Dans un entretien vidéo accordé au site d’information marocain le360 et qui a été diffusé ce mardi 20 juillet, Ferhat Mehenni est revenu sur le récent soutien du Maroc au droit du peuple kabyle à son autodétermination et du racisme que subit la Kabylie de la part du régime algérien.
Plusieurs points ont été abordés avec le leader indépendantiste lors de cet entretien de 27 minutes. Il est notamment revenu sur la naissance du MAK dans un contexte historique inédit, qui est le printemps noir 2001 tout en accusant le régime algérien de « racisme » à l’égard de la Kabylie. Il a également cité les ennemis des kabyles à travers l’histoire récente et qui sont notamment les anciens chefs d’Etat algériens, à commencer par Ahmed Ben Bella.
« Jamais un peuple n’a œuvré pour sa propre aliénation, pour son propre renoncement en tant que peuple, comme les Kabyles. Ils ont tout donné à l’Algérie. Mais l’Algérie a toujours été un État raciste envers les kabyles et a toujours récompensé la Kabylie par le sang et par les larmes » a lancé le leader souverainiste. Et d’ajouter : « Le régime militaire qui a confisqué l’indépendance de l’Algérie a fait des kabyles le bouc-émissaire de toutes les crises que l’Algérie a traversé et l’instrument même de règlement de compte entre clans au sommet de l’État. Nous nous retrouvons plus dans cette Algérie qui était notre rêve, celui de nos parents[…] Nous avons décidé de ne plus nous reconnaître dans cette Algérie qui s’entête à nous renier ».
Ferhat Mehenni a commenté le soutien du Maroc au droit du peuple kabyle à son autodétermination à travers la distribution d’une note aux membres du mouvement des pays non-alignés par le biais de son ambassadeur à l’ONU, Omar Hilale. « C’est l’une des plus belles déclarations en faveur du peuple kabyle. Nous nous sentons un peu apaisés suite à cette reconnaissance qui doit aller encore plus loin. Cette reconnaissance est une bénédiction, une brise, un souffle d’air nouveau sur l’Afrique du nord qui augure des changements pour la construction d’une Afrique du Nord prospère » estime le président de l’Anavad. Il considère que « la déclaration du Maroc répare une injustice historique ».
Le président du MAK et de l’Aanavad a également commenté la récente classification de son mouvement en tant qu’organisation terroriste. « Tous les mouvements kabyles ont été illégaux depuis l’indépendance de l’Algérie. Le FFS était illégal et il est devenu l’une des institutions de l’opposition algérienne. Le MCB était illégal, il a négocié quand-même durant le boycott scolaire la reconnaissance de la langue amazighe. Les ârchs qui ont substitué aux partis politiques, le FFS et le RCD étaient illégaux mais le régime algérien a négocié avec eux » a-t-il rappelé. Et d’assurer : « Nous n’avons jamais été violent. Le MAK est une organisation politique et non une organisation armée et n’a jamais commis d’acte de violence ».
Par ailleurs, Ferhat Mehenni estime que « la Kabylie n’est pas contre le fait que l’Afrique du nord se reconstruise sur d’autres bases, mais le peuple Kabyle souhaite négocier sa place à l’intérieur, c’est un droit ». Il considère que « La voie est libre pour la reconstruction d’un ensemble Nord-Africain apaisé » avec un Etat kabyle au milieu.
« En optant pour la récupération de la souveraineté de la Kabylie, nous rendons service à toute l’Afrique du Nord. La présence d’un acteur qui aspire à la paix, à la liberté, la démocratie et à la prospérité économique de l’ensemble Nord-Africain, c’est un atout majeur pour tous. C’est une chance ! » a martelé le leader souverainiste. Et de poursuivre : « Nous ne cherchons pas à déstabiliser l’Algérie ou la morceler, nous cherchons à exister en tant que nation, en tant que peuple, conformément au droit international ».
Les tensions algéro-marocaines sur le droit du peuple kabyle à son autodétermination ont conduit à une médiatisation de la Kabylie à l’international. En effet, plusieurs sites d’informations, médias et journaux ont évoqué le conflit tout en faisant un focus sur la question kabyle, à l’instar de Russia Today ainsi que de la BBC.