Je viens d’apprendre à l’instant la nouvelle déprédatrice du départ de notre ami et frère, Mourad Itim.
J’en suis dévasté et le fait que c’était, pour moi, totalement inattendu, rajoute à mon incommensurable peine.
Si la douleur est si vive pour moi qui n’avais pas eu l’occasion et la chance de le côtoyer de près, je peine à imaginer l’insondable étendue de cette affliction pour sa famille d’ici et de là-bas, pour son frère qui a récemment écopé d’une peine de cinq ans de prison pour lui avoir rendu visite à l’hôpital, ainsi que pour toutes celles et tous ceux qui ont partagé avec lui des moments de vie, des combats et bien d’autres choses… Sa mère s’est éteinte en 2023 sans que Mourad n’ait pu la revoir une dernière fois et sans avoir pu assister à son enterrement car exilé à cause de ses choix politiques.
La vie est ainsi faite, imprévisible et souvent cruelle. C’est, paraît-il ce qui la rend si importante et, par conséquent, c’est ce qui rend chaque personne précieuse et chaque fraction du temps unique. C’est ce qui donne, à travers chaque bribe du vécu partagée, tout son sens à la vie. Doublement et très lourdement condamné pour ses idées, exilé politique et condamné à mort par un régime inhumain, Mourad Itim, aura été précieux au-delà même de sa famille et de ses amis, et pour cause, son départ prématuré est vécu comme un déchirement par tant et tant de personnes qui ne l’ont jamais rencontré. Quel grandiose hommage ! Enfin, Mourad a été également précieux pour un combat glorieux et une grande cause juste, l’indépendance et la liberté sans lesquelles la vie serait indigne, fade et vaine.
Mourad manquera à ses enfants, à son épouse, à sa famille restée en Kabylie ainsi qu’à ses amis et compagnons de lutte qui sont au Québec et en Amérique du Nord. Son incroyable énergie et son dévouement exceptionnel manqueront à la Kabylie dont il a rêvé toute sa vie, mais aussi à toutes celles et à tous ceux qui étaient avec lui dans cette voie ô combien difficile et périlleuse, mais aussi palpitante, noble et glorieuse. C’est pour toutes ces raisons et pour d’autres encore que Mourad Itim est d’ores et déjà entré de plain-pied dans le récit historique de la Kabylie de demain. On ne meurt pas vraiment quand on aura vécu si passionnément pour la liberté.
Mes sincères condoléances à sa famille et à tous ses proches, ainsi qu’à toutes/tous ses amis et compagnons de lutte qui se trouvent au Québec, en Amérique du Nord, en Europe… et en Kabylie. Je prends une part vive à leur douleur et assure chacun de mon indéfectible soutien.
Ar tufat a Mourad.
Allas Di Tlelli.
01/02/2025
