L’Algérie occupe la 146ème place parmi 186 pays dans le classement mondial établi par RSF (Reporters sans frontières). Malgré nombreuses restrictions et lois concernant les journaux sur papiers pour faire pression, les journaux indépendants ont pu relativement contourner ces obstacles grâce aux sites d’informations en ligne. Toutefois, l’Algérie trouve toujours un moyen de contrôler le paysage médiatique, et ce en optant au blocage des sites d’informations opposants ou qui dérangent sur les réseaux internet du pays. Néanmoins, il faut préciser qu’il existe toujours un moyen de contourner ce blocage pour les internautes, et ce à l’aide des VPNs.
Voici, dans l’ordre chronologique de leur blocage, quelques sites d’information en ligne bloqués par le pouvoir algérien :
Les sites Kabyles
– Siwel, bloqué le 25 juillet 2017
Siwel est une agence d’informations créée par l’Anavad (Gouvernement provisoire Kabyle) en 2010, afin d’informer les Kabyles sur l’actualité dans la Kabylie, donner de la visibilité à la cause kabyle à l’international et annoncer et suivre les activités du MAK. Toutefois, il a été bloqué comme bon nombre de médias opposants au pouvoir algérien. Siwel n’est plus accessible depuis le 25 juillet 2017.
– Tamurt, bloqué le 29 juillet 2017
Tamurt est aussi un site d’informations généraliste qui a pour principal intérêt « l’émancipation du Peuple kabyle et des autres Peuples amazighs qui contribue à l’émergence d’un État kabyle libre et pour la liberté de Tamazgha », tel qu’on peut le lire sur le site. Fondé le 1er décembre 2009 par Lyazid Abid, Tamurt essaye de proposer du contenu en plusieurs langues ; en français, kabyle, anglais et en allemand. Le journal en ligne a exercé pendant 8 ans sans soucis avant de se voir bloqué, depuis le 29 juillet 2017.
– Kabyle.com
Le site Kabyle.com est sans doute un des plus anciens sites d’information kabyle. Crée en 1997, ce site propose non seulement des sujets d’actualités de différentes catégories mais aussi des interviews, des reportages, des articles d’opinion et des recettes kabyles, des livres, etc, et se dit œuvrer pour « un combat unifié pour la Kabylie, depuis 1999 », lors de la création de son nom de domaine actuel. Kabylie.com est actuellement bloqué par le pouvoir algérien, mais nous ignorons depuis quand.
– VAVA innova, 11 juin 2021
Bloqué une première fois le 2 décembre 2020, avant d’être rétabli moins de 24h après, le site Kabyliste VAVA-innova.com a été bloqué une nouvelle fois à la veille des élections législatives algériennes de 2021, soit le 11 juin. Lancé le 22 mars 2020, le site s’est donné un point d’honneur à suivre de près tous les évènements en lien avec la Kabylie, sa population et sa diaspora.
Les sites algériens
– Algérie Part, bloqué le 15 juin 2019
Lancé en 2018 par le journaliste Abdou Semmar, Algérie Part se présente comme un site d’informations mais aussi un journal d’investigation et de décryptage. Il traite de plusieurs thématiques dont l’économie, la politique, la société, etc. Le journal se dit « transparent » et engagé « en faveur des valeurs citoyennes comme le développement, la transparence, l’équité, la justice sociale et le respect des droits de l’homme et de la défense des libertés publiques ». Algérie Part n’est plus accessible dans le territoire algérien et kabyle depuis le 15 juin 2019.
– Observ’algerie, bloqué depuis fin juillet 2019
Lancé en septembre 2016 par Khaled Belkouche, Observ’Algérie est un site d’informations francophone recouvrant plusieurs domaines d’actualité, dont les faits divers, l’économie, le sport, les événements, la politique, etc. En juillet 2019, Observ’Algérie est bloqué sur tous les fournisseurs d’accès internet qui existent en Algérie. Il a ensuite été débloqué avant d’être rebloqué une nouvelle fois en été 2020.
– Algérie Patriotique, bloqué le 05 aout 2019
Fondé par Lotfi Nezzar, le fils du général-major et ancien ministre de la défense Algérien Khaled Nezzar, le 18 février 2018, le site Algérie Patriotique est connu pour sa position anti-marocaine et antisémite. Ce dernier est resté accessible jusqu’au 5 aout 2019, où il s’est vu bloqué la veille du lancement d’un mandat d’arrêt international contre Lotfi Nezzar et son père.
– Maghreb Émergent et Radio M, bloqués le 9 avril 2020
Maghreb Emergent est un site d’informations lancé en 2010 et édité par Interface Medias, première agence médias et de services digitaux en Algérie, elle-même dirigée par El Kadi Ihssane. Ce site se présente comme un site économique proposant des données financières sur différents pays d’Afrique du Nord ainsi que des analyses politiques.
Radio M, lancée en 2013, n’est que la radio web rattaché à ce site. Elle émet de la musique continue et regroupe plusieurs émissions sur l’actualité financière, politique, sportive, etc. Les deux sont bloqués par le pouvoir algérien depuis le 9 avril 2020, après avoir été accusé d’avoir bénéficié d’un financement étranger, chose qui est interdite en Algérie. Toutefois, la propriétaire d’Interface Medias nie toutes ces accusations et crie à la diffamation.
Les deux sites ont été débloqués en décembre 2020. Ils sont donc désormais accessibles aux lecteurs qui se connectent depuis l’Algérie.
– Interlignes, bloqué le 19 avril 2020
Interlignes est un site d’informations généraliste crée en 2018 par une société de Médéa, Interlignes Media, à sa tête Bouzid Ichalalene. Son blocage est survenu peu de temps après Maghreb Emergent et Radio M, soit le 19 avril 2020. Toutefois, cette censure n’est pas la première qu’a subie ce site. En effet, une année avant, soit en juillet 2019, Interlignes se retrouve bloqué suite à un article publié sur l’enquête du journal Français, Le Nouvel Observateur, sur les avoirs des ministres algériens.
Le site Interligne est désormais accessible en Algérie, toutefois, nous ignorons depuis il a été débloqué.
– Le Matin d’Algérie, depuis mai 2020
Le Matin d’Algérie est un site d’informations en ligne francophone qui a comme ambition de suivre le chemin tracé par l’ancien journal en ligne Le Matin dont l’un des fondateurs est Said Makbel en 1991. Ce site a été créé au lendemain de la suspension arbitraire du journal papier Le Matin par le pouvoir algérien, en juillet 2004, accusé de ne pas avoir payé ses dettes. une affaire qui avait causé 2 années de la prison à son propriétaire, Mohamed Benchicou.
Le journal en ligne Le Matin d’Algérie a été bloqué par le pouvoir algérien le 12 mai 2020.
– Ma Revue de Presse DZ
Ma Revue de Presse DZ est une revue en ligne qui propose des synthèses d’articles d’actualité. Celui-ci est aussi inaccessible depuis l’Algérie et la Kabylie.
– TSA, bloqué une deuxième fois depuis juin 2019
TSA (Tout sur l’Algérie) est sans doute un des sites d’informations francophones les plus visités en Algérie. Il a été lancé en 2007 par deux journalistes Lounès et Hamid Guemache. TSA a été plusieurs fois victime de blocage. Une fois, le 06 octobre 2017, où il n’était plus disponible à partir du réseau d’Algérie Télécom et Mobilis. Selon des informations, le blocage était dues aux caricatures de Ghilas Aïnouche. En effet, suite au licenciement de ce dernier par TSA, le site était devenu de nouveau accessible.
Un second blocage a eu lieu une seconde fois le 12 juin 2019, dans le cadre des manifestations du Hirak Algérien. Depuis, il reste inaccessible.
– L’Avant-Garde d’Algérie, inaccessible depuis mai 2020
Le journal en ligne L’Avant-Garde Algérie, fondé par le journaliste et activiste Meziane Abane, se définit comme étant un site dédié aux luttes progressistes. Suivant de très près les marches du Hirak Algérien et connu pour son opposition au pouvoir algérien, l’Avant-garde d’Algérie a été bloqué, le 14 mai dernier.
– Dzvid, depuis avril 2020
Le site d’informations DzVID (Algérie-Vidéo-Information-Décryptage)a également été la cible du pouvoir algérien. Ce site qui revient sur différents sujets d’actualité fait aussi participer ses lecteurs à relayer l’information et échanger des contenus en envoyant des vidéos ou autres au site. DzVID n’est plus accessible depuis le 22 avril 2020.
– Casbah Tribune, depuis le 02 décembre 2020
Créé en août de 2017 par le journaliste Khaled Derarni, actuellement emprisonné par le pouvoir algérien, Casbah Tribune, un site d’information généraliste qui s’intéresse à l’actualité algérienne a été bloqué depuis le 02 décembre.
– Essaha, depuis le 05 décembre 2020
Le site Essaha, dédié exclusivement à l’information relative au secteur médical en Algérie a également fait objet d’une censure. Le média créé en 2018 a effectué des interview de bon nombre de professionnels de la santé. Il a également consacré d’innombrables articles sur l’actualité du domaine médical.
Le site est redevenu accessible quelques semaines après son blocage.
Les sites marocains
Les sites marocains sont aussi cibles de censures à l’image des tensions qui existent entre l’Algérie et le Maroc.
– Maroc Diplomatique
On retrouve le média Maroc Diplomatique, créé en 2014, qui est censuré depuis une date inconnue. Le site traite des sujets d’actualités, de politiques, sport, économie, culture et société du Maroc.
– TelQuel
TelQuel est aussi un média marocain bloqué en Algérie. Ce site d’information généraliste créé en 2001 par Ahmed Réda Benchemsi, se présente comme un média progressiste dont la ligne éditoriale est souvent sur la critique du gouvernement marocain. Le média se dit être pour « un Maroc pluriel, démocratique, laïque, où les libertés individuelles peuvent s’exprimer ».
Il existe encore plusieurs site d’information marocains bloqués en Algérie comme Yabiladi et Media24.
Des sites pornographiques également bloqués
Bien que cet article traite des sites d’informations inaccessibles en Algérie, il est opportun de signaler qu’une décision a été prise par le ministère algérien de la culture en 2018 de bloquer les sites pornographiques. Depuis plusieurs sites au contenu pour adultes ne sont plus accessibles, dont Pornhub, Xnxx, Xvideo.
Des plateformes de recueil de dons et de signature de pétitions
Des plateformes de signature de pétitions en ligne ainsi que des sites de collecte de dons ont également subi un blocage des autorités algériennes.
En effet, les deux sites de signature en ligne le plus populaires, à savoir Avaaz et change.org ne sont plus accessibles en Algérie. Un blocage qui est intervenu durant ce premier semestre 2021.
Les plateformes de collecte de fonds et de dons qui sont notamment utilisé pour réunir des sommes pour des malades ou bien pour aider des nécessiteux n’ont pas échappé à la censure. Les deux sites populaires, Cotizup et Gofundme ont été également bloqués lors de ce premier semestre de l’année 2021.