Dans une interview accordée à la chaîne Kabyle TQ5 Média et diffusée le 22 avril, Saïd Sadi s’est exprimé au sujet de la question de l’indépendance de la Kabylie.
A partir de la 34e minute, l’ancien leader du RCD a été interpellé par l’animateur, Racid At Ali Uqasi, au sujet du débat sur le statut de la Kabylie. Bien que ce dernier ait évoqué toutes les options débattues, à savoir, l’autonomie, la régionalisation, le fédéralisme et l’indépendance, c’est sur cette toute dernière qu’a répondu l’invité de l’émission.
La nécessité d’un débat serein et « sans insultes »
Avant de parler du fond du sujet, Said Sadi a regretté qu’il y ait des dépassements lors des débats sur la question, parlant même d’insulte de la part des défenseurs de ce projet : « Dans la politique, on peut avoir toutes les opinions que l’on veut, l’essentiel, c’est de les argumenter. Alors il ne faut pas me dire, ‘’j’ai envie du paradis’’ et lorsqu’on demande comment, avec quoi, avec qui et quand, on nous répond, c’est aux avisés de trancher », martèle Saïd Sadi qui estimerait donc que les militants indépendantistes manqueraient d’arguments.
Dans son commentaire, il a insisté : « Je ne dis pas qu’il ne faut pas parler d’indépendance. Je suis un démocrate et toutes les idées sont les bienvenues, mais il ne faut pas jeter un pavé dans la marre et se tenir loin à observer de l’extérieur. Il faut se donner les moyens, il faut être crédible, avoir de la cohérence, avoir de la capacité à convaincre et pas à insulter les gens qui posent des questions ».
Que faire des Kabyles qui ne sont pas en Kabylie?
« Il y a plus de kabyles en dehors de la Kabylie qu’en Kabylie. Ma grand-mère a été enterrée à Oran, la plupart de mes cousins germains y habitent » a expliqué l’ancien président du RCD sur le fond du sujet. Il met ainsi en avant la question, soulevée par d’autres dans le passé, de « Que faire des kabyles qui habitent en dehors de la Kabylie ».
Par ailleurs à ce sujet, on peut rappeler l’une des réponses de Ferhat Mehenni, du 19 juillet 2015, lors d’une interview au journal Algérie Focus : « Il appartiendra au gouvernement kabyle dans une Kabylie indépendante de statuer sur la nécessité d’établir un visa ou non pour les étrangers à la Kabylie. Quant au fait de se poser des questions sur la manière de régler des questions de détails de lieu, de résidence et de vie matrimoniale, nous avons déjà un précédent : l’indépendance de l’Algérie. Il y avait bien des Algériens qui vivaient en France ou qui étaient en couples mixtes. Chacun a continué de vivre comme il le souhaitait. Pour le cas de la Kabylie aussi, chacun aura à vivre la citoyenneté de son choix. Les non Kabyles vivant en Kabylie seront traités sur un pied d’égalité avec les citoyens kabyles. La citoyenneté leur sera garantie« .
Le Dr Sadi, qui a récemment publié le TOM 2 de ses mémoires, a par ailleurs prévenu : « Que chacun sache que cette région nous y tenons tous, parce que c’est notre région, qu’elle a trop souffert, qu’elle est trop attaquée et que c’est une raison de plus pour ne pas l’embarquer dans des aventures sans lendemain et où elle peut perdre beaucoup plus qu’elle n’a à y gagner », a-t-il déclaré.
L’alternative : « l’Afrique du nord des régions »
Ce n’est un secret pour personne, Saïd Sadi a milité à travers son ex-parti, le RCD, pour la régionalisation modulable en Algérie. Mais qu’en est-il aujourd’hui ? Toujours dans sa réponse à la question sur l’indépendance de la Kabylie, Saïd Sadi a proposé une alternative : « Moi je suis persuadé que dans la phase actuelle, bien que cela ne sera pas facile, nous arriverons, aujourd’hui, demain, dans cinq, dix, ou trente ans, à l’Afrique du nord des régions », a-t-il déclaré.
Et d’argumenter : « L’avenir, c’est l’Afrique du nord des régions. Cela permettra de donner une performance économique avec la synergie des moyens. Nous avons les mêmes besoins en médicaments, en céréales, sur le plan technologie. Nos émigrations sont pratiquement les mêmes. Notre diaspora qui doit essayer d’avoir des connexions dans les pays d’accueil peut être d’un apport pour les trois pays (Algérie, Maroc, Tunisie) ».
Un véritable pavé dans la marre qu’a lancé Said Sadi, d’autant plus que cet objectif parait bien complexe. A noter qu’il n’a pas expliqué le « comment, avec quoi, avec qui et quand » (pour reprendre ses termes) de cette option qu’il veut transfrontalière.