A voir l’évolution des anciennes contrées colonisées, surtout en Afrique, au Proche-Orient et au Moyen-Orient, on est tenté de se demander si les siècles de colonisation, pourtant toujours injustes et brutaux, n’étaient pas une espèce d’âge d’or pour elles.
Les violences intra et inter-tribales ayant, sinon disparu, du moins été gérées, voire jugulées par l’occupant quand elles ne cadraient pas avec ses intérêts.
Les cultures natives de ces contrées, sous la houlette de la mission dite civilisatrice de l’Europe et de ses langues de facto imposées, étaient relativement bien conservées à côté des grandes langues intrusives.
De même que le statut personnel des individus.
L’évangélisation du côté chrétien, pas toujours soutenue par les pouvoirs politiques centraux, n’a pas été une totale réussite dans bien des pays conquis, le Vatican non plus n’aimant pas casser sa tirelire pour s’attirer de nouvelles ouailles.
Du côté musulman, l’islamisation a été une réussite du genre dans beaucoup de pays vus les mécanismes mis en œuvre, la simplicité de la croyance avec une simple formule pour y accéder, et qui libère aussitôt de l’impôt celui qui la prononce. Les islamisateurs pour des raisons financières, pour prot̀éger le fameux impôt, ont parfois essayé de retarder l’arrivée de nouvelles ouailles.
Depuis le départ du colonisateur, les résurgences tribales, avec sa version moderne, le clan, ne se sont pas fait attendre pour s’emparer des leviers de ce que nous appelons les Etats, à défaut de nations.
Il ne fallait pas perdre de temps.
Les plus malins, les plus rapides ont aussitôt pris le dessus sur les plus sages, les plus pacifiques, les plus placides, les moins goinfres. Leur seule mission civilisatrice est celle imposée par le clan des vainqueurs du moment. Un moment élastique qui dure parfois depuis le milieu du siècle dernier, riche de souffrances infligées et de lendemains qui ne finissent pas de déchanter.
Des habitants d’un pays récemment meurtri une fois de plus, une fois de trop, ont demandé publiquement, au grand dam des idéologues nuisibles, incompétents car confessionnalistes et racistes, le retour de l’ancienne puissance coloniale protectrice.
A qui la faute ?
C’est ce qui s’appelle un «coup de pied de l’âne de l’Histoire» !
Amar Mezdad, écrivain