Ferhat Mehenni est en garde à vue depuis la matinée de ce mardi 18 mai au commissariat du 17e arrondissement de Paris. Depuis que la nouvelle s’est répandue, la communauté kabyle s’interroge et appréhende une éventuelle extradition. Qu’en est-il au juste ?
Le président français, Emmanuel Macron a ratifié le 22 mars dernier, une convention d’extradition entre l’Algérie et la France. Selon le texte de ladite convention, l’extradition est refusée dans le cas où « l’infraction pour laquelle elle a été demandée est considérée par la partie requise comme une infraction politique ou connexe à une infraction politique ». Sauf dans le cas où l’individu concerné attente « à la vie, à l’intégrité physique d’un chef d’État ou des membres de sa famille ».
Dans le cas présent, Ferhat Mehenni n’est aucunement concerné. Toutefois, l’extradition concerne également les individus ayant commis des « infractions, notamment celles à caractère terroriste, à l’égard desquelles les parties ont l’obligation, en vertu d’un accord multilatéral, d’extrader la personne réclamée ou de porter l’affaire devant leurs autorités compétentes pour qu’elles décident de la procédure à suivre ».
Bien que le président de l’Anavad et son mouvement indépendantiste soient connus pour leur pacifisme, toutefois, depuis plusieurs mois, le pouvoir algérien tente de leur attribuer une étiquette de « terroristes ».
Cela a commencé notamment avec l’affaire Walid Nekiche, qui a été présenté comme un militant du MAK préparant des attentats terroristes dans le cadre des marches hebdomadaires du Hirak algérien. Ce dernier a fini par être disculpé et libéré le 2 février dernier après avoir passé plus d’une année en prison.
Le président de la coordination Ouest du MAK Anavad, Lounes Hamazi, arrêté depuis le 06 octobre 2020 et incarcéré depuis à Koléa (Tipasa) est également accusé d’encadrement et d’organisation d’un mouvement de « rébellion« . L’instruction de son dossier devait se dérouler ce mardi 18 mai avant d’être une nouvelle fois reportée.
Après le succès des marches du 20 avril, le ministère algérien de la défense a publié un communiqué à travers lequel il a annoncé avoir démantelé « une cellule terroriste affilée au MAK« . Le 26 avril dernier, un repris de justice natif de Souama a été présenté à la télévision algérienne, ENTV, comme étant « le fournisseur d’armes du MAK« . Une propagande du pouvoir algérien qui a été vite tournée en dérision.
Durant la soirée de ce lundi 17 mai, la télévision algérienne, a consacré une nouvelle fois, un reportage de propagande sur le mouvement indépendantiste, le MAK, pour le présenter encore une fois comme un mouvement terroriste à la solde des puissances étrangères.
Le pouvoir algérien tenterait de faire passer Ferhat Mehenni pour le leader d’un mouvement terroriste afin de le faire extrader ? C’est ce que bon nombre d’observateurs se demandent à l’heure actuelle alors que le motif de la garde à vue du président de l’Anavad n’est toujours pas connu.
Concernant la convention d’extradition, le leader souverainiste a déclaré lors de son allocution hebdomadaire, le 27 mars dernier : « Beaucoup ont peur pour nous, que l’Algérie lance des mandats d’arrêt internationaux à notre encontre. Un mandat d’extradition concerne les individus qui sont déjà en prison. Ce sont les prisonniers qu’on demande à extrader vers son pays afin qu’il y soit jugé ».
Et d’ajouter : « Donc cette question ne nous concerne pas et concerne seulement les criminels et nous ne sommes pas des criminels. Nous sommes des libérateurs d’un peuple, nous sommes des pacifiques et des hommes de droit ».