐭𝐨𝐮𝐛 𝐋𝐨𝐮𝐧𝐞𝐬 :
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Matoub est l’homme du siècle. L’idole de toute la Kabylie. Ils l’ont assassiné, mais sa voix résonnera à jamais dans l’esprit de tout un chacun.
Aucun reproche à lui faire.
𝐘𝐨𝐮𝐧𝐞𝐬 𝐀𝐝𝐥𝐢 :
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Un historien modeste et exemplaire.
Je n’ai aucun reproche à lui faire.
𝐒𝐦𝐚ï𝐥 𝐊𝐞𝐬𝐬𝐚𝐲 :
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Un artiste que j’estime beaucoup. J’adore ses blagues. D argaz lɛali !
Je n’ai aucun reproche à lui faire.
𝐅𝐞𝐫𝐡𝐚𝐭 𝐌𝐞𝐡𝐞𝐧𝐧𝐢 :
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Là, je ne peux rien dire. Je garde tout pour moi.
𝐃𝐣𝐚𝐟𝐟𝐚𝐫 𝐁𝐞𝐧𝐦𝐞𝐬𝐛𝐚𝐡 :
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Un artiste engagé. J’adore sa plume.
Je n’ai aucun reproche à formuler.
𝐋𝐚𝐫𝐛𝐢 𝐘𝐚𝐡𝐢𝐨𝐮𝐧 :
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : Un bon professeur.
Il ne sait pas organiser ses projets d’écriture.
𝐏𝐨𝐮𝐫 𝐜𝐥𝐨𝐫𝐞 𝐜𝐞𝐭 𝐞𝐧𝐭𝐫𝐞𝐭𝐢𝐞𝐧, 𝐥𝐚 𝐩𝐚𝐫𝐨𝐥𝐞 𝐞𝐬𝐭 à 𝐯𝐨𝐮𝐬, 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐩𝐨𝐮𝐯𝐞𝐳 𝐚𝐣𝐨𝐮𝐭𝐞𝐫 𝐨𝐮 𝐝𝐢𝐫𝐞 𝐭𝐨𝐮𝐭 𝐜𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐯𝐨𝐮𝐥𝐞z
𝗟𝗮𝗿𝗯𝗶 𝗬𝗮𝗵𝗶𝗼𝘂𝗻 : On a abordé presque toutes les questions. Je souhaite que mes propos soient à la hauteur de vos questions. Merci.
𝐄𝐧𝐭𝐫𝐞𝐭𝐢𝐞𝐧 𝐫é𝐚𝐥𝐢𝐬é 𝐩𝐚𝐫 ©𝐓𝐚𝐒ɣ𝐮𝐧𝐭 𝐭𝐚𝐪𝐕𝐚𝐲𝐥𝐢𝐭 – 𝐑𝐞𝐯𝐮𝐞 𝐊𝐚𝐛𝐲𝐥𝐞 / 𝐍𝐨𝐯.𝟐𝟎𝟐𝟒