Les peuples amazighs sont différents et les kabyles doivent respecter cela (par Mohand Belkacem)

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L’attitude paternaliste des Imaziɣen Kabyles envers les autres communautés berbères doit cesser. Si le Mozabit ou le Chaoui aime l’arabe et veut transcrire le Mozabit ou le Chawi en arabe, il n’y pas de raison pour s’y opposer.  Si le tergi veut la transcrire en tifinagh, c’est pareil. Si le Mozabit aime la Mosquée et veut gérer sa cité en Ibadite, nous n’avons pas à nous opposer ou leur proposer autre chose. Il est fort probable que la laïcité en tant que mode de gouvernance et le caractère latin en tant que script ne leur servent pas à grand chose. Ils ne sont pas prédisposés et ils ont une alternative.

Intervenir dans le processus naturel d’évolution des langues et sociétés possède un nom: le colonialisme, le paternalisme, le tutorat, …

Occupons nous de ce qui nous regarde : Le Kabyle. Le Kabyle est d’abord un territoire et une langue, mais surtout un espace géographique limité avant que ça ne soit autre chose. Perdre ce territoire c’est perdre sûrement sa langue, sa culture et son identité.

Le Kabyle est un espace territorial et non pas culturel. Un Kabyle qui vit à Oran, est dépourvu d’une grande partie de sa kabylité car il n’est pas en Kabylie ni dans son environnement culturel. Il vit hors du pays kabyle. C’est pareil pour le Kabyle de Paris et celui de Montréal. Il est plus facile de convertir vers le Kabyle un non kabyle qui vit en Kabylie que de garder l’héritage d’un kabyle qui vit en dehors de la Kabylie.

La Kabylie n’est pas un territoire international linguistique, culturel et identitaire. La Kabylie est juste un territoire pour le kabyle : langue, culture et identité. La Kabylie aspire à vivre sa kabylité tout en respectant la diversité culturelle, linguistique et identitaire de ses voisins immédiats ou lointains.

Ce n’est pas un appel à l’enfermement identitaire, mais un avertissement à  ceux qui continuent d’appeler pour se fondre dans une masse unitaire linguistique, culturelle et identitaire au risque de perdre même le peu qui nous reste.

Comme disait un militant: Nṛuḥ ad d-nawi Ɣilizan, tṛuḥ-aɣ Draɛ Lmizan.

Apprenons plutôt aux autres et à nous même à respecter la diversité. Et le Kabyle doit toujours regarder vers le nord.

Mohand Belkacem – Ibetṛunen