Quelques condamnations qui ont marqué le parcours de Kamel Eddine Fekhar

Kra tikkal i deg yettwaḥbes Kamal Ddin Fexxaṛ

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Né en 1963, Kamel Eddine Fekhar était un militant de la cause mozabite et des droits de l’homme. Il a fait toute sa scolarité à Sétif, avant de regagner la vallée des mzabs pour y exercer le métier de médecin. Il est mort dans la prison algérienne il y a une année jour pour jour (28 mai 2019). Selon les autorités algériennes, le Dr Fekhar est décédé des suites de sa longue grève de la faim. Selon la famille du militant, celui-ci a été assassiné.

Premier pas dans la politique en 2002

Connu pour son implication dès son jeune âge dans la vie associative et sociale mozabite, il fait ses premiers pas dans la politique avec le Front des Forces Socialistes (FFS) en 2002. L’autonomie qui caractérisait le fonctionnement même de la vallée du Mzab et sa capitale, Ghardaïa, et ses particularismes, ont fait d’elle une entité mal vue de la part du pouvoir algérien.

Premières arrestations en 2004 et 2005

Son engagement avec le FFS a marqué le début des ennuis du militant mozabite. En effet, le 1er novembre 2004, il a été spectaculairement embarqué à Alger par la gendarmerie, à sa sortie d’un meeting du FFS. Accusé d’avoir mené les émeutes qui ont marqué sa ville en octobre de la même année, il a purgé 5 mois de prison ferme. Une arrestation qui a indigné plein de figures politiques, à l’instar de Hocine Ait Ahmed, chef historique du parti.

Nouvelle arrestation et grève de la faim …

Quelques mois après sa libération, il est à nouveau emprisonné avec 18 chef d’inculpations à sa charge. Ne voulant pas se laisser faire, il a fini par obtenir la tenue d’un procès pour lui et ses confrères après plus de 100 jours de grève de la faim.

Militant des droits de l’Homme et de la cause mozabite

Conscient de l’injustice dont il fut victime, son emprisonnement avait renforcé ses convictions. En effet, à sa sortie, il rejoint la ligue des droits de l’Homme avec son groupe et crée la section de Ghardaïa. De plus en plus, il se penche sur la cause mozabite et en fait son premier combat. Il a, à cet effet, fondé le Mouvement de l’Autonomie des Mzabs et n’a pas caché son amitié avec Ferhat Mehenni. Le 12 Janvier 2015, il s’était même rendu à une marche du MAK à Tizi Ouzou. Ces nouvelles positions de l’opposant mozabite ont accentué l’hostilité des autorités algériennes à son égard.

Une nouvelle fois emprisonné en 2015

Entre 2005 et 2015, le militant a été arrêté à maintes reprises pour différentes accusations montées contre lui. Le 9 juillet 2015, à la suite des événements sanglants qui ont heurté la ville de Ghardaïa, entre les Mzabs, Ibadites, et les Arabes Malikites (deux courant religieux musulmans), Kamel Eddine Fekhar a été pointé du doigt et a été, une nouvelle fois, emprisonné pour plusieurs accusations dont « atteinte à a souveraineté de l’État ». Détenu arbitrairement, il a enchaîné les grèves de la faim pour être entendu par le juge. Il a fait 2 ans de prison avant d’être relâché en 2017.

Soulèvement populaire de 2019

Deux semaines seulement après le début des manifestations en Algérie contre un cinquième mandat de Bouteflika, en 2019, Kamel Eddine Fekhar a de nouveau été visé par la justice algérienne. En effet, il a été arrêté le 31 Mars et poursuivi pour « atteinte à la sûreté de L’État » et « trouble à l’ordre public ». Devant cet acharnement judiciaire, il avait alors entamé une énième grève de la faim. Le 28 mai 2019, après deux mois de sa détention, on apprend soudainement son décès. Pour sa famille et ses proches, il s’agit d’un assassinat d’un militant politique perpétré dans la prison algérienne. A ce jour, aucune enquête n’a été ouverte pour connaitre les responsables de cette tragédie.

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