Une réelle bouffée d’oxygène pour la Kabylie, privée de son deuil par un pouvoir qui a eu l’indécence de lancer une propagande internationale contre la Kabylie alors que celle-ci n’a pas encore fini de compter ses morts. Cette manipulation médiatique d’ampleur, qui a vu l’implication de plusieurs sites d’information, des titres de la presse écrite, des radios et des chaines TV, tous proches du pouvoir, a suscité la psychose en Kabylie. Mais il aura suffit d’une simple dépêche de l’Agence France Press (AFP) pour que tout ce brouhaha, qui n’a ni queue ni tête, ne s’effondre tel un château de cartes.
En effet, le 18 aout, plusieurs médias nationaux et régionaux français, à l’image de Médiapart, Ouest France ou encre Nice Matin, ainsi que des médias africains et moyens orientaux ont tous repris un article diffusé par l’AFP et qui a fait le tour du web : « Algérie/Incendies : l’opposition indépendantiste kabyle veut une « enquête internationale »« , est le titre de ce papier qui, à lui seul, démontre, finalement, l’innocence du MAK dans les incendies qui ont ravagé les terres du pays kabyle dont il réclame l’indépendance : « L’opposition indépendantiste kabyle a appelé mercredi à une enquête internationale sur les incendies meurtriers en Algérie et le lynchage d’un jeune homme faussement accusé de pyromanie, niant toute responsabilité dans les sinistres et y voyant la main des autorités algériennes« , peut-on lire dans la dépêche qui a repris plusieurs passages du communiqué de l’Anavad. Dans la seconde partie de son article, l’AFP a rappelé les circonstances de la naissance du MAK (Printemps noir de 2001) et a également rapporté que le mouvement indépendantiste, tout comme la rue Kabyle qui a tourné le dos au chef de l’Etat Major Algérien lors de sa visite à Vgayet {Bejaïa}, accuse le régime militaire algérien d’être derrière cette catastrophique humaine et écologique qu’a subi la Kabylie.
La Kabylie, à travers son gouvernement provisoire, défie donc l’Algérie officielle pour autoriser une commission internationale d’enquêter afin de faire toute la lumière sur cette tragédie. Echec et mat. En effet, le régime militaire n’acceptera jamais une telle enquête car il sait qu’il est le premier responsable aussi bien des incendies que du meurtre de Djamel Bensmail. Sinon, s’il a réellement des preuves quant à l’implication du MAK, cette enquête internationale sera l’occasion pour lui de faire condamner le mouvement indépendantiste par la planète entière et même d’envoyer son président, Ferhat Mehenni, ennemi n°1 du régime, en prison pour le restant de ses jours.
A noter que, par son impartialité, c’est au moins le deuxième fait d’arme de l’AFP en matière de liberté d’expression dans le conflit médiatique qui oppose le Gouvernement Provisoire Kabyle (Anavad) et le régime militaire algérien. En effet, « l’épisode du Dahdouh », monté de toutes pièces par la propagande algérienne pour faire passer le MAK pour un mouvement terroriste, a été médiatisé, y compris par l’AFP, qui a repris et commenté le communiqué du ministère de la défense algérienne. Mais dès le lendemain, cet organe de presse, qui est l’un des plus importants au monde, a accordé un droit de réponse au MAK, qui a rejeté l’ensemble des accusations.
Ainsi, l’AFP a donné autant d’écho aux versions du régime d’Alger qu’à ce qu’il appelle, à juste titre, « l’opposition indépendantiste Kabyle« . On parle donc d’impartialité.
D’ailleurs quelques jours après cet épisode, l’ambassadeur de l’Algérie en France avait même accusé l’AFP de « sympathie » vis-à-vis des responsables du MAK alors que l’APS l’avait quant à elle accusé de « dénigrement des autorités algériennes et de l’ANP ». Visiblement, ces tentatives d’intimidation n’ont pas fait reculer cette institution française qui donne ainsi une véritable leçon de déontologie journalistique à la république bananière d’Alger.
Il est néanmoins à noter, que même si sa mascarade ne tient pas, le régime algérien compte passer à l’action. Hier, 18 aout, le Président algérien avait annoncé « l’arrestation de tous les sympathisants du MAK jusqu’à l’éradication »