L’affaire Djamel Azaim, le grand oublié des défenseurs des détenus d’opinion

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Djamel Azaim, est un jeune militant souverainiste kabyle incarcéré depuis décembre 2019. Il a été accusé d’atteinte aux préceptes de l’islam et a été condamné à 2 ans de prison ferme. Afin d’en savoir plus sur son cas, nous avons contacté l’un des avocats qui se sont chargés de sa défense, Maître Soufiane Dekkal.

L’histoire de Djamel Azaim remonte au mois d’avril 2019 : « Il a publié sur les réseaux sociaux des textes ayant la forme de versets coraniques mais traitant de politique et d’actualité dans un but purement satirique », nous a confié son avocat. Ces publications ont attiré l’attention des autorités algériennes et une enquête policière a été aussitôt ouverte.

Entre temps, Djamel s’est rendu au Maroc dans l’espoir de traverser clandestinement la mer et rejoindre l’Europe, ignorant qu’il avait été ciblé par une enquête et que le tribunal de Draa El Mizane l’avait convoqué. N’ayant pas répondu aux convocations, le tribunal de Draa El Mizane a émis un jugement par défaut le condamnant à 5 ans de prison ferme tout en émettant un mandat d’arrêt contre lui.

Au mois de décembre 2019, après 3 mois passés au Maroc, la présence de Djamel était considérée comme étant illégale par les autorités marocaines. Il a aussitôt été interpellé par la police et a été livré à la police algérienne aux frontières de Meghnia (Ouest algérien). Le cauchemar ne faisait que commencer pour ce jeune militant pacifique.

Le transfert, la maltraitance et la condamnation

Le transfert du détenu jusqu’à la prison où il devait purger sa peine a duré 11 jours. 11 jour durant lesquels il a été transféré d’un commissariat à un autre, à Meghnia, Oran et Relizane notamment, jusqu’à ce qu’il arrive à Draa El Mizane. Un épisode durant lequel il a été maltraité, insulté, torturé et laissé sans nourriture : « dans certains commissariats, Djamel n’a même pas eu droit à un repas. Il a même demandé aux policiers s’il pouvait s’acheter à manger par son propre argent, chose qu’on lui a refusée », nous a confié Me Dekkal.  

A Tizi Wezzu, Djamel a fait opposition au 1er jugement au cours duquel il a été condamné à 5 ans de prison. Un deuxième jugement a été émis et sa peine a été réduite à 3 ans. Ses avocats ont une nouvelle fois fait appel, en février passé, au niveau de la cour de Tizi Wezzu où un arrêt a été émis le condamnant à 2 années de prison ferme.

Plus récemment et afin de l’empêcher de bénéficier d’une grâce présidentielle, le procureur de la république a fait un pourvoi en cassation à la dernière minute pour que son affaire soit jugée à la cour suprême. Il purge actuellement sa peine à la maison d’arrêt de Tizi Wezzu.

Le grand oublié des défenseurs des détenus d’opinion

Djamel Azaim est le nom de ce détenu qu’on ne trouve dans aucune liste des détenus défendus par le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) qui pourtant, compte à sa tête, un Kabyle, à savoir Kaci Tansaout.

Aucun rassemblement, aucune manifestation, aucune banderole ni aucune autre forme de solidarité n’a été manifestée à l’égard de ce jeune détenu, si ce n’est par ses compagnons de la cause Kabyle. Pourtant, l’incarcération de ce militant pacifique et laïque est une violation des libertés individuelles et de la liberté de croyance mais son cas ne semble pas émouvoir les activistes Kabyles du Hirak.

L’appel de Ferhat Mehenni aux citoyens Kabyles

Dans une récente élocution, le président du MAK-Anavad a quant à lui mis en garde les citoyens kabyles quant à une solidarité sélective qui viendrait léser les militants souverainistes. Selon ses propos, ces derniers sont plus que jamais dans le collimateur de la justice algérienne. En effet, après avoir affirmé que « le pouvoir algérien veut pointer du doigt le MAK comme étant le moteur du Hirak algérien », le Président de l’Anavad a parlé d’un sinistre plan d’arrestation des militants du MAK par la justice algérienne : « si vous ignorez l’injustice que vont subir les militants du MAK, vous subirez la même demain », a-t-il martelé en s’adressant aux citoyens Kabyles avant d’ajouter : « sachez qu’il y a des militants du MAK dans tous les villages Kabyles. Donc s’il y a répression, elle sera générale ».

Dans son appel à se solidariser avec les militants du MAK, Ferhat Mehenni a insisté sur le fait que « mêmes si nos idées différent, les kabyles sont des frères, le respect et la solidarité face à la répression du pouvoir algérien doivent être une constante ».