Tiririt temdint i tselmazrit taɛṛabt massa Ṛaziqa Ɛednani
Madame
A l’occasion de la disparition de l’un des symboles les plus emblématiques de la Kabylie et du combat pour l’identité kabyle et, plus généralement de l’identité amazighe, étonnamment, beaucoup de personnes en manque de célébrité, comme vous, ont senti le besoin d’intervenir dans un débat qui n’a pas lieu d’être.
D’après votre interpellation du président de la République Française, Monsieur Emmanuel Macron, vous auriez été révoltée par le fait qu’il ait salué le mérite d’Idir d’avoir « chanté ses racines kabyles ».
Vous lui répliquez dans Marianne avec votre papier aux insinuations racistes à peine voilées : « Monsieur Macron, Idir était certes un Kabyle, mais il était algérien avant tout ! » Non Madame, il était Kabyle avant tout !
En tant qu’islamologue, apparemment, comme tous ceux qui vous ressemblent, vous êtes incapable d’entendre le mot KABYLE sans sortir votre revolver. Vous n’êtes pas seule, hélas, parmi les Algériens à dénier aux Kabyles le droit d’exister en tant que peuple, en tant que nation.
Idir était et restera à jamais kabyle. Il s’était toujours battu pour l’affirmer à travers ses chansons, ses interviews et la scène. L’algérianité d’Idir était plus subie que revendiquée. N’avait-t-il pas fui l’Algérie qu’il avait boudée pendant près de 40 ans ?
Aussi, si vous voulez bien, au lieu d’interpeller les autres questionnez-vous vous-mêmes : Au nom du bon sens, si Idir était vraiment un algérien, pourquoi l’Algérie n’est-elle pas kabyle ? Si l’Algérie était kabyle, pourquoi vient-elle pour sa énième révision constitutionnelle, réaffirmer qu’elle est « terre arabe » ? Dès lors que l’Algérie est arabe, le Kabyle n’en fait pas partie.
Et dans notre immense deuil, pourquoi, sommes-nous, en tant que Kabyles, seuls à pleurer Idir ?
Sincèrement, traiter Idir d’Algérien « avant tout » est un manque de respect au grand homme qu’il était, à son humanisme et à ses valeurs. Vous le tuez une énième fois.
En tant que conseiller, chargé des questions juridiques, près la présidence de l’Anavad (Gouvernement Provisoire Kabyle en exil), j’ai pour devoir de dénoncer votre hargne à dékabyliser ceux qui ont porté, leur vie durant, l’étendard de la Kabylie et de l’amazighité.
Nous ne vous imaginons pas réagir à une intervention d’un chef d’Etat, quel qu’il soit, saluant l’apport d’idir à la culture arabo-musulmane, même si vous savez pertinemment que c’est là un déni d’identité. Idir était Kabyle, Amazigh et citoyen du monde comme l’attestent foncièrement ses œuvres, ses très nombreuses déclarations et la place qu’il s’était faite dans l’universel.
La Kabylie félicite Monsieur Macron pour s’en être tenu, dans son hommage à Idir, décédé à Paris, le 02/05/2020, des suites d’une maladie respiratoire, à ses « racines kabyles ».
La Kabylie se bat politiquement pour arracher son droit à l’autodétermination et à l’indépendance. Elle exprime sa reconnaissance à Idir d’avoir réussi à lui donner une visibilité internationale.
Exil, le 12/05/2020, Azwaw At Qasi