Étant déjà habitué à d’innombrables difficultés quotidiennes et à un manque flagrant de moyens de distraction et d’attraction, l’été de cette année 2020 est encore plus difficile à passer pour la Kabylie, vu toutes les interdictions et la misère qui s’ajoute en raison du Coronavirus.
Voici les 5 raisons principales qui font que l’été 2020 en Kabylie est infernal :
1- Dangereux feux de forêts menaçant les villages
Les feux de forêts ont fait leur retour en Kabylie cette année. Dès le début de la saison estivale, la Kabylie est cible d’impressionnants feux de forets. En plus d’accentuer la chaleur, les feux de forêts sont un véritable danger pour les villages qui se situent en pleine végétation. D’autant plus que les villageois sont le plus souvent livrés à eux-mêmes. Avec peu de moyens, ils font face aux flammes avec leur corps.
Rien qu’au début du mois de juin, avec des températures dépassant les 40 C, la Kabylie suffoquait déjà sous la chaleur du soleil et des flammes. En début juillet, c’était 16 feux de forêts qui ont été enregistrés rien qu’à l’est de la Kabylie et depuis, plusieurs nouveaux départs de feux sont enregistrés quotidiennement. Parmi les incendies les plus menaçants que nous avons notés, était le feu de Tala n Yilef (Buɣni) qui s’est déclaré le 10 juillet dernier, et qui s’approchait dangereusement des habitations. Les habitants alentour, pris de panique, ont d’ailleurs lancé plusieurs appels à l’aide. Plus récemment, c’est celui de Tizi Bouamane dont les flammes, d’une hauteur de plusieurs mètres, sévissaient à quelques pas des habitations de ce village.
2- Canicule et coupures d’électricité
La Kabylie souffre cet été de grosses canicules qui s’étalent sur plusieurs jours d’affilée. Hormis leur méfaits sur le moral de la population, elles peuvent avoir des effets néfastes sur les récoltes estivales. Les figueraies et les oliveraies peuvent être considérablement affectées par les températures élevées, si bien que dans les saisons les plus chaudes, on enregistre des récoltes de figues très atténuées.
Étant un climat plus frais dans les périodes normales, cette année en raison des nombreux feux de forêts, les températures peuvent dépasser les 40°C et deviennent insupportables à vivre pour les citoyens. Il devient difficile de s’affairer à ses tâches en extérieur durant la journée.
Les canicules engendrent une consommation élevée d’énergie électrique en raison de l’utilisation quotidienne et continue de la climatisation et des appareils de refroidissement. Cette forte consommation d’énergie surcharge le réseau électrique qui fait souvent défaut. Cet été, des coupures d’électricité ont été enregistrées dans plusieurs localités en Kabylie, notamment à Wad Ɣiṛ{Oued Ghir}, Tazmalt, Tizi Ṛaced, Irjen et Larɛa n At Yiraten. Cela sans citer les nombreuses coupures d’électricité due aux feux de forêts qui ont complètement amputé des câbles sur plusieurs dizaines de mètres, comme le cas d’At Ḥennac{Ait Hennache} à Friqat.
3- Pénurie de l’eau potable
Ce n’est pas nouveau, les villages et villes kabyles vivent une crise d’eau potable depuis des décennies. En effet, chaque année, plusieurs foyers, ne reçoivent plus aucune goutte d’eau sur leurs robinets, et ce sur plusieurs jours. Pour les plus chanceux, ils peuvent s’approvisionner depuis les fontaines du village, mais pour les villages qui n’en possèdent pas ou qui se situent loin des sources d’eau naturelles, cela devient vite un vrai calvaire.
Malheureusement, ce manque d’eau potable est constaté même dans les régions et les villages les plus proches des barrages. A Tubiret{Bouira}, plus de 72 % de la population souffre d’un manque d’eau, alors que la région abrite le barrage de Koudiat Acerdoune qui est le deuxième plus grand barrage après celui de Mila en Algérie. Les villages à proximité du Barrage de Tichy Hal ont également exprimé leurs ras-le-bol quant à cette crise d’eau cruelle dont ils sont victime.
Chez certains villages, très affectés, les citoyens se lancent dans des initiatives pour dénoncer ce fléau et réclamer le droit à l’eau potable. C’était le cas notamment, à Frikat (Draa El Mizan), dont les comités de village ont procédé à la fermeture de la daira, le 15 juillet dernier, pour réclamer de l’eau potable dans leurs maisons. Ou encore à Amacine, où ils ont décidé de fermer la route après plusieurs années de démarches auprès des autorités en vain en vue d’améliorer leur quotidien.
4- L’épidémie du coronavirus s’accélère
La Kabylie livrée à elle-même s’est organisée de manière exemplaire afin de se protéger de la pandémie du coronavirus. Toutefois, avec le relâchement constaté dernièrement, le nombre de cas ne cesse d’augmenter. Les longs mois de confinement, sans travail, ni études, ni activités ont eu raison des citoyens.
Le couvre-feu ainsi que l’interdiction de circulation maintenue sur de longues périodes ont créé un climat d’incertitude et de méfiance chez les citoyens, soucieux de l’avenir. Sans parler des tensions entre les citoyens et le corps médical dues à toute la polémique et toute la confusion entretenue autour du coronavirus.
Alors que l’été, avec les hausses de chaleur, devait ralentir l’épidémie selon plusieurs prévisions, celle-ci s’est accélérée depuis quelques semaines.
5- Interdiction des fêtes, festivals, plages, stades, etc
Dans le cadre des mesures préventives contre la propagation du virus responsable de la Covid-19, les autorités algériennes ont décrété plusieurs interdictions depuis le début de l’épidémie et d’autres durant cet été. En effet, outre la fermeture des plages et des lieux d’attraction touristique comme pour le cas du Lac Noir, la délivrance des actes de mariage de la part des mairies est également interdite , et ce pour éviter toute forme de rassemblement qui pourrait accélérer la propagation du coronavirus.
Par ailleurs, le transport rural ayant été réhabilité sous restrictions dans plusieurs localités en Kabylie, le transport inter-wilaya demeure à l’arrêt notamment pour les wilayas qui sont toujours sous couvre-feu.
Cette situation d’urgence sanitaire et ce climat d’interdiction a fait que les citoyens travaillant des différents secteurs soient à l’arrêt et risquent de vivre une période de précarité.
La fermeture de divers magasins, salles de jeux, salles de sport, les stades proximité et autres lieux accueillant des activités permettant de s’évader, font aussi partie des éléments qui accablent davantage les citoyens. Sans parler des événements culturels, tels que les galas qui ont lieu dans les villages, les festivals et autres événements traditionnels.